France Finances, ça Balance... Mal ! Déficit Public Vs Dividendes CAC 40

par Luniterre
mardi 20 mai 2025

 

 

 

La représentation schématique ci-dessus du banco-centralisme illustre donc le cas français (*), particulièrement caractéristique, mais ce schéma est fondamentalement le même qu'aux USA ou dans la plupart des pays, occidentaux ou non, industrialisés depuis plus d'un siècle, et qui suivent inévitablement une même courbe d'évolution de leur appareil productif, même si avec des variantes dans leurs conséquences immédiates.

Le banco-centralisme prend la place du capitalisme "classique" à partir d'un stade de déséquilibre entre les deux grands secteurs d'activité, tertiaire et productif, aujourd'hui dans une proportion de 80%-20%, avec donc une réduction drastique du secteur productif, en raison non seulement de la "délocalisation" mais déjà avant tout de l'automatisation et de la robotisation qui réduisent la main-d'œuvre réellement directement productive, et donc la plus-value qui allait avec et irriguait autrefois l'économie, à l'apogée des Trente Glorieuses, notamment.

Ce déséquilibre engendre la formation d'une dette systémique, structurelle, qui place les politiques monétaires des Banques Centrales dans le rôle réellement directeur des orientations économiques essentielles, et donc en position du réel pouvoir central, en lieu et place des anciens états-nations, déjà réduits à l'état de vassalité à l'égard des plus puissants d'entre eux, mais qui se trouvent eux-mêmes désormais soumis au régime banco-centraliste, comme le montre bien la tentative récente faite aux USA.
 

Avec la "tertiarisation" de l'économie, ce que la plupart des des observateurs et analystes tentent de passer à la trappe, c'est bien ce déséquilibre, qui se produit d'abord et avant tout dans les échanges économiques entre les deux grandes catégories sociales d'actifs, alors que pour comprendre l’évolution économique il faut absolument distinguer la notion d’actif, au sens général de travailleur utile à la société, quelque soit sa fonction, de la notion de productif, qui ne s’applique qu’à la production de marchandises et de biens, c’est-à-dire essentiellement l’industrie, l’agriculture et la pêche, et point barre !

Et cela même sans parler du « déséquilibre des investissements », qui existe aussi, évidemment, comme conséquence de la « tertiarisation » de la société, et de sa désindustrialisation.

Mais même si l’on fait abstraction du commerce extérieur, le déséquilibre entre catégories productives et services est bien tel que la masse des produits consommés représente d’abord et avant tout, en valeur, la valeur d’amortissement du capital fixe et non pas essentiellement la valeur du travail productif de seulement 20% des actifs.

Or par définition, l’amortissement n’est pas le profit, comme il semble encore utile de le rappeler, dans la mesure où ces notions élémentaires d’économie semblent aujourd'hui échapper au plus grand nombre, même chez certains qui se posent en analystes de la situation actuelle. (**)

Or rajouter à l'amortissement une marge arbitraire de profit est toujours possible tant qu’il y a de la monnaie en circulation, mais si elle ne provient donc pas essentiellement du travail productif des 20% du dit secteur productif, cette monnaie provient donc bien en grande partie d’une création ex nihilo par la dette, et qu’elle soit publique ou privée ne fait pas de différence, globalement, vu qu’elle finit donc bien dans le circuit de la consommation.

(A noter encore, ici, que cette monnaie extra ne peut pas non plus provenir du secteur tertiaire, qui génère aussi sa propre masse (considérable) de capital fixe à amortir, déjà !)

 

L’évidence que met sous nos yeux le schéma symbolique de la balance, c'est la part de la valeur d’amortissement du capital fixe qui est assumée par la dette sur le plateau le plus "lourd" de la balance, d'un côté, et qui permet donc, de l'autre côté, sur le plateau de la finance, les « superprofits » autrement impossibles.

Mais bien entendu aucun des "experts", ou même "critiques", du système ne veut ni chercher à comprendre ni même simplement voir ce qui cause le déséquilibre de la balance :

Le surpoids de la dette, c’est donc bien là où se retrouve en grande partie la différence générée par les échanges déséquilibrés entre catégories sociales des services et productifs, désormais dans un rapport de 80%-20%.

 

Une autre manière de le formuler, pour ceux qui ont donc beaucoup de mal à comprendre et accepter le principe de base selon lequel, avant de « rentabiliser », il faut au moins déjà amortir l’investissement en capital fixe :

Dans le secteur tertiaire, pour l’essentiel improductif par définition, le profit n’existe pas autrement que comme marge arbitraire de bénéfice provenant en réalité essentiellement de la plus-value totale créée par le secteur productif proprement dit, dont elle n’est donc qu’une partie, répartie par les échanges entre secteurs.

Dans le secteur productif la plus-value n’émane donc en toute logique que de la masse salariale de 20% du total des actifs dans le pays, pour une production qui dans le principe doit couvrir 100% des besoins.

D’où émane le surplus de productivité ? De l’amélioration de la technologie, de l’automatisation et de la robotisation, c'est-à-dire du remplacement du travail productif humain par celui des machines.

C’est un progrès social tout à fait appréciable, certes en allègement de la pénibilité des emplois industriels, en sus de leur destruction massive, et qui ne porte donc pas à jugement « moral » dans le genre « bien » ou « mal » : c’est simplement un fait !

En pratique cela induit donc, au fil des décennies, et vérifié par les études statistiques sur le sujet, une augmentation relative considérable de la masse du capital fixe investi, et donc à amortir, par rapport à la masse salariale du secteur, qui diminue donc en proportion.

La différence en masse de capital fixe est donc à amortir principalement à travers la masse salariale des 80% d’actifs et consommateurs du secteur tertiaire, qui doit aussi permettre l’amortissement de la majeure partie du capital fixe lui-même considérable déjà généré par ce secteur, qui n’a donc, comme répondant en face de lui, que les 20% de la masse salariale du secteur productif.

Donc, même en supposant une extraction extensive de plus-value sur ces 20% de masse salariale, on ne voit pas que cette plus-value puisse à la fois compléter l’amortissement du tout et assurer les « superprofits » qui s’étalent au CAC 40 et ailleurs.

La différence se retrouve donc bien, dans la balance, du côté de la dette !

Les « superprofits », sur l’autre plateau de la balance, ne sont donc bien, en réalité, qu’une fraction détournée, par le parasitisme financier, de la dette.

Un tour de « passe-passe » qui serait impossible sans les politiques monétaires ad hoc des Banques Centrales, et en UE, donc, de la BCE.

Exit le capitalisme « classique », bonjour le banco-centralisme !

Un système qui tient à la fois de la pyramide de Ponzi et de la dystopie orwellienne. Mais une pyramide de Ponzi constamment « consolidée » par les politiques monétaires « créatives » des Banques Centrales et une dystopie qui ne peut précisément se rendre « durable » que par un contrôle de plus en plus totalitaire de la vie quotidienne et de la « pensée » des citoyens. Mais c’est bien précisément ce qui est en train de se produire, lentement mais sûrement, à la manière des grenouilles dans la marmite chauffée petit à petit, de manière au début insensible mais en réalité inexorable.

Il est néanmoins peut-être encore temps de renverser la marmite, à condition de ne pas se complaire dans la douce chaleur de la soupe…

 

En résumé, encore une fois, ce que font « passer à la trappe » bon nombre de prétendus "analystes", c’est ni plus ni moins que l’ensemble du cycle de renouvellement du capital fixe, c’est à dire la base même de l’économie actuelle !

 

On en revient donc toujours au fait qu’actuellement, en France comme aux USA et dans la plupart des pays occidentaux et/ou industrialisés depuis plus d’un siècle, l’évolution de l’appareil productif est telle que seule la dette soutient encore une économie autrement potentiellement non viable, comme les crises de 2007-2008 et 2020-2021 l’ont montré.

 

Avec et autour des banquiers centraux, nouveaux maîtres des horloges de la Dette, une nouvelle classe technocratique de bureaucrates parasites de la dette s'est donc établie, encore plus ou moins dissimulée dans les rouages de l'Etat profond mondialiste, et potentiellement encore plus rapace et monopoliste que la bourgeoisie capitaliste "classique", mais d'ores et déjà aux commandes du pouvoir réel sur la planète.

Luniterre

 

 https://cieldefrance.eklablog.com/2025/05/france-finances-ca-balance.mal-deficit-public-vs-dividendes-cac-40.html

 

(*Sources des chiffres :

https://www.liberation.fr/economie/les-groupes-du-cac-40-ont-verse-un-montant-record-a-leurs-actionnaires-en-2024-20250114_JUVBQ2JIK5GD5EA2E3EO7QEH44/

https://www.insee.fr/fr/outil-interactif/5367857/tableau/10_ECC/15_FIN

https://www.fipeco.fr/fiche/La-charge-dint%C3%A9r%C3%AAts-de-la-dette-publique )

(** https://cieldefrance.eklablog.com/2025/05/sur-agoravox-un-debat-avec-le-coin-du-bon-sens.perdu.html )

 

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Pour aller plus loin sur le thème

de la mondialisation économique

et géopolitique banco-centraliste :

 

 

 

 

Banco-centralisme : définition et mise au point

 

https://cieldefrance.eklablog.com/2025/04/banco-centralisme-definition-et-mise-au-point.html

 

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Sur la crise en cours des Tarifs Douaniers :

 

 

 

Après avoir déclenché une tornade économique, monétaire et surtout financière mondiale avec sa "guerre des tarifs douaniers", Donald Trump a donc enchaîné les reculades, au point que la plupart des "analystes" s'interrogent bientôt davantage sur son instabilité potentielle que sur les causes réelles de cette tornade, qu'ils semblent donc avoir "oubliées", pour peu qu'ils aient vraiment eu le courage de les aborder un jour ou l'autre, ce qui ne s'est que très rarement produit, de toute façon.

 

C'est donc là qu'en suivant ces zélateurs nous revient à l'esprit le célèbre refrain : "Tout va très bien, Madame la Marquise, tout va très bien, et pourtant, il faut que l'on vous dise..."

 

 

"...Et pourtant, il faut que l'on vous dise..." Mais vous ne voudrez pas l'entendre...

 

https://cieldefrance.eklablog.com/2025/05/et-pourtant-il-faut-que-l-on-vous-dise.mais-vous-ne-voudrez-pas-l-entendre.html

 

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Face à Trump : « solidarité internationale » des Banquiers Centraux (Nouvelle Edition)

 

https://cieldefrance.eklablog.com/2025/04/face-a-trump-solidarite-internationale-des-banquiers-centraux-nouvelle-edition.html

 

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Economie mondiale : la Chine déjà au bout de son "Rouleau de Printemps" en termes de "miracle économique"

 

https://cieldefrance.eklablog.com/economie-mondiale-la-chine-deja-au-bout-de-son-rouleau-de-printemps-en-a216313231

 

 

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Sur le même thème, articles de fond plus anciens :

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Un article un peu plus ancien, mais où Richard Werner, lui-même à l’origine du concept de "Quantitative Easing", décrit on ne peut mieux, à partir de son expérience personnelle d’économiste au Japon, l’évolution économique banco-centraliste de ce premier quart du XXIesiècle, jusqu’à la naissance actuelle des Monnaies Numériques de Banque Centrale et au danger fatidique pour les libertés, économiques, et les libertés tout court, qu’elles représentent :

 

Richard Werner, "père spirituel" du Quantitative Easing et "apprenti sorcier" du banco-centralisme

 

https://cieldefrance.eklablog.com/richard-werner-pere-spirituel-du-quantitative-easing-et-apprenti-sorci-a215699895

 

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Pour l’ébauche d’une solution…

Pour un retour à quelques fondamentaux du Gaullisme,

réadaptés en pratique à l’évolution économique du XXIesiècle :

Reprendre le contrôle, à l’échelle nationale, de la vie économique et sociale, y compris dans sa dimension financière, reste la priorité essentielle. Contrôler le crédit, c’est contrôler la création monétaire réelle dans le pays, directement sur le terrain du développement économique, et donc tout à fait indépendamment de son signe, Euro ou autre. Contrôler le crédit permet d’orienter les grandes tendances de l’activité économique vers les activités et secteurs prioritaires pour les besoins de la population et pour l’indépendance de la nation.

C’est pourquoi nous avons proposé, sur Ciel de France, de remettre au centre du débat la reconstruction d’un Conseil National du Crédit, dans une version statutairement adaptée aux nécessités de notre indépendance nationale au XXIe siècle, c’est à dire doté de pouvoirs constitutionnels et d’une représentativité démocratique réelle :

Les leçons de l’Histoire…

 

 

Il était une fois… le Conseil National du Crédit (1945). Et aujourd’hui ?

 

https://cieldefrance.eklablog.com/il-etait-une-fois-le-conseil-national-du-credit-1945-et-aujourd-hui-a215997227

 

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 Pour une approche plus synthétique de l’ensemble du processus de la mutation banco-centraliste depuis la formation du capital industriel, une étude de fond :

 

Le Roi « Capital » est mort, vive la Reine « Dette » !

 

https://cieldefrance.eklablog.com/le-roi-capital-est-mort-vive-la-reine-dette-a215991921

 

 


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