Un débat sous pression...

par Babar
jeudi 26 avril 2007

Le débat entre François Bayrou et Ségolène Royal aura lieu. Pas devant la Presse Quotidienne Régionale, mais à la télé, samedi prochain à 11H en direct et en clair sur Canal+ et sa chaîne d’information i-Télévision. La candidate socialiste soupçonne « quelques pressions » pour que cette rencontre entre les représentants de la gauche et du centre ne se fasse pas. Sarkozy pour l’occasion a même envoyé au combat les anciens amis de Bayrou. Drôles de méthodes de séduction pour un candidat qui, tout autant que son adversaire, a besoin des voies du centre pour accéder à la présidence.

On savait que cette campagne d’entre deux tours allait être très serrée. On se rapproche maintenant d’une vraie confrontation. Projet contre projet. A mesure que le temps passe on s’aperçoit que Ségolène Royal revient au grand galop et est plus que jamais déterminée à se dessiner une stature de Chef d’Etat. Alors qu’on ne sait plus où est et où en est Sarkozy. Son image se brouille. Comme si ce que certains avaient prédit de longue date, l’explosion en plein vol de Nicolas Sarkozy, était en train de se produire. Une dynamique se dessine que le candidat de droite n’avait pas imaginée réalisable. La cristallisation s’opère. L’ « arbitrage » de François Bayrou n’y est pas étrangère. Mais le coup de pouce du destin, celui qui d’une pichenette a peut-être fait pencher la balance, est venue précisément de Nicolas Sarkozy. Rebondissement ? On en n’attendait pas tant.

Les faits sont exposés dans Libération. Rappelons simplement qu’hier, à l’issue de la conférence de presse de François Bayrou, ce dernier accepte la proposition de Ségolène Royal d’un débat. Royal avance l’idée que cela pourrait se dérouler devant la Presse Quotidienne Régionale (PQR). Mais... refus presque outré du Syndicat de la PQR.

Pourquoi donc ? Qu’est-ce qui peut motiver une telle fin de non-recevoir ? Un débat entre ces candidats qui a eux deux représentent environ 43% des électeurs (18% + 25%) va t-il donc diminuer l’audience des titres de la PQR ? Certainement pas. Alors ? La PQR aurait-elle subit des pressions venues « d’en haut », comme le suggère Ségolène Royal ?

Il faudra le démontrer et nous comptons bien sûr sur les médias pour nous éclairer. Mais si cela est vrai, d’où ces pressions pourraient-elles venir ? Certainement d’un homme bien formé à l’école de Charles Pasqua.

Quoi qu’il en soit, en une matinée Sarkozy a réussi à bâtir contre lui, tout seul comme un grand, un front du refus structuré et crédible. Que les sympathisants dogmatiques de Sarkozy viennent expliquer le contraire. Il leur faudra de solides arguments. Le pire n’est d’ailleurs pas là. Le débat aura lieu. Y sont même invités les journalistes de la PQR qui le souhaitent. Il ne manquerait plus qu’ils viennent nombreux pour démontrer que cette affaire est réellement une sale affaire.

L’UMP s’affole. Nicolas Sarkozy s’affole. Pour faire diversion il envoie en première ligne les anciens copains de Bayrou déguisés en porte-flingues : Gilles de Robien qui déclare qu’il est « « irresponsable » et « immoral » de la part du candidat centriste « de laisser en rase campagne » ses 6,8 millions d’électeurs ». André Santini qui parle d’un débat « antidémocratique » et même « anticonstitutionnel », rien que ça ! Il faudra expliquer à M. Santini qu’un débat est par nature démocratique. Ce dernier aura tout le temps de regarder dans son dictionnaire après le 6 mai. En attendant, il peut toujours demander ce qu’est un débat à Nicolas Sarkozy, lui qui les redoute tant.

Les élections présidentielles ne sont pas, quoiqu’en dise l’ex-ministre de l’Intérieur, une finale de coupe du monde. En l’occurrence, celui qui a été « éliminé » dimanche représente tout de même près de sept millions de français. Réservoir de voix non négligeable. Est-ce que sérieusement dimanche 6 mai les électeurs de Bayrou iront se jeter dans la gueule de ce loup qui pour nous faire croire qu’il a changé se serait déguisé en grand-mère ?

Cette droite, son champion l’avait paraît-il transformée en un mouvement moderne, libéral, jeune, dynamique. Mais ce n’était qu’une parure. Nicolas Sarkozy imaginerait-il, selon les termes de Guy Mollet, "la droite la plus bête du monde" ?

NDLR 19h : A cause des contraintes du CSA, Canal+ se voit obligé d’annuler le débat. Comme le souligne La Tribune, "Plus tôt dans la journée, Claude Guéant, directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, avait soulevé le lièvre en soulignant qu’il y aura un problème de compensation des temps de parole en faveur du candidat UMP".

AgoraVox est toujours disposé à participer à l’organisation du débat sur Internet et l’a déjà communiqué au PS et à l’UDF.


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