Sous toutes les lassitudes…

par C’est Nabum
samedi 11 mai 2024

 

L'humanité déboussolée.

 

La mondialisation a cet effet éminemment pervers que dans l'instant, le pire de la Planète vient troubler la sérénité à jamais oubliée du quidam branché en permanence sur un fil d'actualité qui se plaît à mettre en avant le pire et le plus monstrueux. Sous toutes les latitudes et les longitudes, l'actualité est au service de la démoralisation générale au point de provoquer une lassitude abyssale, une démoralisation globale.

Le mieux serait de couper le cordon, de cesser de regarder la boîte à naufrage et surtout de faire taire ces maudites vigies qu fondent avec délectation sur les tragédies tous azimuts par le truchement des alertes qui se nourrissent de la détresse humaine. Tout est bon du reste pour remuer la fange, agiter le chiffon rouge, semer l'angoisse et la haine, terrifier et abrutir. C'est un festival de calamités : drames, tragédies, guerres, cataclysmes, séismes, attentats, ... enfilés comme des pierres tombales qui finissent par induire que le monde va à sa perte.

Cette stratégie n'est pas innocente. L'effet de sidération sur le peuple vise à le priver de tout espoir afin qu'il cesse d'infléchir localement le cours de son existence. Puisque tout va dans le sens du pire, pourquoi tenter de changer son sort. Les élections sont en ligne de mire de nos Cassandre médiatiques. L’abstention sert ceux qui sont en place et il convient d'en faire toujours plus dans ce registre délirant d'autant que ce marasme fangeux ampute le peuple du désir de se rebeller, de manifester, de protester.

S'il ne faut pas nier l'accumulation insensée de sujets d'inquiétude, d’indignation ou de désespérance, leur éparpillement à travers la planète laisse forcément une marge de manœuvre localement pour ceux qui entendent sauver ce qui peut l'être et qui sait, finir par abattre un système mondial qui se nourrit de cette folie, l'entretient, la facilite.

Les tenants de ce capitalisme sauvage et inhumain sont aux manettes partout dans le monde. Ils ont d'ailleurs compris l'importance de s'emparer de tous les organes d'information et de diffusion de la culture et du savoir pour toujours plus enfoncer le clou, obtenir un effet de découragement, de lassitude irréversible chez tous les exclus de la galette.

Le mieux est alors de dresser les uns contre les autres, les exploités, les miséreux, les humbles, les vieux, les jeunes, les étrangers, les citadins, les ruraux, les croyants et les mécréants, les pauvres, les classes moyennes. Chaque catégorie doit trouver son ennemi, le responsable de tous ses maux en pensant que ceux qui gouvernent font tout pour assurer leur défense en s'en prenant aux autres tandis que les plus riches d'entre les riches financent discrètement ce joyeux personnel politique.

C'est merveilleusement efficace et terriblement néfaste dans nos sociétés qui finissent elles aussi par devenir des zones de turbulence et de tension. Il suffit alors de mettre en place une société de la surveillance, de la délation, du contrôle permanent pour confirmer chacun de la nécessité d'un pouvoir fort, policier et même martial.

Le sommet de cette course folle vers la privation des libertés se tiendra durant les prochains Jeux Olympiques qui seront l'extraordinaire prétexte à mettre un peuple sous le boisseau et une loi presque martiale. Ce sera alors la trêve des mauvaises nouvelles d'ailleurs, pour transformer chaque Français en supporter cocardier et chauvin, vibrant aux exploits magnifiques de ceux qui portent leurs couleurs.

La lassitude qui aura permis d'amortir l'effet désastreux des élections européennes grâce à un taux d’abstention qui rendra caduque le message donné par les Français, sera remplacée par une exaltation collective, une hystérie qui boutera un temps les désordres du Monde. La France Olympique brillera de mille feux, c'est du moins ce qu'on nous vend en guise de traitement préventif pour se préparer à célébrer les grands partenaires de cette comédie, les entreprises mondiales qui profitent pleinement de cette course à la décérébration générale.


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