Avale-Loire : étape 4

par C’est Nabum
samedi 13 juillet 2013

Beaugency – Blois

 

 

La force des contrastes.

 

Je pensais vivre une journée vide et sans saveur, faite de difficultés et de rendez-vous impossibles. Ce fut le cas une bonne partie de cette journée quand soudain la Loire m'a offert ses rayons de soleil, ces ligériens qui ont l'œil qui brille quand ils évoquent notre bien commun. D'autres avant se sont trouvés sur mon chemin sans passion ni envie d'aller plus loin. Ce n'est pas très grave, les autres m'ont payé en retour de leur passion merveilleuse.

Tout avait pourtant commencé de fâcheuse manière. J'avais rangé mon barda avec soin, je m'apprêtais à embarquer quand soudain je me rendis compte qu'il me manquait mon petit appareil photo. Branle-bas de combat, retour à la place occupée, vidage des bidons, énervement et inquiétude. Sans photographies, continueront-ils à suivre mon périple ?

Quand soudain, idée saugrenue, je me dis : « il est resté dans la tente ! » Dépliage à l'arrache, le maudit était bien là. Je repartais avec un désordre sur mon frêle esquif qui ne reflétait pas les efforts que j'avais accomplis pour organiser de manière rationnelle la chose. J'allais payer mon empressement au franchissement du pont du diable, des déséquilibres fâcheux me firent redouter le pire …

Puis j'allai bon train jusqu'au barrage. Je ne dirai pas le fond de ma pensée afin de ne pas vexer ceux qui pensent que c'est le nucléaire ou l'âge de pierre. Je déplore cependant l'irrespect le plus total d'EDF vis à vis de notre patrimoine commun et ce, en bien des occasions. Mais face à ce monstre économique, mes jérémiades ne sont que de peu de poids !

Je fis une première halte à Saint Laurent Nouan. Un moment de bonheur tant ce petit port est charmant. Saint Dyé était censé m'attendre, je ne m'attardai pas. J'arrivai pour une pause repas en un endroit accueillant. Je devais attendre 14 heures pour l'ouverture de la maison de Loire, j'entamai une conversation improbable avec la fille du Capitaine coule à pique …

L'homme était mort, il y a tout juste trois ans. Ses cendres descendent la Seine pour rejoindre l'Océan. Il était un voyageur infatigable le long des canaux et des fleuves navigables. Sa fille a prolongé sa passion en ayant elle aussi un bateau. Nous avons parlé de cartes maritimes, de la Loire qu'elle ne connaissait pas, du grand cartographe, ami de son père :Michel Sandrin. Il y avait des gouttes de rosée dans les yeux de la dame et de son mari. Je les laissai pourtant filer leur chemin routier !

Puis ce fut la maison de Loire de Saint Dyé. Je préfère écourter le récit. Il faut de la passion, de la curiosité et un peu d'empathie pour recevoir le bonimenteur. N'ayant rien perçu de tout ça, je retournai chagrin à mon modeste kayak. C'est quand je fus sur l'eau qu'arriva le capitaine de la Saponaire. Nous discutâmes brièvement et sans grand enthousiasme. Il était dit que les rendez-vous ne se feraient pas en ce joli village.

J'arrivai au Lac de Loire sous un soleil de plomb. Immédiatement, Émelyne, une jeune gestionnaire en tourisme qui travaille pour Loire-Kayak se porta à mon aide, m'offrit de son temps et me proposa de ranger mon engin en son domaine. Je découvris bien vite l'ensemble de l'équipe qui me prodigua force conseils pour la suite de mon périple. La Loire causait à ceux-là. Qu'ils en soient remerciés !

Je pensais entamer une soirée de bénédictin, seul entre ma tente et mes diverses activités incontournables. Que nenni ! Ce fut alors l'occasion de belles rencontres, de ligériens qui ont les lumières de Loire dans les yeux. Ils m'ont écouté, se sont racontés, nous avons parlé de notre bien commun. Nous nous sommes promis de nous revoir au Festival de Loire. Nous avions des amis en commun et une passion qui dépasse l'indifférence polie croisée plus tôt !

Il y eut d'abord Caroline, femme de Julien, jeune pêcheur de Loire sur le lac de Loire qui tenait sa Bourriche des appétits. Une fort belle boutique qui donne immédiatement l'envie d'en savoir plus. Caroline ne fut pas avare de récits et d'anecdotes. Je savais tout de leur parcours, des années de restaurant, de la boutique à Saint Dyé et du grand virage qu'avait pris leur destin. La Loire était en toile de fond, comme un fanal qui illumine un désir de vivre d'une passion. Si vous passez au Festival de Loire, ils tiendront restaurant et réservent leur friture pour cette belle occasion.

Il y eut encore Jehan, patron de restaurant, chantre des produits de Julien, ami de mon Capitaine, amoureux fou de notre rivière et écrivain à ses heures. Il fut question d'un Bonimenteur qui avait le ventre gros de toutes les histoires qu'il portait en lui. Une petite fable que Johan avait écrite et qui faisait un étrange écho. Il n'avait de cesse de me parler des couleurs de la rivière. Une belle rencontre que les obligations professionnelles interrompirent trop vite.

Il y eut encore Bruno, le serveur qui n'osait trop rien dire puis finalement se mêla à la conversation. Lui, ce n'était pas que la Loire mais toute la nature. On percevait ses yeux pétiller. Il me parla de son vieille oncle qui vit en Orléans et qui a commis un livre sur toutes les bornes, les croix, les traces laissées par les hommes de notre pays pour honorer la Loire. Pierre Mathiot est son nom et je me promets de le rencontrer à mon retour.

J'avais trouvé de vrais Ligériens. Des gens qui ont quelque chose qui palpite à l'évocation de notre rivière. Je sais que ces moments furent bien trop courts, mais je ne doute pas qu'ils se prolongeront une fois prochaine, au bord de notre dame Liger, notre trésor commun.

 

Partageusement leur.

 

Toutes les photographies sont sur la page Facebook de C'est Nabum ...

 

 


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