Les gendarmes et le baobab
par Christian Le Meut
lundi 21 novembre 2005
La publicité envahit nos espaces quotidiens. Un collectif de citoyens, les Déboulonneurs, vient de se monter pour contester l’invasion publicitaire. Il y a quelques semaines, j’ai été surpris en venant de Lorient à Hennebont (Morbihan), par l’avenue de la République : il y avait un baobab sur la gendarmerie ! Pas un vrai baobab, ni même un tag, non, un panneau publicitaire pour une grande surface de jardinage... Et un panneau publicitaire énorme. En fait, il était installé dans le jardin de voisins de la gendarmerie, mais suffisamment près pour qu’on puisse le croire installé sur les murs de ce bâtiment public.
Or, on voit peu de publicité, sur les bâtiments publics, et c’est heureux. Cela doit être, probablement, interdit. Imaginez donc des panneaux publicitaires sur les gendarmeries, pour des marques d’alcool par exemple, cela pourrait faire jaser. Ou encore pour des marques de voitures. “Avec les véhicules machin, les criminels sont arrêtés plus rapidement !” ou “Les 4-4 bidules facilitent la vie de nos gendarmes !”... La pub envahit nos vies quotidiennes, pas encore jusque-là, heureusement.
Mais
on s’en approche peut-être doucement, du moins dans ma belle ville
d’Hennebont. Là, au début de cette année, j’ai remarqué un drôle de
véhicule réfrigéré, bariolé partout, avec des marques dessus, et qui
s’arrêtait tous les jours près de chez moi... Je ne l’avais jamais
remarqué auparavant, et j’ai appris, quelque temps plus tard, qu’il
s’agissait d’une voiture du CCAS... Oui, le centre communal d’action
social. Les responsables du CCAS, dont le maire fait partie, ont eu
l’idée lumineuse de financer l’achat d’un véhicule réfrigéré par de la
publicité, peinte ou collée dessus. Les personnes chez qui les repas sont
livrés tous les jours apprécient-elles un tel tapage publicitaire, et
aussi peu de discrétion ? Il n’est pas certain qu’on leur ait demandé
leur avis... Ce véhicule du CCAS livre également des repas dans les
écoles. La pub fait ainsi une entrée de plus dans les espaces scolaires
hennebontais. Merci donc au CCASP, Centre communal d’action sociale et
publicitaire.
Hennebont est une ville dirigée depuis quelques
décennies par des élus de gauche (communistes et socialistes). Des élus de droite oseraient-ils
aller aussi loin ? Pourquoi pas de la pub sur les remparts, ou sur la
basilique, pour en financer les travaux de restauration ? Ou sur
l’église de Saint Caradec, fermée, et dont on ne sait pas quand elle
sera restaurée, ni si elle le sera un jour ? Mais je m’arrête là, parce qu’on
ne sait jamais, certains pourraient prendre ces idées au sérieux, du
côté de la municipalité hennebontaise...
La publicité envahit notre vie quotidienne. Elle pollue les paysages de nos villes et nos campagnes avec ses panneaux énormes, qui font tâches. Un collectif de citoyens vient de se créer pour organiser des actions contre ce type de publicité. Le “collectif des déboulonneurs”, c’est son nom, propose d’organiser des actions publiques de désobéissance civile en barbouillant ces panneaux publicitaires à des moments précis, en avertissant la presse et en assumant publiquement ses actes. C’est illégal, mais il s’agit de faire pression sur le gouvernement afin qu’il édicte des règles limitant la surface de ces panneaux publicitaires. Ce collectif ne veut pas interdire la publicité, mais en limiter les effets négatifs. Les renseignements peuvent être demandés au Collectif des déboulonneurs, 24 rue Louis Blanc, 75010 Paris (lire également la note du 2/11 où les déboulonneurs se présentent eux-mêmes).
Un peu moins de pub dans nos vies quotidiennes, cela ne nous ferait pas de mal, non ?