Pour un développement supportable des transports

par Lalmy
lundi 28 novembre 2005

Les grandes métropoles, telles que Paris et l’Île-de-France, Lyon, Grenoble, Lille, Marseille, Bordeaux, Toulouse, sont engorgées, et leurs infrastructures routières saturées. De la même façon, les grands axes de circulation, comme le couloir rhodanien, sont surchargés. Les conséquences néfastes de cette situation sont nombreuses, tant sur le plan de l’environnement (pollutions aérienne et chimique, gaz à effet de serre...) que de l’agrément du cadre de vie (bruit, allongement des temps de trajet...) ou de la santé (asthme, ozone, etc.). Une réponse politique forte doit être apportée à ces problèmes complexes, car ils touchent à l’organisation de la société, à l’économie et à l’environnement.
Contre ce phénomène, les réponses à apporter sont : - développer des transports en commun sécurisés, maillés, fréquents et 24h/24h.- développer les modes de transports alternatifs- équilibrer les aménagements de façon à réduire les besoins de déplacement.
Développer les transports en commun.
Au-delà des incantations, nous devons permettre l’émergence de transports en commun socialement utiles, donc répondant à un besoin. Les transports en commun doivent donc combattre leurs points faibles, soit être économiques pour l’usager, être agréables, confortables, sûrs, fréquents, et permettre des trajets variés.
Ainsi une politique tarifaire volontariste doit permettre d’une part, de rendre les transports en commun compétitifs pour les familles par rapport à la voiture ; d’autre part, les efforts, entrepris par les régions et la SNCF pour améliorer la qualité des rames, ou par les collectivités pour améliorer celle des bus, doivent être poursuivis et soutenus par l’État. Et la sécurisation des transports en commun, surtout la nuit et sur les lignes peu fréquentées, doit être poursuivie en mettant en œuvre des technologies modernes. Enfin, en favorisant parallèlement les créations de transports en commun sur les axes qui en manquent, avec une dose légère de dissuasion de l’usage de la voiture (les embouteillages et le coût du carburant jouent déjà partiellement ce rôle, la réduction de l’emprise automobile sur la voirie, à l’image de ce qu’a fait Paris, des mesures effectives de circulation alternée, compléteraient le dispositif), on aboutirait à un effet d’entraînement en faveur du transport en commun.
Pour un développement durable des modes de transport alternatifs
Au-delà de la seule circulation automobile urbaine et périurbaine, une politique volontariste de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre liées aux trafics automobiles et poids lourds doit être initiée et soutenue dans la durée, aux niveaux local, national et européen. Nous ne pouvons plus nous contenter de soutenir les bonnes intentions du protocole de Kyoto. La France et L’Europe doivent montrer l’exemple aux pays en développement, et utiliser leurs avances technologiques pour trouver les solutions à l’exigence de réduction des GES. Ne comptons pas sur les États-Unis pour nous aider tant qu’il n’y aura pas de marché des produits écologiques ; la Chine et l’Inde vont voir leurs besoins énergétiques croître de façon irréversible, et il est illusoire de croire que nous pourrons aller contre. Même si l’Europe arrive à stabiliser ses besoins, la consommation mondiale d’énergie augmentera de plus de 50 % dans le courant du 21e siècle, sous le seul effet du développement asiatique et de son rattrapage du mode de vie occidental. Il est donc crucial de trouver les solutions pour une consommation d’énergie plus respectueuse de l’environnement.
Différents axes d’action dans cet objectif :
- Le développement du ferroutage, souvent évoqué, est resté un vœu pieux, essentiellement par manque d’une vraie volonté politique. L’État ne doit pas hésiter à investir dans ces secteurs d’avenir. La création de SEM pour gérer ces structures serait un compromis efficace et acceptable, combinant l’expérience des acteurs publics et privés du transport, et la pérennité des investissements publics.

- De même, l’État et les Régions doivent intervenir pour susciter le développement des secteurs logistiques « propres » (fluvial, fer) : en investissant pour créer des plateformes multimodales (ports / ferroutage), en subventionnant les entreprises de ces secteurs sous réserve du respect des règles sociales et environnementales, en jouant sur la fiscalité.

- Il est légitime en effet de favoriser les transporteurs qui utilisent des moyens et méthodes respectueux de l’environnement et du social. Il est grand temps, en particulier, d’étendre aux applications professionnelles, les taxes qui s’appliquent sur le gazole pour les particuliers. L’application du principe pollueur/payeur est nécessaire à la réorientation que nous souhaitons vers des moyens moins polluants. Tant que le fer et le fluvial seront plus chers ou équivalents en coût de revient à la route, rien ne changera.

- La mutualisation des moyens de transport doit permettre d’éviter les transports à vide et les allers-retours inutiles, autant que possible. Une bourse aux transports aux niveaux européen et national, doit permettre de généraliser le principe déjà utilisé dans l’affrètement routier, aux autres types de réseaux.

- Parallèlement aux actions sur les moyens de transports existants, une politique de soutien à la recherche sur les véhicules « propres » (pile à combustibles, hybrides, GNV, biocarburants, et les déjà anciens GPL, électrique et FAP...) doit être menée et suivie. Il importe d’y discerner les fausses bonnes idées, à abandonner, et les voies d’avenir à pousser jusqu’au stade de la commercialisation. Là encore, une intervention des pouvoirs publics (Europe et État) est possible et nécessaire pour sortir de l’ornière certains de ces projets.
Enfin, du point de vue des transports, consommer mieux, c’est équilibrer les utilisations des différents modes de transports (route, fer, air, mer/fleuves) en faveur des moins polluants, et permettre l’optimisation des chargements : ne transporter que ce qui est nécessaire, et éviter les transports à vide. C’est créer les conditions du développement d’une filière transport efficace, rentable pour les opérateurs et respectueuse de l’environnement.
Pour une politique équilibrée de développement du transport aérien
Les nuisances aériennes ont aujourd’hui atteint, dans certains grands aéroports européens, un niveau qui provoque la colère des riverains, alors que d’autres aéroports de province sont sous-utilisés. Il importe donc de mieux répartir les prochains développements des aéroports entre capitale et province, et de limiter le trafic des aéroports en milieu urbain. Les choix d’implantation des prochains aéroports devront prendre en compte cette contrainte et l’objectif de limitation des nuisances. Certains aéroports comme Orly -ce sera bientôt le cas pour Roissy- sont aujourd’hui limités dans leur développement, par leur environnement urbain proche. Il faut en ce cas imaginer de les déplacer, ou du moins de limiter leur développement.

En particulier, le déplacement du fret de Roissy à Vatry (Marne), et l’instauration systématique d’un couvre-feu pour les aéroports «  urbains » seraient particulièrement bénéfiques à l’agrément du cadre de vie des riverains.

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