Le rocher de Sisyphe américain

par Dr. salem alketbi
mercredi 17 avril 2024

Il n’a jamais été aussi évident que l’administration Biden n’a pas d’autre stratégie pour faire face à la menace iranienne. Malgré les rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique confirmant que Téhéran viole les règles en matière d’enrichissement de l’uranium, et malgré le comportement iranien qui nuit directement aux intérêts américains au Moyen-Orient, puisque l’Iran fait la guerre en Irak et au Yémen par l’intermédiaire de milices terroristes qui lui sont fidèles, le gouvernement américain continue de s’appuyer sur des réunions secrètes organisées par divers pays de la région pour discuter des problèmes avec l’Iran.

Selon des rapports américains récents, un dialogue irano-américain s’est tenu récemment grâce à la médiation d’Oman et s’est concentré exclusivement sur la question de la levée des sanctions occidentales à l’encontre de l’Iran. Selon les Etats-Unis, le dialogue a également porté sur l’arrêt des attaques du groupe houthi Ansar Allah dans la mer Rouge.

Les rapports des médias n’ont pas besoin d’autre confirmation que la prolongation de la décision d’alléger les sanctions contre l’Iran afin qu’il puisse bénéficier des avoirs gelés de plus de 10 milliards de dollars, ce qui confirme la position inchangée de l’administration Biden malgré les événements de ces derniers mois. Indépendamment de l’objectif du dialogue, l’administration Biden a tenté, depuis son entrée en fonction, d’engager un dialogue avec l’Iran dans l’espoir qu’il contribue à une percée sur d’autres questions. Cette approche a conduit à un désastre diplomatique pour les Etats-Unis.

Mais la Maison Blanche s’y tient en l’absence d’une stratégie alternative pour traiter avec l’Iran, malgré les nouvelles de tentatives d’apaisement envers l’Iran ou de discussions indirectes avec lui qui renforcent actuellement l’idée dominante de l’échec et de l’incapacité des Etats-Unis à défendre leurs intérêts stratégiques au Moyen-Orient.

La demande faite à l’Iran d’aider à stopper les attaques des Houthis, après confirmation officielle des Américains, révèle l’échec de la coalition de l’opération Prosperity Guardian que les Etats-Unis ont formée à la hâte pour repousser les attaques et protéger le corridor commercial de la mer Rouge.

Elle confirme également la justesse de la position des pays qui n’ont pas participé à cette coalition, non seulement parce qu’elle n’a pas atteint son objectif, mais aussi parce que Washington, comme à son habitude ces dernières années, a abandonné ses alliés et a mené un dialogue solitaire avec l’Iran sans discuter avec eux ni considérer l’impact d’une telle approche sur leurs intérêts et leur sécurité. Les actions de l’administration du président Biden renforcent sans aucun doute les avantages stratégiques de l’Iran dans la guerre de Gaza. En outre, elles renforcent le rôle de l’Iran en tant que moteur régional des événements, plutôt que de faire face à ce rôle et de restreindre Téhéran et ses mandataires.

De plus, un dialogue avec l’Iran sur l’arrêt des attaques des Houthis est une reconnaissance qui légitime la relation armée de Téhéran avec les terroristes Houthis - un aveu américain de fait accompli qui limite l’efficacité de la dissuasion. D’autre part, elle contribue à renforcer le sentiment de force et de victoire du régime iranien et sa capacité à atteindre ses objectifs stratégiques au Moyen-Orient. Par ailleurs, ce comportement américain porte atteinte à la sécurité d’Israël et reflète l’incapacité des Etats-Unis à protéger Israël autrement que par le dialogue avec Téhéran.

Ce problème affecte également la crédibilité et la réputation des Etats-Unis. Alors que le président Biden s’adressait au peuple américain dans son discours sur l’état de l’Union pour dissuader l’Iran et mettre fin à sa menace en affrontant les milices terroristes houthies, ses représentants négociaient avec les Iraniens un accord qui leur permettrait d’atteindre ce même objectif. Le dialogue irano-américain n’a pas été interrompu depuis l’entrée en fonction du président Biden. Mais à l’heure actuelle, compte tenu des circonstances et de l’environnement régional dans lequel il se déroule, il semble très révélateur.

Cependant, il semble que le président Biden soit pleinement convaincu de la difficulté de contrer la menace iranienne par d’autres moyens que le dialogue. Cela contribue à encourager Téhéran à poursuivre son comportement sans crainte ni inquiétude.

Sans une stratégie de dissuasion américaine capable de traiter avec l’Iran, les États-Unis ne seront pas en mesure de contenir les milices terroristes.


Lire l'article complet, et les commentaires