Et vous, que feriez-vous en temps de guerre ?

par Abolab
jeudi 7 mars 2024

Alors que les pays de l'Union Européenne renforcent leurs arsenaux militaires et que les politiciens accentuent les divisions et les discours agressifs, depuis près d'une décennie, ils aggravent le conflit en Ukraine en fournissant armes et équipements militaires. Cette action stimule l'industrie de l'armement tout en nuisant à l'harmonie sociale désirée par tous et en gaspillant les ressources financières de la population au profit d'une approche belliqueuse. Au lieu de s'attaquer aux véritables problèmes qui affectent toute l'humanité, ces mesures favorisent un militarisme débridé. Face à cette situation, il est crucial de réfléchir, en tant que citoyens et penseurs, à notre réaction devant des gouvernements qui semblent incapables de promouvoir l'ordre, la coopération, et la paix, se résignant à la guerre comme seule issue aux conflits, ce qui constitue une impasse dangereuse et néfaste pour l'avenir de l'humanité.

Si une guerre éclate demain et que la loi sur la conscription entre immédiatement en vigueur pour vous contraindre à prendre les armes, rejoindrez-vous l'armée et crierez-vous, "Aux armes, aux armes !" ou défierez-vous la guerre ?

Vous joindrez-vous par la peur, par le conformisme ambiant à la folie de la guerre ? Ou agirez-vous en tant qu'être humain, qui a compris les causes de cette folie absurde, fonds de commerce des gouvernements et des politiciens, que celle-ci soit militaire, économique, juridique ou culturelle ?

Cette question fut posée au penseur éducateur Jiddu Krishnamurti au début du XXe siècle, lors d'une discussion publique à Adyar en Inde.

Sa réponse, pleine de bon sens, d'humanité et d'actualité, résonne à la fois dans l'esprit et le coeur comme un appel à la liberté :

Là où il y a du nationalisme, il doit y avoir la guerre. Là où il y a plusieurs gouvernements souverains, il doit y avoir la guerre. C'est inévitable. Personnellement, je ne m'affilierais pas aux activités de guerre de quelque sorte parce que je ne suis pas nationaliste, préoccupé par l'esprit de classe ou possessif. Je ne m'enrôlerais pas dans l'armée ni n'apporterais mon aide de quelque manière que ce soit. Je ne rejoindrais aucune organisation qui existe simplement dans le but de soigner les blessés et de les renvoyer sur le champ de bataille pour qu'ils soient blessés à nouveau. Mais je viendrais à une compréhension de ces questions avant que la guerre ne menace.

Maintenant, pour le moment du moins, il n'y a pas de guerre réelle. Lorsque la guerre arrive, une propagande incendiaire est faite, des mensonges sont racontés contre l'ennemi supposé ; le patriotisme et la haine sont attisés, les gens perdent la tête dans leur dévotion supposée à leur pays. "Dieu est de notre côté", crient-ils, "et le mal avec l'ennemi." Et à travers les siècles, ils ont crié ces mêmes mots. Les deux côtés se battent au nom de Dieu ; des prêtres des deux côtés bénissent - idée merveilleuse - les armements. Maintenant, ils béniront même les avions de bombardement, tellement sont-ils consumés par cette maladie qui crée la guerre : le nationalisme, leur propre sécurité de classe ou individuelle. Alors que nous sommes en paix - bien que "paix" soit un mot étrange pour décrire la simple cessation des hostilités armées - tandis que nous ne nous tuons pas réellement sur le champ de bataille, nous pouvons comprendre quelles sont les causes de la guerre, et nous dégager de ces causes. Et si vous êtes clair dans votre compréhension, dans votre liberté, avec tout ce que cette liberté implique - que vous puissiez être fusillé pour avoir refusé de vous conformer à la folie de la guerre - alors vous agirez véritablement lorsque le moment viendra, quelle que soit votre action.

Donc, la question n'est pas ce que vous ferez quand la guerre viendra, mais ce que vous faites maintenant pour prévenir la guerre. Vous qui me critiquez toujours pour mon attitude négative, que faites-vous maintenant pour éliminer la véritable cause de la guerre elle-même ? Je parle de la vraie cause de toutes les guerres, pas seulement de la guerre immédiate qui menace inévitablement tant que chaque nation accumule des armements. Tant que l'esprit de nationalisme existe, l'esprit de distinction de classe, de particularité et de possessivité, il doit y avoir la guerre. Vous ne pouvez pas l'empêcher. Si vous faites vraiment face au problème de la guerre, comme vous devriez le faire maintenant, vous devrez prendre une action définie, une action positive ; et par votre action, vous aiderez à éveiller l'intelligence, qui est le seul moyen de prévenir la guerre. Mais pour faire cela, vous devez vous libérer de cette maladie de "mon Dieu, mon pays, ma famille, ma maison".

Jiddu Krishnamurti, Volume 1, L'art de l'écoute, 2 janvier 1934

Il semble qu'aussi longtemps que les civilisations glorifieront les barbares qui tuent pour défendre leurs idéaux, leurs biens, leurs territoires, leurs Dieux, l'humanité s'enchaînera aux ravages de la division, du conflit et de la guerre.

Dans la guerre, il n'y a aucune liberté, aucune égalité, aucune fraternité, aucune humanité. L'on se demande donc comment les idéaux de la France peuvent-ils être dévoyés à ce point par les politiciens faiseurs de guerre, et constitutionnellement irresponsables de leurs actions. Les idéaux ne valent rien s'ils ne sont actuellement incarnés dans les actions.

La paix demande de la responsabilité, de l'ouverture d'esprit, de la compassion, autant de choses qu'aucun des politiciens en quête de pouvoir et d'autorité, ou qu'aucun des suiveurs élisant ces politiciens et déléguant par la même leurs pensées et actions à autrui, ne sont manifestement capables d'incarner par eux-mêmes.


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