La baisse du chômage en France : qu’en est-il réellement ?

par Sophie Hautenauve
jeudi 12 janvier 2006

J’écoutais l’autre jour sur RMC je ne sais quel secrétaire d’Etat aux "très petites entreprises" qui d’un côté déplorait qu’il n’y ait aucune statistique concernant la mise en oeuvre du CNE (contrat nouvelle embauche, le CDD de 24 mois) et se félicitait par ailleurs que ces mêmes CNE, réservés aux TPE, aient fait baisser le chômage significativement depuis leur introduction en France.

De deux choses l’une : soit on a des chiffres, soit on n’en a pas. Si on n’en a pas, ce n’est pas la peine de dire qu’il y a un résultat. Bref, tout le discours de ce secrétaire d’Etat, comme celui de tous ces énarques qui nous dirigent, était basé sur le même postulat : ce que fait le gouvernement est bon, donc, le chômage baisse.

Moi, je pense que c’est totalement faux.

Tout d’abord, le chômage baisse, c’est vrai, mais c’est dû à la diminution mécanique par le biais du passage à la retraite des 65 ans et à la diminution actuelle de la population active, elle-même liée au "trou" de natalité de la guerre 1939/1945.

Afin que vous compreniez mieux, je vais vais illustrer mes propos par une pyramide des âges afin que vous puissiez comprendre de visu.

Vous pouvez donc voir sur cette pyramide que la note 3 renvoie à un déficit de population. Ce déficit a duré cinq ans, de 1939 à 1944, et correspondait au sentiment d’insécurité de la population lors de l’occupation par l’Allemagne. La pyramide des âges allemande n’est pas la même que la française : en effet, 1939/1944 fut en Allemagne une période d’expansion et d’incitation à la natalité... mais ceci est un autre débat.

On voit que ce creux de la pyramide des âges se retrouve quelque 30/40 ans plus tard, (5) et correspond cette fois-ci à une baisse du taux de fécondité (légalisation de la pilule et de l’avortement), et aussi au fait que les enfants de 1939/1945 qui n’étaient pas nés, ne pouvaient pas à leur tour avoir d’enfants.

Bref, ce n’est pas la raison du trou qui nous intéresse, mais il faut se concentrer sur ce déficit (5) de population qui nous arrive actuellement et fait, mécaniquement, baisser le chômage.

En effet les personnes qui sont nées entre 1969 et 1979 arrivent maintenant aux âges de 26 - 35 ans, soit la période de la vie qui est la plus active. Ils ont fini leurs études, ils sont prêts à trouver un emploi...

Problème, ils ne sont pas nés, ces travailleurs : les emplois qu’ils auraient occupés sont vacants : mécaniquement, le chômage baisse ; on est obligé de faire appel à d’autres catégories de main d’oeuvre, etc. A priori, on a pour dix ans de recul du chômage, quelle que soit la politique économique mise en place.

Un môme de 15 ans comprendrait ça, moins de travailleurs, plus de travail... Pendant ce temps-là, on nous bourre le mou dans tous les organes de presse avec les propositions des uns et des autres pour faire baisser le chômage. .

A part ça, je remarque que le chômage a baissé, mais que le RMI a augmenté.

Rien que dans mon quartier, plusieurs personnes ont refusé des propositions de travail et se retrouvent au RMI, radiées de l’ANPE (donc plus au chômage) .

Il faut dire que les lieux d’exercice des emplois proposés étaient éloignés. Et les décrets d’application du projet de prime de mobilité de 1000 euros, prime promise par le gouvernement à grand renfort d’annonces, ne sont toujours pas signés. Donc on peut t’embêter si tu ne veux pas travailler, mais surtout pas te payer tes frais...


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