Les Gaulois sont fatigués

par Pale Rider
samedi 17 août 2024

Après les Jeux Olympiques (mais avant les Jeux Paralympiques), les jeux politiques reprennent. Ils sont nécessaires. Il n’en reste pas moins que nous sommes fatigués.

Je ne suis pas très porté sur les « bals populaires », encore moins quand c’est Sardou qui en parle. Et pourtant, une double expérience faite cet été m’a ouvert les yeux sur la fatigue de notre pays. J’ai bien conscience que, à côté de celle de peuples martyrisés, elle ne pèse rien, mais enfin, parlons-en quand même.

Ne pas cracher dans la soupe des J.O.

D’abord les Jeux Olympiques. Mes seuls sports consistant à entretenir mon terrain, à bêcher mon jardin et à faire un peu de vélo, je ne suis pas très branché sur la compétition, et je suis très allergique aux grands rassemblements. De plus, je tenais pour une quasi certitude la survenue d’attentats, et je me disais que nous n’avions pas besoin de nous coller l’organisation de ces J.O. sur le dos avec les montagnes de problèmes que nous n’arrivons déjà pas à traiter. Or, à part quelques imbéciles sabotages de voies ferrées, des attentats, il n’y en a pas eu. Le Ministère de l’Intérieur, il faut le reconnaître, a dû bien faire son travail, et il est possible que quelques prières adressées au Créateur aient évité des catastrophes dont nous n’avions pas besoin. Globalement, ces J.O. ont été une réussite, et même si ça devait profiter à Macron, on ne peut que s’en réjouir. Je salue d’ailleurs l’attitude de Sandrine Rousseau et d’Aurélie Trouvé qui ont eu le courage et la modestie de tenir des propos de la même veine. Il y a donc eu un ferment de réconciliation dans ces J.O. ; que cette réconciliation soit superficielle et provisoire, elle aura eu le mérite d’exister.

Passer au travers des bals

Il se trouve que, le lendemain de l’inauguration, je partais en Bretagne avec mon épouse. Deux ou trois jours après, le petit village où nous séjournions organisait une soirée moules-frites avec un tout petit « orchestre », c’est-à-dire deux musiciens-chanteurs assez jeunes et tout à fait audibles qui ont repris en gros la playlist habituelle des terrains de camping. À ma grande surprise, j’ai ressenti un profond apaisement à entendre Joe Dassin (sans prétention mais agréable), Michel Delpech (toujours bienfaisant), Charles Aznavour (qui ne m’a jamais inspiré ni enthousiasme ni répulsion) et même Cloclo (pourtant assez nul voire pénible). Bref, les valeurs sûres d’une France pas tout à fait disparue. Vous aurez peut-être remarqué que nos artistes de la chanson sont très largement d’origine étrangère et qu’ils sont à eux seuls un plaidoyer pour l’intégration à la française. Les gens, Bretons du cru ou touristes, dansaient plus ou moins bien, y compris un gars qui faisait de fort belles pirouettes dans son fauteuil roulant. Un très vieux couple tanguait amoureusement, les gosses couraient joyeusement, et j’ai osé entreprendre un rock avec ma femme dont le bras cassé à la suite d’un vol de sac à main s’est avéré bien ressoudé !

Je me disais que, dans ce rassemblement, il y avait certainement des gens de gauche (désormais extrême, paraît-il), des gens de droite et tout aussi certainement des électeurs du Front National ; mais on ne voulait pas y penser, et c’était très bien comme ça. Nous étions de simples citoyens et citoyennes avec nos robes plus ou moins élégantes, nos tatouages de Schtroumpf, nos savates pourries, nos shorts inesthétiques, nos éventuelles rides et nos éventuels kilos en trop ; pas de frime, pas de snobisme, des gens simples qui se parlaient avec gentillesse et simplicité. À la nuit tombante, les moustiques se faisant un peu agressifs, nous sommes partis, non sans avoir remercié quelques personnes de l’association locale qui avait très bien organisé cette soirée populaire ; et un membre de l’équipe avec son gilet vert nous a répondu : « Oui, ce genre de petite fête, ça fait du bien par les temps que nous vivons ! » Et c’est bien pour ça, effectivement, que nous ne voulions pas nous en aller sans dire un petit merci, qui a été très apprécié.

Les affaires reprennent

Maintenant, le pompier-pyromane de l’Élysée repousse le moment où il va devoir nommer un/e premier/e ministre, et la seule certitude que nous avons, c’est que la personne désignée mécontentera presque toute la population. Les affaires reprennent, les bagarres politiques aussi. Mais elles ne sont pas si dérisoires : il y a des enjeux de société qui ne sont pas négligeables, qui ne relèvent pas que des joutes oratoires ou des ambitions personnelles. Espérons qu’on pourra s’entendre sur certains projets précis, car il n’est pas vrai que tout se vaut et rien ne vaut. Sur notre territoire, la fin d’une guerre il y a quatre-vingts ans, sur fond de conflit meurtrier en Ukraine dans des circonstances assez ressemblantes (quoique, heureusement, de moindre ampleur, surtout vu d’ici), devrait nous rappeler que la droiture et la vérité ne sont pas à négocier. Ni Poutine, ni Trump, ni, ici, ceux qui flirtent avec eux.


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