Europe : l’échec du 9 mai

par Henry Moreigne
jeudi 18 mai 2006

Décidément, en France, le mois de mai ne porte pas chance à l’Union européenne. Après l’échec retentissant du référendum du 29 mai 2005, la journée de l’Europe du 9 mai 2006 s’est déroulée dans l’indifférence générale. Le constat s’impose, l’Europe est en panne, faute de perspectives politiques et de frontières définitives en vue.

S’il est un sujet sur lequel la méthode Coué ne semble pas fonctionner, c’est bien celui de la construction européenne. En hommage à l’appel fondateur lancé par Robert Schuman, le 9 mai 1950, le 9 mai 2006 devait être l’occasion de célébrer l’Union européenne. C’est raté. Le contexte, il est vrai, n’est pas favorable à un optimisme printanier.

Les perspectives proposées se limitent à l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie au 1er janvier 2007, sous réserve toutefois de progrès notamment dans le domaine judiciaire. Le budget 2007 de l’Union, sans ambition également, est réduit au strict minimum.

Comment, il est vrai, susciter de l’enthousiasme, lorsque la demande d’approfondissement et de garanties sur le modèle social européen, formulée il y a un an reste sans effet ? Seule Angela Merkel, la chancelière allemande, a appelé à une refondation de l’Union et donc à un débat sur un socle de valeurs communes.

Enfermé dans sa tour d’ivoire, le président Chirac a précisé, début mai, la position de la France, à travers un document de travail présenté aux ministres des Affaires étrangères de l’Union. La France considère que l’élargissement est une chance historique pour l’Europe. Les frontières de l’Union restent donc ouvertes, mais jusqu’où ? Après la Bulgarie et la Roumanie, devraient venir la Croatie, la Turquie puis l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie, avant peut-être le Maghreb.

Comment construire une identité dans des frontières en perpétuel mouvement, déconnectées de l’histoire, uniquement basées sur la notion de marché ?

Les hommes d’histoire le savent trop bien, la détermination des frontières est une question cruciale. En repoussant ses frontières, l’Union fait siens des territoires sujets à controverse, et donc à conflits. Robert Badinter le soulignait avec justesse au sujet de la Turquie, frontalière avec l’Iran, l’Irak et la Syrie.

La vocation première de la construction européenne était de garantir la sécurité et la paix au vieux continent. Les intérêts et principes économiques qui aujourd’hui prévalent vont à l’encontre de ce fondement.


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