CPE : pourquoi beaucoup de pays ne comprennent pas la frilosité des Français

par Corbeau-Renard
mardi 28 mars 2006

Avec la multiplications du nombre de protestations contre le CPE et le souhait du gouvernement de mettre en place ce texte, il paraît naturel de s’interroger sur les raisons qui peuvent pousser tel ou tel groupe de personnes à vouloir ou à refuser toute innovation du Code du travail.

On peut lire dans la presse internationale différents articles évoquant la situation politico-économique de la France.

The New Statesman explique que "le règne de ce président s’achève en fiasco, c’est seulement un symptôme de la crise plus profonde dans laquelle se trouve la France. [La France est] un pays en guerre avec lui-même"[1].

Par ailleurs, au japon, Nihon Keizai Shimbun exprime sa plus grande inquiétude « quant à la prolongation des troubles et leur impact sur l’économie"[2].

Ces différentes citations peuvent nous venir à l’esprit et nous interpeller quand nous entendons parler du CPE à la télévision ou dans la presse. Cela peut nous mener a nous interroger sur l’avenir de notre pays. Où va-t-on ? Le gouvernement a-t-il un plan ? Que veulent les syndicats ? Qui dirige ?

Que se passe-t-il en France, pour qu’au niveau international les autres pays puissent nous railler à ce point ? Ont-ils trouvé des solutions miracles ? Ont-ils une santé économique plus sereine ?

On peut être en droit de se le demander. En effet, nous avons un gouvernement qui veut faire évoluer ou changer les choses en élaborant un nouveau contrat de travail. En tout cas, qui souhaite trouver de nouvelles solutions aux différents problèmes (chômage, fable croissance, déficit public important), et pour cela, il a eu l’idée de mettre place le CPE. Ce n’est peut-être pas la décision qui va révolutionner la France, mais il y a un but qui est de vouloir faire changer les choses (parce que nos voisins européens n’envient pas vraiment notre "rayonnement" économique).

Eh bien, la solution réside peut-être à l’extérieur de nos frontières. En effet, on peut observer que plusieurs de nos voisins européens qui, par ailleurs, ont déjà évolué, ou sont en train d’adapter leur marché du travail aux conditions macro-économiques qui nous entourent, se portent mieux que nous économiquement. Et l’un des points communs à tous ces pays, c’est une certaine libéralisation du marché du travail.

Par exemple, on peut voir sur Europa[3], le site de l’Union européenne, une étude menée par la Commission européenne[4] sur l’évolution de l’emploi dans les différent pays de l’Union. On peut y constater que les Etats ayant un taux d’emploi plus élevé que celui de la France sont aussi des pays qui ont su adapter leur marché de l’emploi. On peut notamment observer que depuis 2002, de nombreux pays ont connu une baisse de la croissance de l’emploi, cela peut s’expliquer par une faible croissance au niveau mondial. Cependant parmi les cinq pays (Pays-bas, Espagne, France, Italie, et Royaume-Uni) pris comme référence à titre indicatif par l’étude, la France est le pays à s’en sortir le moins bien.

Cela ne veut pas dire que ces pays s’en sortent mieux à cause de l’introduction d’une plus grande flexibilité dans leur marché du travail, mais que cela a pu y contribuer.

Par ailleurs, on pourrait aussi se demander pourquoi, si ce texte est si mauvais, si anti-social, si anti-démocratique (comme certaines personnes semblent le penser), le gouvernement, à 18 mois des prochaines élections présidentielles, essaierait de se mettre à dos une partie de la population ? Pourquoi les pays plus libéraux n’ont-ils pas une population qui se révolte (si on part du principe que cela va précariser la population) ? Combien de gouvernements ont eu pour objectif de précariser leur jeunesse, ou de vouloir appauvrir leur pays ? Pourquoi M. Dominique de Villepin s’acharnerait-il à vouloir créer ce nouveau contrat de travail ?

La situation actuelle est que nous avons aussi des syndicats (ne pas dire les syndicats, parce que cela sous-entendrait qu’ils partagent tous la même opinion) et des partis politiques qui ne cessent de demander le retrait de ce texte de loi.

Ce fameux texte a par ailleurs été voté par le Parlement français, l’organe institutionnel qui représente les Français. Donc, on pourrait aussi philosopher sur la légitimité démocratique de cette opposition. En effet, la rue de représente pas les Français, elle ne représente que ceux qui souhaitent y aller.

C’est vrai que les gens peuvent avoir peur du changement ! Personne ne sait ce qui va se passer. Nos petites habitudes vont se voir modifiées. Donc on peut comprendre le fait que certaines organisations refusent le changement. Mais, on oublie une chose... changer ne veut pas dire empirer. Par contre, refuser de changer peut conduire une situation critique. Par exemple, de nombreuses entreprises ont fait faillite, faute d’avoir su s’adapter à leur environnement.

Donc, pourquoi ne pas donner au CPE une chance d’exister ? Refuser tout changement conduirait à souhaiter que la France continue à rester dans sa torpeur et son engourdissement habituels. Par ailleurs, refuser que le système évolue reviendrait marginaliser notre pays au niveau économique pour les prochaines années. Et par ailleurs, la seule façon de savoir si le CPE est un contrat de travail efficace , c’est de l’essayer, sinon on ne le saura jamais....



[1] http://fr.news.yahoo.com/24032006/5/la-crise-francaise-vue-de-l-etranger.html

[2] http://fr.news.yahoo.com/24032006/5/la-crise-francaise-vue-de-l-etranger.html

[3] le portail Internet de l’Union européenne.

[4] Il s’agit d’une étude réalisée en 2005 pour la Commission européenne par la Direction générale européenne sur l’emploi, les affaires sociales et l’égalité des chances, le document n’est pour le moment disponible qu’en langue anglaise. en pdf (page, 22 et 32)


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