Séquestration du CO2... par des algues !

par ÇaDérange
jeudi 22 juin 2006

Nous critiquons beaucoup les Américains pour leur non-signature du protocole de Kyoto en oubliant parfois que le protocole est très, très loin, de régler le problème et que donc il faudra trouver des solutions techniques coûteuses pour pouvoir diminuer les quantités de CO2 déjà présentes dans l’atmosphère. Le tout sans casser l’économie.Ce qui veut dire investir lourdement en recherche pour trouver les solutions.

Les nouvelles d’Amérique sur ces recherches de solution sont par contre beaucoup plus intéressantes car elles apportent régulièrement maintenant des pistes de travail concrètes et des signes que la machine à découvrir là-bas est lancée. Tant il est vrai que l’Amérique n’est pas le seul GWBush ! Tant mieux pour nous qui en bénéficierons sans doute in fine, mais les Américains ne se lançant jamais dans un développement sans l’espoir d’en commercialiser les résultats, il serait intéressant en Europe de faire les mêmes efforts de recherche si nous ne voulons pas nous borner à devenir finalement les acheteurs de leurs licences. Pénaliser financièrement ceux qui polluent comme le met en place Kyoto, c’est bien à court terme. Encore faut-il que cela débouche un jour sur les techniques pour supprimer la pollution et que la satisfaction d’avoir signé Kyoto ne nous fasse revenir à un sommeil profond sur le plan de la recherche de solutions. Espérons-le en tout cas.

La technique nouvelle dont je voulais vous parler aujourd’hui est celle de l’utilisation des algues pour consommer le CO2 que nous produisons à la sortie de tout dispositif industriel qui en produit, c’est-à-dire les fours ou les usines de production d’électricité à partir de combustibles de tous types, fossiles ou renouvelables, qui passent par une combustion.

Les algues en effet ont l’avantage de se reproduire à toute vitesse et ont besoin pour se développer de CO2 comme les autres végétaux terrestres.C’est le laboratoire GreenFuels Technologies, créé par un ancien du MIT, qui a développé un concept d’absorption du CO2 par des algues comme indiqué ci-contre :

Les algues sont disposées dans des tubes transparents où elles sont exposées à la lumière du jour qui les fait se développer.On fait circuler dans le circuit des effluents gazeux en provenance d’un four par exemple qui leur fournit le deuxième élément nécessaire à leur croissance le CO2. Une fois débarrassés de CO2, les gaz sont renvoyés dans l’atmosphère purifiés. Les algues elles-mêmes sont évacuées régulièrement du circuit au fur et à mesure qu’elles grossissent. Une fois séchées, elle sont utilisées comme une matière première végétale bon marché pour soit en extraire des produits mélangeables à du diesel soit entrer dans un cycle de fabrication d’Ethanol à partir de leur biomasse.

Le processus permet de réduire les émissions de CO2 dans les gaz de l’usine ou du four de 40 % et dans les nitrates de 86 %. L’unité de production des algues se présente comme une batterie de tuyaux en circuit de section triangulaire pour offrir l’ensoleillement maximum aux algues pour leur croissance. L’eau chargée d’algues circule dans ces tuyaux dans lesquels on injecte par des piquages les gaz de combustion de l’usine et on récolte les algues excédentaires. Seul inconvénient, il faut de la surface pour mettre en place les batteries de tuyaux nécessaires à cette activité et il faut un ensoleillement important. Le processus est donc mieux adapté aux régions désertiques qu’aux climats tempérés.

Un premier essai est en cours d’ores et déjà dans une centrale au charbon et Greenfuels Technologies espère en démarrer deux autres avant la fin de l’année pour pouvoir passer au stade du pilote en 2008. Pas de problème financier, des investisseurs californiens ont déjà mis 11 millions de dollars dans l’aventure.

Plus dans le Nord, dans l’Ohio, Etat frontière avec le Canada et berceau de l’automobile américaine, d’autres chercheurs travaillent sur un système de culture de microalgues sur des parois verticales souples en utilisant une technologie canadienne pour collecter et transmettre la lumière solaire par fibres optiques. Le but étant de maximiser l’exposition solaire et de minimiser l’encombrement des bioréacteurs.

Troisième acteur de cette course aux biocarburants, le biologiste américain Craig Venter, connu pour ses succés dans le développement du génome humain, qui essaye de fabriquer des microalgues génétiquement modifiées pour améliorer le rendements des processus naturels. Il a créé pour cela avec son collaborateur Hamilton Smith, Prix Nobel s’il vous plaît, une start up, Synthetic Genomics, qui dispose de 30 millions de dollars et qui bénéficiera de bourses d’études du Département de l’énergie.

Toutes ces recherches prendront du temps bien entendu avant de déboucher sur un processus industriel viable, mais au moins elles sont démarré et sont déjà financées. Pouvons-nous en dire autant des recherches européennes sur le même sujet, je ne sais ? Nos chercheurs sont sans doute trop discrets...


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