Édith Cresson, une femme de caractère

par Sylvain Rakotoarison
samedi 27 janvier 2024

« Nous sentons tous que ce que la communauté financière salue du beau nom de vertu doit s'allier à l'imagination, le dynamisme et la volonté d'atteindre nos deux grands objectifs : muscler davantage notre appareil productif et renforcer notre cohésion sociale. Être vertueux, puisque tel est le vocabulaire, n'interdit pas d'être audacieux. Sur un franc fort, nous construirons une France forte. Tel est le problème, tel est mon projet : utiliser toutes les marges de manœuvre pour rétablir la situation de l'emploi, et les utiliser pleinement ! » (Édith Cresson, le 22 mai 1991 dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale).



L'ancienne Première Ministre socialiste Édith Cresson fête son 90e anniversaire ce samedi 27 janvier 2024. Cette présentation de la première femme Première Ministre de la France ne lui satisferait pas. Elle regrette de n'être réduite qu'à ces seuls dix mois (infernaux) où elle exerçait le pouvoir à Matignon entre le 15 mai 1991 et le 2 avril 1992, alors qu'elle a eu une carrière politique d'une quarantaine d'années très remplie.

Au moins, elle pourra se réjouir de ne plus être présentée comme la seule Première Ministre femme de la France, mais simplement la première, ce qui réduit un peu plus le musée des curiosités, même si cette caractéristique, hélas, reste encore une curiosité. Après elle, bien après elle, trente et un ans après elle, Élisabeth Borne, en effet, a été nommée Première Ministre aussi. Cette dernière a duré un peu plus longtemps qu'elle, mais à peine, du 16 mai 2022 au 9 janvier 2024.

Si Élisabeth Borne a été ministre pendant tout le long du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, du 17 mai 2017 au 16 mai 2022, Édith Cresson, elle, a eu encore une meilleure expérience ministérielle, sept ans, dans le précédent septennat et le début du second septennat de François Mitterrand : Ministre de l'Agriculture du 22 mai 1981 au 23 mars 1983 dans les deux premiers gouvernements de Pierre Mauroy, Ministre du Commerce extérieur et du Tourisme du 23 mars 1983 au 17 juillet 1984 dans le troisième gouvernement de Pierre Mauroy, Ministre du Redéploiement industriel et du Commerce extérieur du 19 juillet 1984 au 20 mars 1986 dans le gouvernement Laurent Fabius, enfin Ministre des Affaires européennes du 10 mai 1988 au 2 octobre 1990 dans les gouvernements de Michel Rocard.

Diplômée HEC et docteure en démographie (Élisabeth Borne est polytechnicienne), Édith Cresson, issue de la bourgeoisie, a écouté d'un grand intérêt en 1953 Pierre Mendès France, l'un des rares hommes politiques qui s'intéressait à l'économie selon elle (le grand-père maternel d'Édith Cresson était un très proche collaborateur de Maurice Rouvier, Président du Conseil et Ministre des Finances sous la Troisième République). Elle s'est ensuite engagée rapidement en politique par l'intermédiaire d'une amie (une camarade de promotion, Paulette Decraene) dont le père connaissait bien François Mitterrand. Édith Cresson a rejoint le futur Président de la République pour la campagne présidentielle de 1965 en adhérant à la CIR (Convention des institutions républicaines, petit club politique de centre gauche créé par François Mitterrand) dont elle fut la spécialiste de l'agriculture et aussi (déjà !) de l'environnement. Elle a suivi alors toute la montée vers le pouvoir de ce dernier, en l'accompagnant au parti socialiste en 1971, où elle fut responsable de la jeunesse et des sports.

Parallèlement à ses responsabilités au sein du PS et à sa proximité de François Mitterrand, Édith Cresson s'est forgée une solide expérience électorale. Dans les années 1970, on lui a dit de se parachuter à Châtellerault, ville qu'elle ne connaissait pas. À l'époque, la mairie de Châtellerault était solidement tenue par l'ancien résistant Pierre Abelin, un centriste réputé indéboulonnable (Pierre Abelin a été ministre MRP sous la Quatrième République puis était ministre de Valéry Giscard d'Estaing, président du conseil général de la Vienne jusqu'à sa mort, laissant ensuite la présidence à René Monory ; Jean-Pierre Abelin, successeur de son père, est devenu conseiller général de la Vienne en 1977 et député de la Vienne en 1978, il était aussi le président des Jeunes démocrates sociaux, jeunes du CDS, successeur du MRP ; quant à Geneviève Abelin, épouse de Pierre Abelin et mère de Jean-Pierre Abelin, elle est devenue maire de Châtellerault en mai 1977 à la mort de son mari).

À la mort du député Robert Gourault, le suppléant de Pierre Abelin (qui était au gouvernement), Édith Cresson s'est présentée à l'élection législative partielle consécutive d'octobre 1975 et a été battue par Pierre Abelin (qui reprenait sa circonscription), mais le score a été très serré et dans la ville de Châtellerault, elle a devancé de quelques voix son rival Pierre Abelin. Mais elle n'a pas franchi le pas pour les municipales de mars 1977 et s'est fait élire maire de Thuré, une commune dans l'agglomération de Châtellerault. Un an plus tard, en mars 1978, Édith Cresson a défié Jean-Pierre Abelin aux élections législatives, sans succès non plus.

Toutefois, François Mitterrand l'a intégrée sur sa liste aux élections européennes de juin 1979, si bien qu'elle fut élue députée européenne et a assisté à l'élection de Simone Veil comme première Présidente du Parlement Européen élu au suffrage universel direct. Bien que de bord politique différent, Édith Cresson a toujours eu une grande admiration pour Simone Veil et ses qualités de femme d'État.

Enfin, en juin 1981, dans la foulée de la victoire socialiste de la présidentielle, Édith Cresson l'a emporté sur Jean-Pierre Abelin aux élections législatives de 1981 (le battant de nouveau en juin 1988), et en mars 1983, alors que la gauche a perdu beaucoup de mairies (après ses victoires de 1977), Édith Cresson fut presque la seule socialiste à avoir gagné une mairie, Châtellerault, qu'elle a conservée jusqu'en 1997, alors membre de la Commission Européenne (elle fut réélue en 1989 et 1995). Ville ouvrière, la plus résistante de la France libre d'après elle, Châtellerault était opposée à Poitiers, ville universitaire et intellectuelle. Édith Cresson a su représenter cette ville ouvrière même si elle n'a pas pu arrêter sa désindustrialisation (encore aujourd'hui, Châtellerault peine à se redynamiser face à Poitiers et à Tours). L'année précédant sa victoire municipale, en mars 1982, Édith Cresson fut élue pour la première fois conseillère générale du canton de Châtellerault Ouest, un nouveau canton, et elle fut réélue jusqu'en mars 1998 (en 1988 et 1994).

1981 est évidemment une date essentielle pour cette socialiste puisqu'elle fut nommée au gouvernement, comme indiqué plus haut. Édith Cresson fut la première femme nommée Ministre de l'Agriculture en France, ce qui, au-delà du jeu de mot sur son patronyme, n'était pas du goût des agriculteurs alors particulièrement machistes. Des agriculteurs manifestaient dans les rues avec des pancartes qui feraient scandale aujourd'hui : « Édith, on t'espère meilleure au lit qu'au ministère ! », ce qui lui permettait d'user de son esprit de répartie en leur répondant : « Cela tombe bien que je sois nommée à l’Agriculture. Comme je vais avoir à faire avec des porcs, je vais avoir à faire avec vous ! ».

Mais ses domaines de compétences politiques se portaient plus volontiers vers l'industrie, le commerce extérieur et les affaires européennes, dont elle fut la ministre pendant la première législature socialiste (et la deuxième). Elle s'est beaucoup investie aux Affaires européennes de 1988 à 1990, d'autant plus que le monde avait changé, avec la chute du Mur de Berlin. Il s'agissait aussi de mettre en application l'Acte Unique Européenne (prévu pour 1992), de négocier les Accords de Schengen. Elle devait aussi assurer la Présidence française de la CEE en 1989 (ce qui deviendra l'Union Européenne).



Mais ses relations avec le Premier Ministre Michel Rocard (qui avait été son successeur à l'Agriculture) et surtout, avec le Ministre des Affaires étrangères Roland Dumas étaient exécrables (le Quai d'Orsay ne lui transmettait aucune information), si bien que, lassée, elle a démissionné du gouvernement le 2 octobre 1990 et surtout, elle a quitté la vie politique pour revenir à son métier d'origine (de conseil économique des entreprises). Elle a dirigé alors une filiale du groupe Schneider et conseillait les entreprises pour s'implanter dans les pays d'Europe centrale et orientale.

Il faut insister sur la démission d'un ministre : c'est très rare ; même Christiane Taubira, malgré ses valeurs, a eu du mal à démissionner et a retardé le plus tard possible cette décision. On compte peu de ministres à l'avoir fait de leur propre volonté, dont Michel Rocard (en avril 1985 pour s'opposer au scrutin proportionnel) et bien sûr, le spécialiste des démissions gouvernementales, Jean-Pierre Chevènement (mars 1983, janvier 1991, août 2000) avec cette phrase célèbre : « Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ! ».

Après la démission forcée de Michel Rocard, Édith Cresson savait bien que de nombreux candidats se bousculaient pour Matignon, des hommes, bien sûr : Pierre Bérégovoy, Roland Dumas, Michel Delebarre, Lionel Jospin, Jacques Delors, Robert Badinter, Pierre Joxe, Louis Mermaz, Michel Charasse, Jack Lang, etc. Alors, quand François Mitterrand lui a proposé le 15 mai 1991 d'être nommée Première Ministre, le premier réflexe d'Édith Cresson a été de refuser (même si on ne refuse pas Matignon !). Elle savait très bien que tous ces éléphants très machistes et assoiffés de pouvoir n'auraient jamais accepté qu'une femme leur piquât la place, d'autant plus qu'il s'agissait de la deuxième partie du second septennat d'un Président particulièrement malade, autant dire que pour eux, c'était la dernière chance d'accéder à Matignon. Elle aurait préféré un super ministère de l'Économie, des Finances, du Budget et du Commerce extérieur. Mais finalement, François Mitterrand a réussi à la convaincre d'accepter Matignon.

Après coup, Édith Cresson a bien convenu que ce qu'elle avait craint s'est réalisé : tous les potentats socialistes lui ont effectivement mené la vie dure à Matignon. Elle avait un atout qui devenait un handicap : elle n'était liée par aucun courant socialiste, sa légitimité partisane était uniquement liée à sa fidélité à François Mitterrand et à ses mandats électifs. Et donc, lorsque la statue du commandeur devenait instable, elle n'avait plus de base militante qui lui était fidèle. Aucunes divisions. De plus, des réactions machistes et sexistes, voire misogynes, ont été très nombreuses à sa nomination, tant dans la classe politique que chez les journalistes et même les humoristes (Certains l'avaient appelée la Pompadour, ou Matignonne, etc. ; "Le Bébette Show" l'avait appelée Amabotte en panthère prosternée). En 2006, elle a raconté sur France Bleu Poitou : « On m'avait dit : la Bourse va s'effondrer car une femme à Matignon, c'est insupportable ! ».

Rien que dans la nomination de son gouvernement, Édith Cresson a eu beaucoup de mal à imposer ses vues, dont la première était de casser la forteresse de Bercy détenue par ce poids lourd politique qu'était Pierre Bérégovoy, le plus enragé des hiérarques socialistes pour ne pas avoir été nommé Premier Ministre. Il faut donc noter qu'elle a découvert deux personnalités qui allaient devenir très importantes : elle a voulu avoir Dominique Strauss-Kahn, talentueux président de la commission des finances à l'Assemblée, comme Ministre des Finances, mais il n'a pu être que sous-ministre à l'Industrie en attendant mieux ; enfin, elle a placé aussi Martine Aubry comme Ministre du Travail, de l'Emploi et de la Formation professionnelle.

Cette découverte de Martine Aubry, qui était alors l'une des cadres supérieurs de Péchiney (et promise à un bel avenir puisque pressentie par le président de Péchiney Jean Gandois pour devenir la directrice générale du groupe), elle l'avait faite grâce à ses procédés peu classiques : pour comprendre des sujets politiques, elle réunissait régulièrement des groupes d'experts, Martine Aubry en faisait partie, et Édith Cresson avait tout de suite vu son potentiel.



Son discours de politique générale, le 22 mai 1991 devant les députés, fut plutôt médiocre et considéré comme raté, c'est souvent le cas car le Premier Ministre doit toujours parler de tout, ce qui reste relativement lourd. Néanmoins, avec plus de trente ans de recul, on notera quelques visions intéressantes et pertinentes.

Sur l'écologie, elle notait ainsi l'importance d'une compatibilité avec l'économie : « Je veux réconcilier l'économie et l'écologie, l'industrie et le respect de l'environnement. La notion d'environnement ne doit plus rester extérieure au processus de production, mais s'y intégrer. Je souhaite développer les industries de l'environnement. Que la France soit ainsi le champion du monde de l'industrie de la propreté par exemple dans le traitement de l'eau, est un objectif tout à fait envisageable que je serais fière de contribuer à mener à bien. La question de l'environnement est vitale : les grands risques planétaires, effet de serre, réduction de la couche d'ozone, déforestation, doivent être impérativement maîtrisés. Dans notre pays, la qualité de l'eau, le traitement efficace des déchets, la préservation de notre nature et de nos paysages sont les conditions nécessaires d'un développement durable. La question de l'environnement est en même temps stratégique, parce que la compétition technologique et commerciale se joue aussi, aujourd'hui, sur ce terrain, tant pour l'industrie et le tourisme que pour l'agriculture et les services. ». Ce discours a l'air ordinaire, mais en 1991, il était très novateur.

L'autre vision qui a anticipé l'avenir de la France, c'était bien sûr sur la construction européenne, puisque allait se négocier le futur Traité de Maastricht (qu'elle a absolument tenu à signer le 7 février 1992, aux côtés de la signature de François Mitterrand). C'était d'ailleurs la toute première phrase de son discours : « Le gouvernement que monsieur le Président de la République m'a demandé de conduire se donne un objectif prioritaire : faire réussir la France dans l'Europe de 1993 et dans le monde de l'an 2000. Je ne pense pas qu'il y ait, pour l'ensemble des Français, de tâche plus exaltante. ». Plus loin, elle est donc revenue sur l'Europe : « Il est clair que notre ambition n'est pas seulement française, elle est aussi européenne. 1993 marque une étape décisive dans la construction européenne. La France a besoin de la construction européenne pour continuer à affirmer les valeurs qui font son originalité, sa texture, sa nature. Elle a lancé de grandes idées qui aujourd'hui constituent les axes et font le poids de l'Europe. L'élaboration de l'union économique et monétaire, l'union politique se font largement sous son impulsion. On oppose parfois, et à mon sens à tort, le sentiment national à la volonté européenne. Or c'est parce que nous voulons l'Europe que la France doit apporter à sa construction la plus grande vigueur, donc être forte. Nous apportons à la construction européenne une conviction fondée sur notre histoire, notre culture, nos jours de gloire et de malheurs. Nous apportons le meilleur de nous mêmes pour l'édification d'une communauté qui devra répondre aux immenses attentes du tiers monde, aux espoirs impatients des Pays de l'Est. ».

Après son éviction le 2 avril 1992 au profit de Pierre Bérégovoy, en raison du désastre électoral du PS aux élections régionales de mars 1992, Édith Cresson s'est repliée à Châtellerault dont elle était encore la maire et conseillère générale. Elle n'a pas osé se représenter aux élections législatives de 1993, de peur d'être battue, ce qui aurait probablement été le cas car Jean-Pierre Abelin a retrouvé son siège au Palais-Bourbon dans cette circonscription très centriste, et pour une vingtaine d'années (de mars 1993 à juin 2012), battu ensuite par l'écologiste Véronique Massonneau.

Le 23 janvier 1995, François Mitterrand a nommé Édith Cresson commissaire européenne pour représenter la France avec Yves-Thibault de Silguy dans l'équipe de Jacques Santer. Ses attributions furent la Recherche, les Sciences et les Technologies. Arrivant à Matignon, Lionel Jospin a contraint Édith Cresson à démissionner de la mairie de Châtellerault pour s'occuper pleinement de ses fonctions de commissaire européenne. Néanmoins, de décembre 1997 à mars 2008, elle est restée élue adjointe au maire de Châtellerault (réélue en 2001) puis ne s'est pas représentée en 2008 (et Jean-Pierre Abelin, devenu septuagénaire, est élu et réélu maire de Châtellerault depuis mars 2008).

Son mandat européen s'est achevé le 15 septembre 1999, pas sans difficulté puisque la Commission Jacques Santer a dû démissionner le 15 mars 1999 (remplacé par l'Espagnol Manuel Marin) en raison notamment d'un scandale qui a touché Édith Cresson, accusée d'avoir fourni dans son cabinet un emploi fictif à un ami dentiste (elle fut condamnée le 11 juillet 2006 par la Cour de juste de l'Union Européenne, mais sans sanction pécuniaire).

En tant que commissaire européenne, elle est parvenue à convaincre la Commission Européenne d'attribuer un budget à une école expérimentale à Marseille en 1997 pour permettre à des enfants en échec scolaire de retrouver une nouvelle chance. Petit à petit, cette initiative a été une réussite, et en 2001, elle a créée et elle préside la Fondation pour les écoles de la deuxième chance. C'est encore son activité principale actuellement. En 1998, dans son livre "Innover ou Subir" (éd. Flammarion), elle écrivait : « L’objectif est d’ouvrir l’éventail des chances à tous et permettre à chacun, quelle que soit sa formation d’origine, de trouver sa place dans la société. Ce système permettra d’améliorer la mobilité des travailleurs, notamment entre les pays de l’Union européenne. ». Édith Cresson présente encore aujourd'hui sa fondation ainsi : « J’ai imaginé les Écoles de la 2e Chance pour permettre à des jeunes sortis du système éducatif sans diplôme ni qualification, d’acquérir les compétences nécessaires à une intégration sociale, professionnelle et citoyenne. Les Écoles de la 2e Chance ont connu un vif succès puisqu’elles accueillent aujourd’hui plus de 15 000 stagiaires sur 135 sites, implantés dans 12 régions, 59 départements et 5 régions ultrapériphériques. À la fin de leur période de formation, 60% des stagiaires connaissent des sorties positives : soit un emploi, soit l’entrée dans une formation qualifiante. Ils sont suivis, après leur sortie, par leur école. ». Au Salon du Livre de Paris, le 21 mars 2014, cette amoureuse de Proust et de Virginia Woolf précisait : « 120 000 jeunes ont pu en bénéficier ! Et la plupart avaient d'énormes difficultés avec la lecture, l'écrit, justement. Laisser un jeune à un tel niveau d'inculture, c'est le laisser désarmé face au monde ! ».

Édith Cresson a soutenu la candidature de Ségolène Royal à l'élection présidentielle de 2007. Elle a été reçue le 14 mai 2021 par Marlène Schiappa, Ministre déléguée chargée de la Citoyenneté à l'occasion du trentième anniversaire de son arrivée à Matignon. En 2022, elle a déclaré souhaiter la nomination d'une nouvelle femme à Matignon. Elle a bien entendu souhaité bonne chance à Élisabeth Borne lors de sa nomination, ajoutant qu'elle avait « toutes les qualités pour réussir ». Et répétant : « Il n'y a qu'en France qu'on s'étonne qu'une femme soit Première Ministre ! ».

Lors des Entretiens de Royaumont le 30 novembre 2018, Édith Cresson est revenue sur sa nomination à Matignon : « François Mitterrand, qui effectuait son second mandat, était malade. C’était une période difficile. On sentait que c’était la fin. Moi j’étais sortie du système. Je pensais en avoir fait le tour (…). J’ai demandé à François Mitterrand de me nommer plutôt à Bercy parce que c’est là où tout se fait. Il a refusé, m’expliquant que ce serait très difficile pour moi parce qu’ "ils" avaient l’habitude à ce ministère de faire leurs affaires entre eux. ». Elle a expliqué aussi, à propos de sa fondation : « La classe politico-administrative était fermée à tout ce qui était différent. C’était une caste. Je n’ai pu ouvrir, et encore beaucoup plus tard, une l’école de la 2e chance à Marseille uniquement parce que j’étais devenue en 1995 commissaire européen à la Recherche et à la Technologie. Je n’aurais jamais pu le faire autrement. Aujourd’hui il y 15 écoles de la 2e chance en France qui s’occupent de plus de 500 jeunes. ».

Je propose deux vidéos d'entretiens. La première le 8 octobre 2021 sur Public Sénat, où Édith Cresson racontait sa carrière politique et la seconde le 3 mars 2023 où elle présentait sa fondation.










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Sylvain Rakotoarison (20 janvier 2024)
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