En finir avec le défilé du 14 juillet
par Guillaume Schmidt
jeudi 20 juillet 2006
Chaque année, la célébration du 14 juillet se répète invariablement de la même manière. Notre fête nationale mérite mieux qu’une désuète parade militaire. Faisons en sorte qu’elle soit un moment de retrouvailles entre les Français sur le thème de la nation.
Ce 14 juillet 2006 était le dernier sous la présidence de Jacques Chirac. Instauré en 1880, la fête nationale se réduit à son défilé militaire très solennel...et à ses feux d’artifice. Cela manque d’envergure ; il est temps de s’interroger sur le moyen de rénover cet événement empoussiéré, et de faire en sorte qu’il soit un moment de retrouvailles nationales.
A l’heure de la rupture prônée par tous les candidats à la présidentielle, c’est l’occasion de moderniser cette institution et de lui donner un souffle nouveau, tout en préservant l’importance symbolique du défilé. Cette fête mérite plus d’interactivité, de partage et de mobilité. En d’autres termes, il s’agit d’instaurer un 14 juillet itinérant, où l’armée va à la rencontre de la population. Ainsi, ce serait la nation qui viendrait renouer des liens avec sa population. C’est l’occasion pour les forces de l’ordre d’expliquer leur présence et leur nécessité, elles qui vivent l’engagement pour la patrie au quotidien : elles sont les mieux placées pour communiquer sur l’histoire et l’esprit de la fête nationale. Les centres villes, les banlieues, les grands espaces publics et les monuments historiques seraient des lieux adaptés pour ces échanges avec la population, et cela durant une semaine, durant les quatre dernières années du quinquennat.
Voilà comment renforcer les liens et le dialogue social entre les institutions et la population.
Toutefois, il ne s’agit pas de supprimer le défilé militaire dans sa totalité. Au contraire ! Il faut préserver son importance symbolique. C’est pour cette raison qu’il serait ramené à une représentation unique, et non des moindres : en début de quinquennat. En effet, un défilé juste après l’élection d’un nouveau Président confirme l’acte fort de cette cérémonie : la soumission des corps de défense au pouvoir politique démocratique et à son chef, le président de la République (l’article 15 de la Constitution).
Par ailleurs, ceci permettrait de réduire le coût financier conséquent du défilé, de ses préparatifs et de sa sécurité, dont le chiffre exact n’est pas disponible publiquement (ministère et Cour des comptes). Cependant, on peut s’en faire une idée approximative. En effet, la seule matinée du 14 juillet mobilise 5000 policiers, soit un coût salarial de 428 000 €, une somme équivalant à plus de 25 ans de salaire brut d’un smicard (sur la base du smic actuel). Et cela sans compter les coûts de déplacements, de répétitions, de gasoil, de ravitaillements. Voilà donc un concept moins coûteux, bienvenu pour notre Etat surendetté. Toutes les autres festivités, comme la garden party présidentielle, les feux d’artifices, les pétarades et les bals, doivent être maintenues, car ce sont des moments de retrouvailles et de fête.
A l’heure où le sentiment national semble se déliter, où les questions de nationalité et des conditions de naturalisation font débat, il s’agit de redynamiser cette fête et de donner aux Français l’envie d’aimer leur patrie ensemble.