Les grands-parents de la racaille

par OEF
vendredi 13 janvier 2006


Etymologiquement : espace du ban (bannissement) à une lieue de la ville. Il a donc suffi d’une étincelle pour raviver la flamme. Ces dernières semaines, on a vu fleurir à Paris des plaques commémoratives d’un nouveau genre : "A la mémoire des grands-parents de la racaille venus défendre la France chaque fois qu’elle était en guerre. (...) Hommages aux centaines de milliers d’immigrants venus construire et reconstruire une France qui maintient leurs enfants au ban de sa société. (...) A quand une loi sur le rôle positif de l’immigration ?"

Après les émeutes urbaines, la loi du 23 février 2005 portant "reconnaissance par la Nation de la contribution des Français rapatriés" a réveillé les mémoires. Pourtant, elle a été proposée par un démocrate-chrétien pour le moins inoffensif - Christian Kert - à la suite de plaintes de harkis et de pieds-noirs réclamant que les manuels scolaires de leurs petits-enfants corroborent ce que eux leur disent au coin du feu... Il y a aussi un précédent, puisque la loi Taubira en 2001 comporte un article 2 indiquant explicitement la volonté du législateur d’inscrire la traite négrière et l’esclavage dans les manuels scolaires.

Par exemple, lorsque l’association "Les Indigènes de la République" explique que "Dien Bien Phu n’était pas une défaite, mais plutôt une victoire de la liberté, de l’égalité et de la fraternité", on mesure combien l’histoire peut être détournée pour servir une ambition partisane. De même, ceux qui accusent Napoléon de génocide devraient songer que selon leurs critères, le père de la démocratie athénienne - Périclès - était un esclavagiste de la pire espèce.

Pour autant, le passé colonial de la France en Algérie n’est que trop tranquillement tapi dans un recoin de la mémoire collective. À part la création du Parti Socialiste Unifié en 1960, celle de deux grands hebdomadaires fondés sur la lutte pour la décolonisation (L’Express et le Nouvel Obs) et quelques statues de soldats maghrébins çà et là, rien de durable n’a été entrepris.

Après l’expédition d’Alger en 1830, la IIIe République a vu le triomphe, alors apparemment définitif, des colons et la mise en place du code de l’indigénat. Il aura fallu le pacte promu par Charles de Gaulle en 1962 pour cautériser la plaie sans jamais la guérir. Aujourd’hui, ce pacte vole en éclats, et il faut reconstruire un récit autour de la question coloniale.

Une étude TNS-Sofres récente indique qu’il n’y a plus que 39 % des sondés pour juger "inacceptables" les positions du président du Front national, tandis que 43 % les considèrent seulement comme "excessives"... De fait, les Francais balancent entre la nostalgie apologétique des derniers témoins et la sincérité culpabilisatrice des historiens.


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