L’énergie solaire chez soi
par isabelle delannoy
lundi 14 juin 2010
Habitués d’eco-echos, vous n’êtes peut-être pas au courant : je réalise depuis quelques mois les chroniques « planète » de l’émission de Stéphane Bern « Comment ça va bien ? », une quotidienne de l’après-midi sur France 2. Il est temps que je vous en informe quand même ;) !
Pour ceux qui ont vu les chroniques sur France 2 et viennent en savoir davantage ici, bienvenue sur eco-echos, mon blog que j’ai commencé en 2005.
L’idée de mes chroniques de « Comment ça va bien ? » est de partager mes pratiques d’écolo au quotidien et de répondre à des questions pratiques. Je vais désormais les prolonger sur ce blog, plus adapté pour les compléter sur le fond. Je reprendrai aussi peut-être certaines chroniques passées, qui sont toujours visibles sur le site de l’émission. Mais commençons déjà par les plus récentes. Hier, je parlais de l’énergie solaire au quotidien.Au programme ici : les panneaux solaires, les aides de l’état, le potentiel des économies d’énergie, et l’emploi ! :)
Alors j’ai fait une petite chronique sur ce qui pouvait déjà être disponible en solaire et intégrable tout de suite dans la maison : lampes, surtout de jardin, chargeurs d’appareils tels les téléphones ou les appareils photo, sous forme indépendante ou intégrée à des sacs, radios.... Car un tas de brillants cerveaux s’ingénient à fabriquer des objets qui ont pour seule source d’énergie, ce bon vieux soleil. Les objets commencent à être nombreux, même s’il faut l’avouer le design n’est pas toujours au rendez-vous. Mais ce n’est qu’une question de temps. Les prix commencent aussi à baisser.
L’énergie solaire photovoltaïque a un avantage incomparable : elle produit de l’électricité là où elle se trouve. C’est un bond en avant pour fournir l’électricité dans les sites isolés et notamment dans les pays pauvres (20 % de la population mondiale ne disposent toujours pas d’électricité) sans avoir à fournir les investissements d’infrastructures liés au transport de l’énergie. Et même dans nos villes, cela pourrait produire des applications assez sympathiques, comme ces lampadaires-arbres solaires** :
Il existe deux grands types de panneaux solaires : ceux qui produisent de l’électricité, les photovoltaïque (comme les objets qui précèdent) et ceux qui produisent de la chaleur.
Les panneaux photovoltaïques transforment l’énergie du soleil en impulsion électrique qui alimente directement votre habitat si vous êtes en site isolé loin du réseau électrique. Sinon, il se raccorde au réseau général. En fait vous revendez l’électricité produite et vous vous alimentez sur le réseau général. D’un point de vue de consommateur, l’électricité que vous revendez est plus chère que celle que vous achetez. D’un point de vue d’écocitoyen, cela permet d’augmenter la part d’énergie renouvelable dans le réseau de distribution électrique.
L’investissement est coûteux : 1000 € par m2. Pour favoriser les installations, le gouvernement offre de nombreuses aides pour les particuliers : Réduction sur la TVA, et surtout le crédit d’impôt, prenant en charge 50 % de l’investissement. Le crédit est plafonné à 16.000€ pour un couple. Ce montant est majoré de 400 € par personne à charge. Si vous êtes intéressés, renseignez vous aussi auprès de votre région, car certaines régions apportent des aides supplémentaires.
Le retour d’investissement se fait donc théoriquement en une dizaine d’année.
Beaucoup moins cher, le panneau solaire thermique, il ne produit pas d’électricité mais est très utilisé pour approvisionner une maison en eau chaude.
Sa surface noire concentre la chaleur du soleil. L’énergie récupérée est absorbée par un fluide caloporteur (qui transporte la chaleur) qui circule dans des canalisations jusqu’au ballon d’eau chaude où il restitue la chaleur. Le ballon peut ainsi stocker l’eau chaude produite, il n’est pas nécessaire de tout consommer pendant les heures d’ensoleillement. Cela couvre environ 50 % à 70 %des besoins d’eau chaude, ce qui permet déjà beaucoup d’économie.
Son prix oscille entre 1000 et 1300 euros avec le ballon pour couvrir les besoins d’une famille de 4 personnes. Comme pour le photovoltaïque, les crédits d’impôts et la baisse de TVA fonctionnent si vous faites installer par un artisan agréé. Certaines régions apportent là aussi des aides complémentaires.
Demain, mes rideaux et mon papier peint solaire ?
Mais ces panneaux ne sont rien en comparaison avec ce qui nous attend demain ! Car le secteur des énergies solaires est un des plus créatif aujourd’hui en recherche et développement. Les cellules solaires se font de plus en plus souples et fines. Aujourd’hui, certaines sont d’ores et déjà mi organiques mi minérales et permettent d’ouvrir de nouveaux champs techniques. Rideaux, baies vitrées, peintures, papiers peints... la production d’énergie solaire pourrait intégrer de nombreux matériaux. Néanmoins, on leur trouvera peut-être d’autres inconvénients, notamment parce que certaines de ces matières font intervenir les nanotechnologies et ce qui dépolluera d’un côté, risque de polluer de l’autre !
Penser économie !
Mais après tout, l’énergie la moins chère et la moins polluante n’est-elle pas celle que l’on ne consomme pas ? !
La règle dès que l’on parle d’énergies renouvelables, c’est d’abord de penser économies d’énergie. Ainsi, si vous décidez de vous équiper en panneaux solaires, cela ne servira pas à grand chose si vous avez toujours votre très vieux frigo ultra-consommateur d’énergie ou la machine à laver que votre maman a eu jeune fille qui lave avec tant d’eau qu’il faut des quantités énormes d’électricité pour la chauffer. Ainsi, moins vous aurez d’appareils dévoreurs d’énergie, moins vous aurez besoin de panneaux solaires et plus votre équipement sera rentable. Il faut s’équiper en électroménager de classe énergétique A.
Certains experts estiment qu’aujourd’hui au niveau mondial, le gaspillage énergétique est de l’ordre de... 50 % ! Cela veut dire qu’avec des améliorations technologiques et structurelles, le même confort est atteignable avec moitié moins d’énergie. Ainsi, le seul fait aujourd’hui que notre production d’électricité soit très centralisée au niveau de quelques "centrales électriques" (pour 78% nucléaires en France) entraîne la perte de 20 % d’électricité dans son seul transport. Le plus gros potentiel énergétique aujourd’hui est ainsi d’aller à la chasse au gaspillage et de traquer l’énergie perdue partout. L’Union Européenne l’a d’ailleurs mis dans son agenda car le "paquet climat énergie" a pour objectif : 20% d’économie d’énergie, 20 % d’énergie renouvelable et 20 % de diminution de gaz à effet de serre.
Ce concept de l’énergie non consommée est passionnant. C’est celui des negawatt. Si vous souhaitez en savoir davantage, 350 professionnels de l’énergie se sont rassemblés en une association, l’association Negawatt qui informe, forme et recherche.
Des emplois... quand on fait le choix d’investir
Les énergies renouvelables sont de très grands secteurs d’emplois, en recherche, en fabrication (ce sont des industries lourdes, comme l’éolien par exemple), et en utilisation. Plus les énergies sont décentralisées, plus elles favorisent l’emploi. Car elles vont aussi avec une économie de service d’emplois non délocalisables. L’Allemagne, l’un des pays pionniers en la matière a créé ainsi plus de 500 000 emplois en développant ce secteur (pour télécharger l’étude (pdf en allemand : ici
, pour lire un résumé (en français !) : ici). Elle continue d’investir. La Chine et les Etats-Unis sont aujourd’hui aussi dans le peloton des investisseurs.
Notes
*Pour la petite histoire, l’AIE a mis du temps à accepter que le pic de la production de pétrole était pour bientôt (dans la décennie qui vient s’il ne s’est pas déjà produit). cela fait pourtant des années que les experts indépendants -le plus souvent des retraités des grandes compagnies pétrolières (regroupés au sein de l’association de l’ASPO) alertent sur ce "peak oil", où la production décrochera de la consommation : le pétrole devienra alors de plus en plus cher. Depuis trois ans environ, l’AIE enjoint les d’Etats à diversifier leurs ressources énergétiques et notamment à investir dans les énergies renouvelables. Quand l’AIE déclare cela, c’est que la situation devient sérieuse....
** source image et infos complémentaires :bvp ecotec 3000