Les esprits du sport ?

par Jean-Michel Arberet
mardi 23 mars 2010

La plupart des médias viennent de se découvrir une passion rugbystique suite au grand chelem réussi par le XV de France samedi. Les mêmes médias s’indigneront à l’occasion de la prochaine affaire de dopage, des prochaines violences dans ou devant un stade, du prochain scandale lié à des matchs truqués…Cette indignation s’appuiera sur un prétendu "esprit du sport". La question pourrait donc se poser sur la manière dont cet "esprit du sport" est traité lors d’un évènement sportif à propos duquel les médias ne se sont pas indignés.

N’ayant pas eu la chance d’assister au match ce samedi, je prendrai comme exemple celui qui a eu lieu une semaine avant Stade Français Stade Toulousain, et me garderai bien de commenter le match pour m’attacher au spectacle qui l’accompagnait.

Le spectacle organisé au stade de France commence par un show avant-match, une animation à la mi-temps et un feu d’artifice d’après-match. Bien entendu les noms des sponsors sont répétés, affichés en continu.

L’animation de la mi-temps consistait en un concours de coups de pied de pénalité entre deux équipes de cadets. L’équipe gagnante s’est vue remettre son lot par un joueur du Stade Français, rien que de très normal semble-t-il, la surprise provient là du joueur choisi pour effectuer cette remise, Julien Dupuy. Ce joueur a fait l’objet d’une suspension de plusieurs semaines pour brutalité. Un joueur sous le coup d’une sanction lui interdisant de pénétrer sur la pelouse pendant le match est choisi pour remettre à de jeunes joueurs leur récompense sur cette même pelouse lors de la mi-temps, visiblement la presse pourtant prompte à s’indigner de la violence dans les enceintes sportives en invoquant l’esprit du sport et sa pédagogie inné ne voit là rien à redire.

Le spectacle d’avant-match se terminait par une haie d’honneur lors de l’entrée des joueurs sur la pelouse, haie constituée par les danseuses du Moulin rouge, habillées de plumes de strass et de talons hauts. Là aussi, alors que la question de la lutte contre les discriminations est régulièrement évoquée, le choix de montrer que les seules filles présentes sur le terrain sont non pas les joueuses d’une équipe de rugby féminin mais des danseuses est une décision tout autant symbolique que douteuse. Mais sur ce point aussi la presse est muette. 

Faudrait-il en déduire que certaines dérives sont condamnables et condamnées avec une belle unanimité mais que d’autres, celles participant au show et à la marchandisation, ne le seraient pas, le sport aurait-il donc deux esprits ?


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