David et Goliath
par Jean Pierre Repiquet
lundi 7 août 2006
Le mythe de David et Goliath, en survolant le sud-Liban, a pris un sérieux coup dans l’aile...
Il y a plus de vingt jours, maintenant, que les Israéliens ont entrepris une expédition punitive qui a tué plus d’enfants libanais que de combattants du Hezbollah. Au moment où le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, déclare que les infrastructures du Hezbollah sont "presque entièrement détruites", les roquettes et missiles, comme pour démentir ses propos, s’abattent sur le nord d’Israël, toujours plus près de Tel Aviv. Les moyens jetés dans la bataille sont totalement disproportionnés. Dix mille hommes sur le champ de bataille et dix mille autres en réserve près de la frontière, l’aviation la plus puissante de tout le proche orient, des centaines de pièces d’artillerie, des blindés en grand nombre et une flotte entière assurant le blocus des cotes libanaises.
L’appui inconditionnel des Etats-Unis et l’accès aux technologies les plus récentes pèsent, également, très lourd dans la balance. En face, les forces du Hezbollah sont difficiles à évaluer. Quelques milliers d’hommes, de l’armement léger, des roquettes ou missiles d’une précision très approximative, pas d’aviation, pas d’artillerie et pas d’unités navales. L’atout principal du Hezbollah est, avant tout, une adhésion très forte des populations chiites dans lesquelles il est parfaitement intégré. En préalable à l’arrêt des hostilités, Israël s’est fixé la libération de ses soldats prisonniers, l’arrêt des tirs de roquettes et la maîtrise d’une bande de six kilomètres tout le long de la frontière sud du Liban. Après vingt cinq jours de combats acharnés et de pilonnage intensif, aucun de ces objectifs n’est encore atteint.
En s’attaquant au plus vulnérable de tous les pays de la région et en ratant sa démonstration de force, Israël est en train de jeter à terre le mythe fondateur de David et Goliath. L’opinion publique internationale, déjà "agacée" par la subjectivité de "l’allié américain", est en train de se démarquer durablement de la "politique" israélienne et finit par se demander qui est David ? Et qui est Goliath ? Les images terribles qui parviennent chaque jour du Liban et l’effroyable bilan des pertes civiles ne peuvent laisser indifférent. L’argument, sans cesse martelé du "droit à se défendre" s’use dangereusement et ne pourra pas convaincre beaucoup plus longtemps. Tôt ou tard (et le plus tôt sera le mieux) un cessez le feu finira par être imposé par la communauté internationale. Ni la sécurité d’Israël, ni l’équilibre de la région ne sortiront renforcés de ce sinistre gâchis. Seuls les extrémismes, une fois de plus, auront triomphé. N’aurait-il pas été plus efficace et constructif qu’Israël utilise toute sa puissance pour imposer une coopération à l’Etat libanais et à l’autorité palestinienne afin de désarmer, ensemble, les milices et assurer la paix et la sécurité des frontières ? Il est vrai qu’Israël, depuis sa création, a plus souvent été gouverné par des militaires que par des diplomates.