Le Liban n’existe plus mais il peut ré-exister à nouveau
par pluskezorro
mardi 25 juillet 2006
Le Liban n’existe plus ; et pour reconstruire un pays il ne suffit pas de faire des routes, des ponts, des hôtels de luxe et des universités. Un état souverain c’est avant tout une armée digne de ce nom, apte à défendre le pays. Une armée et non deux armées comme c’est le cas actuellement au Liban. On ne peut pas dire une chose et son contraire. On ne peut pas se poser en victime innocente et cautionner une milice, ou l’accepter comme une fatalité.
La majorité de la population libanaise refuse le Hezbollah et l’ingérence syrienne. Il est difficile de lutter contre cette ingérence que des moyens financiers important soutiennent. Mais c’est possible. La résistance passive suite à l’assassinat de Rafik Hariri en était une démonstration. Mais après cela les libanais ne devaient pas se contenter de vivre, faire la fête et du business. Insidieusement, le pays se laissait vampiriser par le concept de guerre sainte. Le Hezbollah veut le pouvoir sans partage et pour cela il est prêt à toutes les stratégies, y compris celle du billard : toucher une boule pour atteindre l’autre.
C’est une partie d’échec dans laquelle se sont engagées des grandes puissances. La Syrie veut le pouvoir au Liban, l’Iran veut détourner l’attention de la question du nucléaire et avancer un pion vers Israël, les Etats-Unis veulent empêcher que l’Iran ne se dote de l’arme absolue, et Israël n’a pas du tout envie de voir une armée composée de milliers d’hommes se déployer au Sud Liban. A ce titre les déclarations récentes et exaltées du leader iranien ne laissent pas de place à l’équivoque.
Dans ce contexte il va sans dire que les quelques centaines de victimes innocentes dénombrées aux premiers jours du conflit sont de peu de poids face aux risques encourus par l’état hébreu. Sa longue expérience des conflits dans la région lui a appris que certaines erreurs peuvent être fatales et compromettre dangereusement son existence. On ne peut raisonnablement pas parler de visées expansionnistes d’Israël, la tendance étant plutôt au retrait et à une politique de bouclier comme le fût la construction du mur tant vilipendé pour son inhumanité et son inesthétisme.
Comment peut-on qualifier cet engagement des hostilités ? Le Hezbollah pensait-il qu’en enlevant deux soldats israéliens sur leur territoire et en envoyant des roquettes sur Tibériade et Haïfa, Israël allait sagement assister au feu d’artifice ? Pensait-il qu’en ce moment de crise, moment où il se cherchait un interlocuteur pour apaiser les tensions à Gaza, Israël n’avait pas les moyens de ternir son image aux yeux de la communauté internationale ? A moins qu’il n’ait rien pensé du tout. On peut imaginer qu’il se soit senti tout à coup, conforté par ses milliers de missiles, suffisamment fort et pressé d’en découdre avec l’éternel ennemi.
Les combattants du "Parti de Dieu" n’en finissent pas de flirter avec leurs contradictions. Ils n’ont de cesse de clamer le peu de prix qu’ils accordent à leur propre vie en se déclarant heureux de mourir en martyr, accusant les oppresseurs de prendre la vie de leurs proches, vie qu’ils sacrifient également comme celle de populations instrumentalisées par des enjeux qui dépassent de loin leurs capacités de jugement et d’évaluation. Pour les gens qui éventuellement adhéraient(je ne parle même pas de ceux pris en otage) aux intentions du Hezbollah combien savaient qu’en allant provoquer le lion dans sa cage ils risquaient fortement de se faire manger la main ?
Le Liban n’existe plus mais il peut ré-exister à nouveau. La diaspora libanaise est riche, cultivée, influente. Elle doit tout faire pour réinstaller la démocratie et se doter d’une véritable armée comme tout état qui se respecte. Pour cela il faut que les centaines de milliers de Libanais à travers le monde se concertent, dépassent leurs égoïstes intérêts personnels et de concert avec une communauté internationale très attentive à son destin, se décident à agir.