L’Atlantide de Platon ? C’était la Gaule de Gergovie !... et certainement pas celle du mont Beuvray

par Emile Mourey
lundi 8 février 2021

 

Platon est un philosophe réputé, certes, mais, en tant que pédagogue, le moins qu'on puisse dire est qu'il n'est pas clair. Et quand les traductions s'en mêlent, il ne faut pas s'étonner qu'on soit allé chercher la fameuse Atlantide jusqu'en Amérique.

Wikipédia :... C'est que, en ce temps-là, on pouvait traverser cette mer lointaine. Une île s'y trouvait en effet devant le détroit qui, suivant votre tradition, est appelé les Colonnes d'Héraclès. Luc Bresson a traduit l'expression "πρό τοῦ στόματος" par devant le détroit, Victor Cousin par au-devant. La traduction que je propose est la suivante : une île s'y trouvait avant qu'existe le détroit qui, suivant votre tradition, est appelé les Colonnes d'Héraclès. Dans le mot "πρό", je vois un sens temporel, non de lieu ou d'espace.

J'en veux pour preuve l'incohérence du texte, sauf si l'on comprend que, dans l'esprit de Platon, l'île Atlantide dont il parle est une Gaule ancienne dont on a perdu le souvenir, Gaule belliqueuse arverne de Théopompe avant que lui succède la Gaule pieuse de Bibracte de son temps, le mot "île" devant être compris dans son sens large.

Voici ce que semble vouloir dire Platon : depuis qu'existent les portes d'Hercule, le passage du détroit de la mer intérieure à la mer extérieure est surveillé, contrôlé, voire interdit, et vice versa. Il n'en était pas ainsi avant lorsque la Gaule se trouvait au centre de la grande mer (l'Atlantique) comme une île. De cette grande île plus grande que la Lybie et l'Asie réunies, les navigateurs qui venaient de Grèce pouvaient, après le détroit, remonter librement aux îles côtières jusqu'au grand continent du pôle nord, en traversant l'océan, véritable grande mer. Quant à la mer intérieure, en deça du détroit, cette grande île avait l'aspect d'un golfe qui donnait sur un port à l'entrée resserrée (le port actuel de Marseille). Je laisse aux traducteurs la dernière phrase où Platon essaie d'éclairer un peu mieux son propos tout en l'obscurcissant davantage.

Platon est un philosophe grec d'Athènes qui a écrit son Atlantide vers l'an 358 avant notre ère. Que connaissait-on de la Gaule à cette époque ? Principalement la côte méditerranéenne et, très certainement, le couloir Rhône/Saône jusqu'au pays des Hyperboréens - pays éduen - d'où descendait le vent Borée du Nord et d'où l'on rejoignait le Danube pour revenir en Grèce. Du côté de l'Atlantique, une navigation par cabotage en suivant la côte a permis à Pythéas d'aller, vers l'an - 330, jusqu'aux régions polaires. On peut raisonnablement supposer qu'avant lui, un certain nombre d'aventuriers se soient aventurés juqu'au pays arverne en remontant le cours de la Loire et de l'Allier.

De quels témoignages écrits ou non disposait Platon pour écrire son Atlantide ? Réponse : des comptes-rendus de marchands ou d'explorateurs pas toujours précis et surtout sujets à interprétations, c'est tout.

Des explorateurs se seraient-ils égarés dans le marais poitevin en le confondant avec l'estuaire de la Loire ? Platon en aurait-il déduit que l'île "arverne" aurait été engloutie par un cataclysme ? Dans l'idée qu'il se faisait de l'histoire de la Grèce, n'est-ce pas une succession de cataclysmes qui aurait fait, de même, se succéder, en Gaule, une civilisation à une autre ? C'est comme si Dieu répétait le déluge de Noë en faisant disparaître une surface de la terre pour la remplacer par une autre surface, mais sans en changer le socle. Bref, Platon nous raconte bien l'histoire d'un pays atlante arverne disparu, tel qu'il se l'est imaginé à partir de ce que les explorateurs grecs ont écrit à leur retour.

Problème : Platon nous décrit un port "au goulet ressérré" qui ne peut être que Marseille, en deça du détroit de Gibraltar, une Marseille qui était connue pour son passage difficile. Plutarque n'a-t-il pas écrit à son sujet : "que les bancs rendaient l'entrée de la riviere étroite, difficile et dangereuse pour les grands vaisseaux de charge, qui venaient de la mer" ? Platon ne donne évidemment pas au port atlante le nom de Massilia puisque ce nom ne date, selon lui, que d'après le cataclysme qui a englouti l'Atlantide. Peut-être même veut-il nous suggérer que Marseille et le continent actuel n'ont émergé qu'après l'effacement d'une première terre ?... gorgonienne ?...atlante ?... arverne ?...

Dans cette hypothèse, le port de l'Atlantide aurait bien occupé le même emplacement mais dfféremment. Avant le cataclysme supposé, toute la côte étant de colonisation phénicienne, il n'y a rien d'illogique à ce qu'elle ait été sous la domination des Atlantes de Gergovie, ce que Strabon confirme pour les temps anciens en mettant en exergue la puissance des Arvernes qui s'étendait jusqu'à la Méditerranée. Cette puissante armée atlante, dont parle Platon, qui, dans sa marche insolente, avait envahi à la fois l'Europe et l'Asie entière en s'élançant du milieu de la mer Atlantique, quelle était-elle sinon une première vague de l'expansion celte ? Ce conflit de longue durée se perdant dans la nuit des temps, Platon en a fait remonter le début le plus loin possible ; 9000 ans lui a semblé une bonne date "symbolique".

Quels sont les souvenirs des explorateurs soi-disant anciens dont Platon a pu s'inspirer ? 

Voulant clore la colline que Clito habitait, Neptune (Poséïdon) la creuse alentour, et forme des enceintes d'eau et de terre alternativement plus grandes et plus petites, qui se repliaient les unes autour des autres... On recouvrit d'un enduit de cuivre le mur de l'enceinte extérieure, celui de l'enceinte intérieure fut revêtu d'étain fondu, celui qui entourait la citadelle fut recouvert d'orichalque qui avait l'éclat du feu. (Il ne s'agit, bien sûr, que de nuances de couleurs sous un soleil éclatant).

Nous avons là l'extraordinaire image que pouvait donner la forteresse du Crest, telle que l'a dessinée le héraut d'armes Guillaume Revel au XVI ème siècle. Dans sa logique, Platon n'a fait que rajouter les enceintes d'eau, mais en allant jusqu'à imaginer, à tort, toute une circulation maritime d'une enceinte d'eau à l'autre. De même pour la couleur des murailles ; c'est l'imagination qui, à Chalon-sur-Saône, faisait se souvenir d'une illustre Orbandale aux murs cerclés de trois bandeaux d'or.

Du côté de la mer et au milieu de l'île se trouvait une plaine, qui passe pour avoir été la plus belle de toutes les plaines et remarquable par sa fertilité. Près de cette plaine, à cinquante stades plus loin et toujours au milieu de l'île, il y avait une montagne peu élevée. Il s'agit de la montagne de la Serre. Sur son éperon se dresse la ville forteresse du Crest que j'identifie, et à la ville de la cité royale de l'Atlantide, et à Gergovie, et à l'Avitacus de Sidoïne Apollinaire.

Cinquante stades, cela correspond à 9 km. Ces 9 km nous conduisent de la montagne de la Serre jusque vers Clermont-Ferrand, là où commence la plaine de la Limagne, une des plaines les plus fertiles de la Gaule. Platon : cette plaine était unie et régulière, mais d'une forme oblongue. Ces précisions n'ont pu lui arriver que par un informateur qui a visité les lieux. De même, la dimension des intervalles entre districts correspond à celle que l'archéologue Vincent Guichard a relevée dans les traces des villages disparus. Dans les vastes plaines de la Limagne, écrit-il, la situation est tout autre (que dans le reste de la Gaule) : on observe un réseau incroyablement dense de hameaux plus modestes, éloignés de 2 à 3 km, qui se partagent la mise en valeur des terres. J'en déduis que la plaine de la Limagne était déjà cadastrée vers l'an 400 avant J.C, au temps de Platon. Qui dit mieux ? 

En revanche, Platon a extrapolé les autres dimensions pour imaginer, avant la dégradation humaine prévisible, une Gaule originelle idéale, et donc mathématique et géométrique.

Autres indications, anciennes ou récentes, que Platon aurait pu recuellir, soit de textes écrits, soit de la mémoire populaire : il s'agit des sources, des fontaines et des bains mais qu'il a réinterprétées ; la source d'eau froide ne sortant pas du milieu de la ville comme il le dit, mais du "nez" de la montagne voisine de la Serre, la source d'eau chaude, de même, mais des fours qui s'y trouvaient pour la réchauffer.

Le dieu fit jaillir de la terre deux sources, l'une qui répandait une eau chaude, l'autre une eau froide... Les deux sources, l'une chaude, l'autre froide, ne tarissaient point...on avait laissé des bassins découverts, d'autres étaient fermés pour les bains chauds qu'on prend en hiver : il y en avait pour les rois, pour les particuliers et pour les femmes ; d'autres étaient réservés aux chevaux et aux bêtes de somme. Et tous étaient ornés d'une manière convenable. L'eau sortait de ces bassins pour se rendre au bois sacré de Neptune, où elle arrosait des arbres de toute espèce.

Faut-il en rajouter pour convaincre les sceptiques du mont Beuvray qui s'imaginent que la Gaule barbare n'aurait connu l'usage de la pierre taillée qu'à l'arrivée des Romains :

Palais des rois arvernes ? Temple de Gergovie ? église du Crest (sans le clocher) photo monumentum. Temple de Poséidon ?  Dieu est partout. Tout à fait extraordinaire, ce chapiteau du temple de Gergovie toujours existant nous dit tout sur le fond véritable de la religion de Gergovie et des Gaulois. Dieu est partout. Il est dans le ciel. Ouvrez les yeux ! Le voilà qui se lève avec le vent qui fait onduler les vaques du lac. L'artiste a représenté les feuilles d'ulves sous les vagues. La figure du Dieu du ciel se devine dans les tourbillons de feuilles, grandes oreilles et yeux. Ses cornes sont en feuilles de chêne, symbole druidique et signature irréfutable.

Ces Atlantes, Platon n'est pas le premier à en avoir parlé.

Les Grecs ont parcouru très tôt la mer Méditerranée aux flots beaucoup plus calmes que ceux de l'Océan, la grande mer longtemps inconnue. Le détroit de Gibraltar, alias "colonnes d'Hercule" était, pour eux, la porte qui ouvrait sur l'aventure, une aventure risquée, mystiquement risquée. Ils ont imaginé une porte immense encadrée par deux colonnes qui soutenaient la voûte du ciel. Ces pieds de colonnes, ils sont allés les chercher sur le mont Abyle, à gauche quand on vient de Grèce, et sur le rocher même à droite. Puis, ils ont pensé que ces colonnes étaient plus loin, perdues dans les brûmes. C'est ainsi qu'à gauche, la chaîne de montagnes d'Afrique du Nord a pris et a conservé jusqu'à ce jour le nom d'Atlas. C'est ainsi qu'à droite, les montagnes de l'Europe jusqu'au pays des volcans d'Auvergne l'ont conservé, en image sculptée, dans l'évocation des chapiteaux des temples.

L'Atlas était donc comme une muraille dressée par les dieux qu'on ne pouvait franchir que par une porte. Les habitants que les dieux y ont installés, les Grecs les ont donc appelés, en toute logique, "Atlantes", d'où le nom "Atlantide" donnée au continent de droite et d'Atlantique donnée à l'Océan. Platon n'a rien inventé ; ce sont très exactement les termes qu'il a repris des auteurs antérieurs. Franchir la porte et contourner la barrière divine pour aborder le continent par derrière, c'était, pour ainsi dire, découvrir un autre univers, le pays de la naissance des dieux (des dieux que les Phéniciens avaient amenés, ce que les Grecs de Platon ne savaient pas ou avaient oublié).

Héritiers du géant Atlas soutenant la voûte du ciel, les Atlantes celtes se sont représentés dans leurs temples dans la même position... énorme responsabilité ! Voilà pourquoi ils ont dit à Alexandre qu'ils n'avaient qu'une peur, que le ciel leur tombe sur la tête.

Le combat des Atlantes et des Gorgones contre les Amazones.

Les Atlantes habitaient donc de part et d'autre du détroit. Quand, reprenant des textes très anciens selon lui, Diodore de Sicile écrit que les Atlantes d'Afrique étaient les mieux policés de la région, cela concerne les implantations atlantes, à gauche du détroit quand on vient de Grèce ; mais quand il précise que ces Atlantes habitaient un pays riche et rempli de grandes villes, cela ne peut désigner que les Atlantes d'Espagne et de la Gaule. Quand il ajoute que ces Atlantes prétendaient que c’est sur les côtes maritimes de leur pays que les dieux ont pris naissance, il rejoint et confirme le texte de l'Atlantide de Platon.

Quand Diodore de Sicile situe les Amazones aux extrémités de la terre, à l’occident de l’Afrique, au couchant d’un lac, au pied de l'Atlas qui domine l’océan, il les rapproche des Atlantes d'Espagne et des Gaules. Quand, reprenant toujours des textes très anciens, il ajoute que les premiers peuples qu’elles attaquèrent furent, dit-on, les Atlantes, il faut comprendre que c'est pour s'emparer de la porte de Gibraltar...et de l'Espagne. (livre III, XXVII).

Myrine, reine des Amazones, assembla contre les Atlantes une armée de trente mille femmes d'infanterie et de deux mille de cavalerie... Ayant fait une irruption dans le pays des Atlantides, les Amazones vainquirent d'abord en bataille rangée les habitants de la ville de Cercène, et étant entrées dans cette place pêle‑mêle avec les fuyards, elles s'en rendirent maîtresses (localité inconnue, probablement en Espagne)...

Comme les Atlantes (d'Espagne et de la Gaule voisine) étaient souvent attaqués par les Gorgones (de Gergovie), autre nation de femmes qui étaient leurs voisines et qui tâchaient d'égaler en tout les Amazones, la reine Myrine alla les combattre dans leur pays. Les Gorgones s'étant rangées en bataille, le combat fut opiniâtre, mais les Amazones ayant eu le dessus, elles passèrent au fil de l'épée quantité de leurs ennemies et n'en prirent guère moins de trois mille prisonnières...

Ces Amazones et ces Gorgones ne sont femmes que par leurs robes... comme, aujourd'hui, les Berbères.

... Les Gorgones, s'étant relevées après leur fuite, furent attaquées encore une fois par Persée fils de Jupiter ; Méduse était alors leur reine. Finalement, cette nation et celle des Amazones furent détruites l'une et l'autre par Hercule lorsqu'étant passé dans l'Occident ...

Enchaînant le livre suivant (livre III, XXIX), Diodore nous relate ensuite l'histoire des dieux selon les Atlantes, une histoire étonnement semblable à celle de Platon.

Le combat des Amazones contre les Gorgones a peuplé l'imaginaire du monde antique. Dieu sait combien de fois il a été représenté pour orner les poteries de l'époque ! Que faut-il comprendre ? Certes, des femmes guerrières amazones ont bien existé. Les auteurs disent même qu'elles se brûlaient le sein droit pour pouvoir tirer à l'arc mais au nombre de 32 000, on peut en douter. En revanche, en ce qui concerne les Gorgones, il tombe sous le sens qu'elles n'étaient femmes que par le symbole de la Gorgone qui ornait leurs boucliers. C'était un des symboles patriotiques de Gergovie, celui qui terrifiait l'adversaire par son horrible visage, celui de son vase de Vix. Gergovia, nom dérivé de Gorgona ? Au temps de César, les Arvernes n'avaient-ils pas donné au mont Beuvray le nom de Gorgobina ?

Gorgona est le nom d'une espèce végétale, souvent de couleur pourpre, que l'on trouve en mer, notamment près du détroit de Gibraltar. La pourpre est une couleur que l'on extrayait d'une variété d'escargot de mer. La Gorgone/Gorgona est le nom originel de Gergovie. Elle était donc habillée de pourpre. Or, la couleur pourpre est la couleur royale du monde phénicien.

La légende du Louvre dit ceci : Persée (à gauche, portant un chapeau et des bottes ailées, avec la kibisis sur l'épaule) détourne le regard pendant qu'il tue Méduse, représentée ici comme un centaure femelle. Détail d'un pithos orientalisant à reliefs. Date vers 660 av. J.-C. Technique/matériaux terre cuite. Origine : Thèbes, Boétie... 

Cet empire phénicien d'avant la France, de Carthage à Gergovie, en passant par Bibracte, c'était déjà le nôtre.

Retour au début du texte de Platon sur l'Atlantide.

Un conflit entre Athènes et les rois atlantes qui se serait passé 9000 ans avant J.C. ? Laissez-moi rire ! Inutile de se perdre dans de longs palabres ! Il est bien évident que le philosophe grec a sublimé et, pour cela, noyé son histoire dans la profondeur du temps. Cela lui permettait, entre autres, d'éviter toutes contestations historiques de la part de ses adversaires sur les récents événements dont pourtant il s'inspire. Ces événements relativement récents, encore en mémoire, ce sont les multiples accrochages et combats locaux que les Grecs conquérants ont provoqués pour supplanter les Phéniciens, ou plutôt cananéens, occupants avant eux, de nos côtes méditerranéennes. Les concitoyens de Platon n'étaient pas aveugles au point de ne pas se rendre compte que le texte leur était destiné. Dans son allégorie, Platon leur disait en quelque sorte ceci : vous êtes faibles et corrompus ! Du temps de vos pères et des adversaires qu'ils ont affrontés, il n'en était pas ainsi.

Vers l'an - 358, date approximative du récit platonicien, la situation était la suivante. Fondation phénicienne à l'origine, notre grand port méditerranéen, célèbre pour sa bouillabaisse, était tombée aux mains des Grecs vers l'an - 600, donc environ 240 ans plus tôt. 240 ans, cela correspond à plusieurs générations d'avant Platon, dont celles qui ont connu le conflit. Enfin, s'il est vrai que le premier témoignage écrit détaillé du parcours des côtes atlantiques, celui de Pythéas, ne date que d'après Platon, celui des carthaginois Hannon et Himilcon laisse raisonnablement supposer que les dites côtes atlantiques étaient déjà, en ce temps-là, plus ou moins bien connues, ainsi que l'intérieur des terres auvergates auxquelles on pouvait accéder par la Loire et l'Allier.

En commençant son récit par ce qui est en deçà des colonnes d'Hercule, Platon décrit indiscutablement nos côtes méditerranéennes. En y plaçant son port "au goulet resserré", traduction littérale, il désigne bien évidemment Marseille même s'il ne donne pas son nom. S'il ne donne pas son nom, c'est parce qu'il se place à l'époque de l'occupation phénicienne et qu'il pense que ce nom ne date que de l'occupation grecque. Comment peut-on hésiter ?

Comment peut-on hésiter, là encore, quand on sait, qu'en ce temps-là, les navigateurs ne pouvaient naviguer sur l'océan qu'en s'accrochant aux côtes dans une sorte de cabotage. Dans l'incertitude de la géographie de cette époque, comment peut-on reprocher à Platon d'avoir qualifié d'île le continent que l'on découvrait au-delà des colonnes d'Hercule. Bref, il faut arrêter de rêver aux Amériques, au volcan de Santorin ou à d'autres lieux plus mystérieux les uns que les autres.

Le constat est simple et définitif : le texte de Platon n'est logique et compréhensible dans sa rédaction qu'à condition d'identifier l'île Atlantide à une Gaule d'avant la Gaule. Il y a, en effet, ce qui est de l'autre côté du détroit de Gibraltar, dans l'océan : c'est par là qu'on aborde les côtes atlantiques ; et il y a ce qui est en deçà du détroit : les côtes méditerranéennes avec la rade et le port de Marseille au "goulet resserré". 

Le support géographique et historique à partir duquel Platon a développé son mythe n'est évidemment pas la Gaule du mont Beuvray et de Corent mais une Gaule de colonisation phénicienne, ou plutôt cananéenne, déjà riche d'histoire avec deux capitales fortifiées qu'on ne peut situer qu'au Crest (Gergovie) et qu'à Mont-Saint-Vincent (Bibracte) sans oublier l'Alésia de la colline de Taisey.

Mais alors, pourquoi Platon fait-il comme si Bibracte n'existait pas ? Car Bibracte, à Mont-Saint-Vincent, pouvait être considérée comme étant au centre de la Gaule/Atlantide aussi bien que Gergovie. L'explication coule de source. Bibracte a échoué quand elle a voulu soutenir les Phéniciens contre les Grecs phocéens de Marseille ; elle est devenue plus ou moins grecque. Gergovie a plus ou moins résisté mais a finalement été battue, si l'on en croit Platon et d'autres textes, peut-être suite à une expédition de Persée en Auvergne et a disparu de la scène internationale. Le texte de Platon est un éloge funébre à la cité supposée disparue... éloge funèbre prématurée, la défaite de César à Gergovie en est heureusement la preuve.

La Gaule : un illustre et fabuleux passé.

Le jardin des Hespérides des auteurs grecs, il faut le localiser en Auvergne, même si l'Espagne semble avoir voulu également le revendiquer. De même, l'histoire des titans, des géants, des champs élyséens, du monde des bienheureux, des morts, et autres mythes (à moins que cela soit aussi en Grande-Bretagne). Voyez les sculptures de l'autel de Pergame qui évoquent les combats entre les dieux grecs de l'Olympe et les géants/Galates/Gaulois nés de la terre, combattants de Gergovie aux jambes d'anguipède évoquant le plateau allongé de la Serre, guerriers de Bibracte au bras de lion évoquant le lion couché du horst éduen. Plus qu'un indice, ce sont des preuves de plus. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/bibracte-gergovie-pergame-le-39957

Il faut redonner à notre pays hyperboréen ses véritables capitales de Bibracte et d'Alésia/Chalon/Taisey, la relation privilégiée que la première entretenait avec Delos et son dieu Apollon. Mais aussi ses banquets attestés, comme à Gergovie, par l'archéologie et les textes.

Il faut redonner à Gergovie sa gloire atlante, sa relation privilégiée avec Delphes, sa source miraculeuse et son temple delphique que protège, comme à Delphes, le dragon de la montagne de la Serre. Strabon (Géographie, IV,2,3) n'a t-il pas écrit qu'à l'origine, les Arvernes avaient étendu leur domination jusqu'à Narbonne et jusqu'aux frontières de l'empire marseillais. Ils avaient soumis les peuples jusqu'aux Pyrénées, jusqu'à l'océan et jusqu'au Rhin.

Il faut aussi s'interroger sur les deux villes de Théopompe, la Belliqueuse qui ressemble tant à Gergovie et la pieuse qui, par contraste - ou préférence politique - pourrait ressembler à Bibracte... une Bibracte que les Grecs ont peut-être soutenue et encouragée à reprendre la prééminence en Gaule aux dépens des Arvernes.

Enchaînant le livre suivant (livre III, XXIX), Diodore nous relate ensuite l'histoire des dieux selon les Atlantes, une histoire étonnement semblable à celle de Platon.

Le combat des Amazones contre les Gorgones a peuplé l'imaginaire du monde antique. Dieu sait combien de fois il a été représenté pour orner les poteries de l'époque ! Que faut-il comprendre ? Certes, des femmes guerrières amazones ont bien existé. Les auteurs disent même qu'elles se brûlaient le sein droit pour pouvoir tirer à l'arc mais au nombre de 32 000, on peut en douter. En revanche, en ce qui concerne les Gorgones, il tombe sous le sens qu'elles n'étaient femmes que par le symbole de la Gorgone qui ornait leurs boucliers. C'était un des symboles patriotiques de Gergovie, celui qui terrifiait l'adversaire par son horrible visage, celui de son vase de Vix. Gergovia, nom dérivé de Gorgona ? Au temps de César, les Arvernes n'avaient-ils pas donné au mont Beuvray le nom de Gorgobina ?

Etonnant, ce texte de Platon qui nous oblige à réécrire notre histoire. On savait que les Gaulois s'étaient très impliqués dans les guerres puniques. On savait même que des chefs gaulois commandaient des troupes à Carthage même, mais jamais on ne pouvait penser qu'ils venaient du Crest. De même, on savait que les Gaulois/Galates s'étaient portés jusqu'en Asie Mineure contre le royaume de Pergame au II ème siècle avant J.C., mais on ne pensait pas qu'ils s'y trouvaient déjà au temps de Platon. Quant à l'Etrurie, j'y trouve une confirmation pour dire, ce que j'ai déjà souvent dit, à savoir que ce ne sont pas les Etrusques qui ont apporté leur culture à la Gaule mais le contraire, la Gaule par Gergovie et ses alliés.

Avec toutes ces richesses qu’ils tiraient de la terre, les habitants construisirent les temples, les palais des rois, les ports, les chantiers maritimes, et ils embellirent tout le reste du pays dans l’ordre que je vais dire... (extrait du Critias de Platon écrit en 358 avant IC.)

Sur RMC découvertes, ce vendredi 11 décembre 2020 : "La capitale disparue" : Notre peuple gaulois aurait été en retard de civilisation, ne sachant construire que des maisons en bois. Au Ier siècle avant JC, César arrive en Gaule et pour la première fois, apparaîssent sur le mont Beuvray des édifices construits en pierre, à la romaine, avant de se répandre dans toute la Gaule.

Je tombe des nues !

Emile Mourey, 6 février 2021.

 


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