Sarko l’Américain

par Henry Moreigne
vendredi 15 septembre 2006

 S’il est une chose à laquelle Nicolas Sarkozy ne sait résister, c’est bien à l’attrait américain. Fin politique et quelque peu retors, le président Chirac a exploité la faille en envoyant son ministre de l’Intérieur, en lieu et place du ministre des Affaires étrangères, représenter la France aux cérémonies commémoratives du 11 septembre. Pas sûr, en effet, que la proximité de l’homme de Neuilly et de celui de la Maison-Blanche soit électoralement très porteuse.

Nicolas Sarkozy a, pour les USA, sinon les yeux de Chimène, du moins ceux d’un gosse émerveillé. La très médiatique photo de sa poignée de main avec G. Bush est saisissante. Le Français accomplit un rêve et semble sous la totale emprise d’un hôte raillé par une partie de la planète pour son manque d’épaisseur comme homme d’Etat.

Selon la presse américaine, N. Sarkozy est le Français qui aime le plus l’Amérique, mais aussi, selon le New York Times, celui "qui veut secouer le pays européen le plus conservateur" en insérant une bonne dose d’américanisme.

Atlantiste jusqu’au bout des ongles, aux antipodes "d’une certaine idée de la France" et des valeurs gaulliennes, le président de l’UMP endosse volontiers les habits de la politique étrangère américaine, en reniant, au passage, le non-alignement français sur le dossier irakien. De la même façon, il n’hésite pas à faire part des ses sentiments pro-israéliens rappelant, c’est une première, que l’un de ses grands-parents était juif. En ce faisant, N. Sarkozy est logique avec lui-même. Il s’inscrit pleinement dans son programme dit de rupture, en tout cas du moins avec une politique étrangère française considérée depuis plusieurs décennies comme pro-arabe.

Cloîtré dans son palais de l’Elysée, le président Chirac peut savourer. Le pire ennemi de Sarkozy, c’est Sarkozy lui-même et son empressement affiché. Il suffisait d’y penser.


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