Bibracte au mont Beuvray ? c’est un scandale ! Non seulement il n’y a aucune preuve, mais tout prouve qu’il s’agit du site de Gorgobina

par Emile Mourey
vendredi 11 décembre 2020

C'est un cri d'alarme que je lance à la communauté d'Agoravox. Je ne suis, certes, qu'un auteur d'articles comme d'autres, mais 478 articles que vous avez approuvés, en majorité, c'est tout de même un chiffre. Après la diffusion sur RMC, ce vendredi à 21h05, d'un documentaire intitulé "La capitale disparue", c'est une fausse Bibracte que les médias vont définivement imposer à l'opinion si nous n'intervenons pas, preuves à l'appui. En décidant d'accorder au mont Beuvray une partie importante des subventions prévues pour le patrimoine, probablement mal informée, la Ministre semble avoir fait son choix. La localisation de Bibracte au mont Beuvray est pourtant une tragique erreur qu'Agoravox a déjà expliquée aux archéologues du site, mais sans succés. Très inquiétant, le titre de mon récent article sur la véritable Gergovie, au Crest, largement approuvé, n'est pas paru sur la toile comme à l'habitude. La censure serait-elle en route ?

À MM les archéologues Pierre Nouvel et Vincent Guichard : qui sont les fous ? Moi ou vous ? Copie au Ministre (extrait de mon article du 13.11.2018 que je leur ai adressé, voir renvoi 1).

... Ce n'est qu'à partir de Napoléon III qu'on se soucie vraiment de retrouver nos origines gauloises mais c'est le personnage de Vercingétorix et le sujet d'Alésia qui intéressent l'empereur. Pour terminer l'ouvrage qu'il écrit sur un César qu'il admire, il lui faut localiser la capitale éduenne de Bibracte. Le problème, c'est qu'il y avait ceux qui la voyaient toujours à Autun et ceux, dont Bulliot, qui l'imaginaient au mont Beuvray. La découverte de vestiges archéologiques conforta Bulliot dans cette hypothèse. Son neveu Déchelette poursuivit les fouilles tout en parcourant l'Europe pour vendre ses tissus.

Je cite : De passage à Berlin en 1899, Déchelette y avait remarqué un fragment de céramique peinte comme il en avait vu au Mont-Beuvray. Sur recommandation, il se rendit au musée national de Prague, où il en découvrit des vitrines entières provenant de l’oppidum tout proche de Stradonice. Il y avait là non seulement des céramiques, mais également du matériel de métal, d’émail et de verre en tout point comparable à celui de Bibracte. Par ailleurs, la même parenté semblait pouvoir être établie entre les faciès monétaires de Bourgogne et de Bohème. À cette occasion, Déchelette entama une relation suivie avec le conservateur du musée de Prague, qui venait d’éditer une étude de l’oppidum de Stradonice et de ses origines. Selon lui, les deux oppida (boîen de Stradonice et celte de Bibracte) devaient être considérés comme les témoins d’une ancienne unité culturelle, assimilable à l’une des premières civilisations européennes : celle des Celtes historiques ou, en termes archéologiques, la culture de La Tène.

Hélas ! Un autre raisonnement est possible... à savoir que les vestiges en question retrouvés au mont Beuvray aient été apportés par les Boïens vaincus lors de la bataille des Helvètes, lesquels Boïens auraient été installés par César... au mont Beuvray... qui ne serait donc pas le site de Bibracte mais celui de Gorgobina.

Et, en effet, n'ai-je pas attiré votre attention sur un anneau en sapropélite d'origine boïenne retrouvé au mont Beuvray, preuve archéologique : la découverte qui vous tue.(2)

Et, en effet, voici ce que César écrit : qu'à la demande des Eduens, il avait autorisé les Boïens à s'établir sur leur territoire (ou sur leurs frontières), parce qu'ils étaient particulièrement réputés pour leur valeur militaire. Les Eduens leur donnèrent des terres, et par la suite, ils les placèrent sur le même pied d'égalité qu'eux dans le cadre de leurs lois. (DBG I,28)

Et encore : César opère un regroupement général de son armée…Informé de ces mouvements, Vercingétorix ramène à nouveau son armée chez les Bituriges et de là, il marche sur Gorgobina, oppidum des Boïens ; César les avait établis ici après la défaite des Helvètes ; il les avait rattachés aux Eduens. (DBG VII,9) 

Autrement-dit (je m'adresse à M. Nouvel et à Vincent Guichard) je ne nie pas votre travail d'archéologues sur le terrain, mais je dis que le site que vous avez contribué à mettre au jour n'est pas l'oppidum celte de Bibracte mais l'oppidum boïen de Gorgobina, primitivement arverne.

En vérité, vous vous faites une drôle d'idée de nos ancêtres les Gaulois. Mais le plus grave est que vous abusez le public et les enfants des écoles en les persuadant que la capitale des Éduens se dressait sur le mont pelé qu'est le mont Beuvray... un mont Beuvray perdu au milieu des forêts de hêtres, à l'écart des grandes voies de communication de l'époque. Ce lieu déshérité, sans ressources agricoles, vous le présentez comme la capitale d'un peuple éduen dont les auteurs anciens disent pourtant qu'il rayonna sur toute l'Europe, jusqu'à faire tomber la ville de Rome. À ce peuple dont César dit qu'il avait la prééminence en Gaule, vous lui inventez une population de 10 000 habitants, s'abreuvant immodérément à des amphores de vin importées d'Italie. Sur ce site dont vous fuyez l'hiver, vous imaginez un Jules César accroupi et transi, écrivant sa "guerre des Gaules" près d'un misérable feu de bois ; mais aussi un Vercingétorix haranguant les représentants venus en foule des autres cités.

Vos prédécesseurs ont même réussi à faire venir sur le lieu de "votre capitale" un président de la République pour qu'il y fasse un grand discours glorifiant l'histoire des Celtes, appelant à l'union tous les peuples européens. Aveuglés que vous êtes, vous ne vous posez même pas de questions : pourquoi aucun ministre de la Culture n'a gravi la pente depuis cette officialisation, seul celui de Burkina Faso.

Cela fait plus de 20 ans que j'alerte par ouvrages publiés, articles, lettres etc... Les ministres Trautmann, Tasca, Filippetti, m'ont répondu au journal officiel par la voie des questions écrites, en langue de bois ; le récent ministre m'a fait répondre par son directeur du patrimoine, je cite : "Cette localisation, déjà identifiée au 19 ème siècle, a depuis été incontestablement confirmée par les recherches archéologiques menées sans relâche depuis 1985"... signé Philippe Barbat, 2 mai 2019 et il confirme son soutien à Vincent Guichard.

Vous êtes en pleine folie délirante... une capitale gauloise de maisons en bois sur ce lieu déshérité comparée à la merveilleuse Gergovie de mon dernier article (3), c'est à se taper la tête contre les murs jusqu'à devenir fou. (la citadelle est peut-être postérieure)

1.https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/a-mm-les-archeologues-pierre-209492

2.https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/bibracte-la-decouverte-qui-tue-101713

3.https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-gergovie-officielle-des-229222

Carte que François Mitterrand m'a adressée pour me remercier d'un de mes livres que je lui ai envoyé à son domicile privé. Ceux que je lui ai adressés par la voie hiérarchique ne lui sont jamais parvenus. Le 15 mai 1995, il accorde au Monde une interview (édition du 29 août), dans laquelle il met en exergue l'importance de l'Histoire, véritable culture de l'homme politique, mais il rejette sur l'historien la responsabilité de l'interprétation... étonnant testament.

Emile Mourey, 10 décembre 2020.

 


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