Tous contre Bayrou : M. Sarkozy pour qui voterez-vous ?

par Yann Riché
vendredi 9 mars 2007

Le tous contre Bayrou se poursuit avec en toile de fond l’impossibilité de faire voler en éclat le clivage droite-gauche. Vincent Beaufils dans Challenge est à ce titre l’archétype de la pensée dominante qui n’a pas vu venir le phénomène Bayrou.

Dans son édito de la semaine les deux "craintes" qu’il évoque sont le signe manifeste d’une adhésion consciente ou non mais définitive à son impossibilité de sortir du système bipolaire, c’est aussi la reprise des thèmes développés par l’UMP pour contrer l’irréaliste Bayrou.

Ainsi pour Vincent Beaufils l’union nationale n’est pas possible (mais il n’imagine sans doute pas possible de voir des candidats estampillés "UDF" dans chaque circonscription) et la fin du clivage droite / gauche est une menace écrit-il car c’est, en cas d’échec, l’impossibilité d’avoir une alternative aux extrémismes.

Ce n’est pas particulièrement envers l’éditorialiste de Challenge que j’en ai mais au fond envers ceux qui veulent décider à notre place.
C’est surtout de nous dire d’un côté que les réforme ne sont pas possibles car les Français ne sont pas prêts au changement et de l’autre que quand les Français poussent au changement en voulant bousculer le système que cela n’est pas possible car le système fonctionne bien comme ça. (Mon explication à cela est peut être trop simple : le système naturellement se met, dans une combinaison de réflex Pavlovien et de syndrome de Stockholm, en position défensive et se met à aimer, même ce qu’il déteste, dans ce système).

Ainsi par exemple :


A contrario, la "zénitude" de Bayrou qui prend et absorbe les coups est conforme à ce qu’il avait annoncé "pas de coups bas".


A défaut de réellement contrer Bayrou l’UMP tente alors de montrer que le centriste est seul. Le ralliement préparé de Simone Veil est éloquent. Malgré tout le respect que nous devons à Mme Veil, il n’a échappé à personne que son ralliement à Sarkozy a pour objectif de montrer que le centre est à droite et non chez Bayrou. "Bayrou ne représente que lui, dit-elle, c’est qu’elle n’a pas compris qu’au contraire Bayrou incarne ceux qui, démocrates et républicains ne se sentent pas représentés par les autres candidats et trouvent dans le discours et programme du centriste une alternative.

 Et manque de chance Bayrou a une cote de sympathie (60%) supérieure à celle des deux autres candidats et toute attaque contre lui ou son projet a un effet boomerang quasi immédiat.

Mais voilà, M. Sarkozy et Mme Royal ont maintenant tous deux une inquiétude de taille : ne pas être au second tour.

Le risque est grand et je le crois il est beaucoup plus grand pour Nicolas Sarkozy que pour Ségolène Royal.

En effet pour les électeurs (pas le personnel politique) du centre droit, la manoeuvre de Sarkozy sur les parrainages est très contestable car il fait usage ainsi de l’extrêmisme comme arme politique. Les électeurs l’ont déjà vécu une fois, ils ne souhaitent pas le revivre. Celui qui risque le plus à la manoeuvre est donc l’initiateur de cette manoeuvre.

Le deuxième point qui peut mettre Nicolas Sarkozy gravement en difficulté ce sont les banlieues. Il a réussi une visite à Perpignan dans le plus grand secret, bel exploit en effet pour un Ministre de l’Intérieur. Il souhaite coute que coute "réparer" son image, mais il n’en a pas réellement la possibilité, la situation dans les cités se caractérisant actuellement par un regain de tensions proche du niveau de tension qui a précédé les émeutes de 2005. Donc, il est bien placé pour le savoir, soit il réussit une visite dans une cité calme, soit il n’y va pas et se discrédite.

Le troisième point réside dans les campagnes réalisées par Bayrou et Royal, ils ont sillonné la France, ils ont pris le temps d’écouter les Français. Si Royal est coincée maintenant par le PS, Bayrou est libre de son parti, et a contrario, Sarkozy n’a pas fait ce travail d’écoute de façon aussi prononcée.

Maintenant enfin que Bayrou parait, grâce aux sondages, en position d’être présent au deuxième tour, et surtout de l’emporter quelque soit le duel final, le vote utile ne sera pas forcément là où on l’attend.

D’accord la force de frappe de l’UMP est encore forte, on ne recule devant rien pour réussir la conquête du pouvoir, mais l’électorat du centre bouge, ceux qui rejettent l’Etat UMP, ceux qui n’ont que peu de sympathie pour Sarkozy sont nombreux. Ils pourraient alors choisir le moindre mal, choisir un homme qui rassure.

J’aimerais alors pour conclure, et pour faire mon journaliste, poser la question à M. Sarkozy.

Si le 22 avril vous n’êtes pas qualifié, M. Sarkozy, pour qui voterez vous le 6 mai 2007 ?


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