Social-isme contre socialisme

par Roshdie
vendredi 1er juillet 2005

Il y a plus de 80 ans, H.P Lovecraft écrivait ce courrier à « d’éventuels employeurs » : « La notion d’après laquelle même un homme cultivé et d’une bonne intelligence ne peut acquérir rapidement une compétence dans un domaine légèrement en dehors de ses habitudes me semblerait naïve ; cependant, des événements récents m’ont montré de la manière la plus nette à quel point cette superstition est largement répandue. Depuis que j’ai commencé, voici deux mois, la recherche d’un travail pour lequel je suis naturellement et par mes études bien armé, j’ai répondu à près de cent annonces sans même avoir obtenu une chance d’être écouté de manière satisfaisante - apparemment parce que je ne peux pas faire état d’un emploi occupé antérieurement dans le département correspondant aux différentes firmes auxquelles je m’adressais ».

La « réponse » (absurde) de Lovecraft à son désarroi professionnel fut de sombrer dans le racisme. Jalousant ceux qui avaient ce qu’il ne possédait pas, il versa dans le délire paranoïaque et la haine viscérale des étrangers.

Par analogie étymologique avec le racisme (race-isme), je me demande si la tentation du chômeur du XXIème siècle n’est pas le social-isme. Je m’explique : le social-isme n’a rien à voir avec le socialisme en tant que doctrine politique ou économique ; c’est « l’attitude d’hostilité pouvant aller jusqu’à la violence, et de mépris envers des individus appartenant à une catégorie sociale différente généralement ressentie comme supérieure ».

Le social-isme ne se conçoit pas positivement, autour d’un projet, mais négativement, contre une situation sociale personnelle jugée insatisfaisante, voire humiliante. Il se bâtit sur un vide idéologique en se nourrissant de la misère sociale. Tandis que le socialisme est un projet internationaliste, le social-isme émane d’une préoccupation largement nombriliste.

L’étude de l’électorat populaire Français montre que ses voix alimentent indifféremment l’extrême-droite et l’extrême-gauche. Il n’y a aucune unité de programme dans ce choix ; il n’y a pour ainsi dire aucune logique raisonnable. Selon l’expression de Hegel : « Tout ce qui est rationnel est réel, tout ce qui est réel est rationnel ». Ainsi, s’il n’a pas que des déterminants raisonnables, le vote est rationnel, ou à tout le moins, il s’explique rationnellement.

Le vote devient de plus en plus sociologique, de moins en moins idéologique.

Les victoires électorales de la droite en 2002 ne se sont pas bâties autour d’un projet, mais à partir d’un rejet. Idem pour les victoires électorales de la gauche en 2004.

La défaite conjointe des deux grandes ailes de la vie politique Française à l’occasion du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen est une victoire du social-isme. Une non idéologie, une vraie réalité sociale.


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