Le Spitzberg converti en coffre-fort international de semences végétales
par Henry Moreigne
jeudi 22 juin 2006
Détrompez-vous, il ne s’agit pas du scénario d’une superproduction hollywoodienne, mais d’un projet scientifique de première importance. La paternité en revient à Cary Fowler, chef du Fonds fiduciaire mondial pour la diversité des cultures, une organisation indépendante, méconnue du grand public, qui oeuvre pour la diversité végétale.
Pour ce scientifique, l’humanité doit prendre toutes les précautions pour éviter la disparition d’espèces végétales essentielles. Cette idée, un peu folle, a germé dans son esprit dans les années 1970, après qu’il eut lu les travaux d’un botaniste, Jack Harlan, qui soulignent l’importance des cultures végétales. Or, depuis le XIXe siècle notamment, de nombreuses variétés disparaissent et, sans diversité génétique, ce sont les espèces elles-mêmes qui sont de plus en plus menacées.
Bien qu’il existe déjà plusieurs banques de gènes dans le monde, ces dernières ont un statut commercial et ne présentent pas de garanties suffisantes de protection des éléments déposés. D’où l’idée de créer une "chambre forte du jugement dernier", une arche de Noé végétale au coeur du sanctuaire arctique.
Les travaux, de 3 millions de dollars, ont déjà commencé sur l’archipel norvégien du Svalbard, financés par la Norvège qui en assumera également la gestion. La future chambre froide, enfouie dans la roche, pourra accueillir derrière sa porte blindée et ses murs en béton d’un mètre d’épaisseur jusqu’à 3 millions d’échantillons. Le froid naturel des lieux devrait en garantir la conservation, pendant plusieurs siècles, même en cas d’arrêt du système de refroidissement.
Les semences entreposées resteront la propriété de leur pays d’origine. Une opportunité importante pour les pays économiquement faibles qui n’ont pas toujours les moyens de conserver leurs semences dans de bonnes conditions. Au grand dam des semenciers privés, et des producteurs d’OGM.