A Copenhague, la (petite) sirène d’alarme a été tirée...en vain
par olivier cabanel
samedi 19 décembre 2009
Toutes les craintes soulevées avant ce nouveau sommet sont aujourd’hui fondées. Ceux qui espéraient des actes n’ont eu que de vagues promesses
Le 11 mai 1971, 2200 scientifiques de 23 pays criaient déjà dans le désert, nous mettant en garde « contre le danger sans précédent que fait courir à l’humanité la civilisation industrielle ».
René Dumont, premier candidat présidentiel écolo, avait lancé dès 1974 un cri d’alarme.
Il nous a quitté en 2001, et doit se retourner dans sa tombe, en découvrant les pitoyables soubresauts mondiaux de ceux qui prétendent sauver la planète.
A l’époque les messages écologiques faisaient sourire, et Dumont n’avait récolté qu’1,32% des voix. lien
Il demandait, il y a 40 ans : « quelle terre laisserons-nous à nos enfants » ?
Aujourd’hui, les sarcasmes ont fait place à l’inquiétude, et tout le monde, à part Claude Allègre, qui aime marquer sa différence, commence à redouter les conséquences du réchauffement planétaire. lien
Le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution climatique) a élaboré un certain nombre de modèles afin de comprendre ce qui pourrait arriver si nous n’agissions pas tout de suite. lien
Une étude parue dans la revue « Nature » en janvier 2004 estime que 15 à 37% de l’ensemble des espèces sont menacées d’extinction à cause de la modification de leur habitat naturel si la température s’élève de 1,8° à 2°, ce qui représente près d’un million d’espèces végétales et animales. lien
Une augmentation moyenne de 2 degrés est suffisante (lien) pour provoquer une montée des eaux jusqu’à 70 à 80 mètres s’il y a fonte totale des calottes glaciaires, et des glaciers.
L’OMM (organisation météorologique mondiale) s’inquiète : « le nombre de ces phénomènes n’a cessé de croître ces dernières années » évoquant la canicule, la pénurie d’eau douce, les tempêtes et inondations un peu partout dans le monde et les 562 tornades qui ont touché les Etats Unis.
A Copenhague, le débat portait sur 4 points :
Réduire les GES (gaz à effet de serre).
Mais limiter les GES au seul gaz carbonique est une erreur, puisque le méthane est 23 fois plus actif en qualité de GES que le gaz carbonique.
La taxe carbone (son prix espéré de 40 € /la tonne à chuté à 10 €) n’est pas de toute façon une réponse écologique acceptable : comment peut-on « acheter le droit de polluer » ?
La tonne de co2 était envisagée à 45 euros. lien et aujourd’hui elle voisine les 10 €.
Et même sur le seul carbone, les promesses de réductions sont plus que modestes.
Une diminution de 40% d’ici 2020 par rapport à 1990 était le minimum visé.
On le voit, on est très loin du compte.
Autre point évoqué : arrêter la déforestation.
Il faut savoir qu’elle entraîne la progression des GES de 20%.
Or, non seulement aucune décision de programmer cet arrêt n’a été prise, on a seulement évoqué la possibilité de mettre en place une autorité de surveillance, afin de contrôler cette déforestation.
Là aussi on est loin du compte.
Ensuite, il était question de permettre aux pays pauvres le remplacement des énergies fossiles polluantes par des énergies renouvelables et propres.
Pour cela une aide mondiale de 100 milliards annuels était le minimum.
Le résultat obtenu est pitoyable : 30 milliards !!
Et pour finir, il fallait surtout décider que le nucléaire n’était pas une réponse adaptée au réchauffement climatique.
Tout d’abord, il s’agit d’une énergie fossile, et ensuite, il produit du CO2. lien
Si l’on ajoute à cela l’impossibilité aujourd’hui de traiter le problème des millions de déchets produits (en France 2 millions de tonnes) et les retombées dramatiques d’un éventuel nouveau Tchernobyl, on comprend qu’il fallait à tout prix la bannir comme solution.
Copenhague est donc un échec.
110 pays ont promis, comme ces sportifs en panne d’imagination, « de faire mieux la prochaine fois », et de se revoir dans un an, à Mexico.
De toute façon, il aurait fallu réagir il y a 40 ans.
Sarkozy, vert de colère feinte, a tapé de ses petits poings sur la table, mais à défaut de faire tomber les murs à Berlin comme il a tenté de le faire croire, il essaye surtout de faire tomber les verts, dans le seul espoir de permettre à son parti, l’UMP, un score acceptable au prochain scrutin régional, en grappillant quelques voix aux écolos.
Car comme disait un vieil ami africain : « Le tronc d’arbre à beau séjourner longtemps dans l’eau, il ne deviendra jamais crocodile ».