Une définition de libéral par un libéral
par un_passant
mercredi 14 février 2007
Pourquoi, malgré une adhésion à des valeurs que la gauche reconnaît aussi, je ne pourrai jamais, en mon âme et conscience, voter à gauche, et pourquoi je ne me culpabilise absolument pas d’être libéral.
Démarrons par la fin. Je suis libéral parce que le libéralisme m’apparaît comme frappé au coin du bon sens. Mais comme c’est faire un peu court, explicitons.
Les valeurs que je reconnais sont, somme toute, peu nombreuses et très simples, j’oserais les qualifier d’évidentes. La première d’entre toutes, c’est la liberté, la liberté à laquelle aspire et à laquelle a droit tout individu, celle d’un être social, qui s’arrête là où commence celle d’autrui, celle qui respecte l’environnement d’autrui ainsi que son intégrité (physique, morale psychologique, intellectuelle et de conscience) et sa dignité, le tout sans considération d’âge, de sexe, ou de couleur de peau. Ceci étant, cette définition n’est, sans doute, ni exhaustive, ni suffisamment globale, mais elle semble apporter une idée juste de ce que j’entends par liberté.
Les valeurs qui me semblent en découler sont l’équité et le respect ; l’égalité est un terme trop ambigu, je préférerais lui associer justice et équité, enfin on peut y adjoindre la générosité et l’humilité digne (c’est-à-dire une forme d’ego non vaniteux, autrement dit, l’estime de soi, sans prétention).
La différence entre libéral et de gauche ne se situe pas, à mon sens, à ce niveau ; elle apparaît comme reposant sur la différence d’importance accordée à l’Etat, quoiqu’en écrivant, il m’apparaît que c’est l’interprétation qui se révèle probablement différente. Pour un libéral, l’Etat est utile, mais il fonctionne selon quelques critères très précis. L’Etat, dans un régime démocratique et républicain (je lui préférerais cependant la synarchie démocratique, républicaine et libérale) est une administration territoriale, voulue par le peuple, faite par et pour lui. En conséquence, si les fonctionnaires doivent exister, ils ne sont là que pour le peuple, par le peuple et lui sont donc par conséquent soumis. Evoquons tout de suite les syndicats : ils sont censés être la représentation des salariés, par et pour les salariés, qu’ils soient du public ou du privé, par conséquent, l’équité vis-à-vis des citoyens du privé passe avant toute considération et revendication des fonctionnaires. Ce n’est en rien injuste puisque, si les syndicats font correctement leur travail, ils auront permis, aux salariés du privé, des conditions de travail acceptables et, si elles conviennent au privé, elles conviennent forcement aux fonctionnaires, qui eux ont un emploi garanti à vie et donc bénéficient, à régime égal, d’un avantage, celui de ne pas risquer le chômage (sauf faute professionnelle).
Revenons à l’Etat : quel est sont rôle ? Il représente le peuple, son identité culturelle et une certaine forme de territorialité (là encore, ce n’est pas exhaustif, mais suffisant pour comprendre l’idée). En cela, il a un rôle représentatif devant les autres nations et régalien pour garantir l’égalité, non pas des individus entre eux (tout un chacun est différent), mais devant la loi ainsi que du point de vue de la dignité et de l’intégrité (telles que définit au départ). L’Etat a donc pour vocation une fonction purement technique d’autorité et de pouvoir exécutif, législatif et judiciaire, ainsi que de sécurité et de salubrité. Quels sont les domaines qui sont donc réservés à l’Etat ? D’après ce qui a été précédemment défini, il s’agit de la diplomatie, de la police, la justice, l’armée, des pompiers et par conséquent des hôpitaux, de l’enseignement, et de leur financement. Tout ce qui sort de ce cadre et implique un acte d’achat par le citoyen en est exclu, autrement que par la loi qui doit garantir une concurrence loyale (en raison du rôle de l’Etat de préserver l’équité) et un accès au plus grand nombre.
Cela implique alors l’absence totale de subventions, quel que soit le domaine, sauf lorsque la salubrité publique n’est plus garantie, dans ce seul cas, l’Etat a le devoir d’intervenir. En ce sens, l’Etat doit donc venir en aide aux plus pauvres, en leur garantissant l’accès aux soins et l’accès à l’enseignement, à leurs enfants (y compris, l’enseignement se devant d’être obligatoire jusqu’à un âge à définir, par voie de pensionnat en dehors des vacances scolaires). Ceci dit, dans ce cas, le type de logement ne correspond pas aux HLM mais à des logements temporaires pour les plus pauvres, le temps qu’ils aient pu suivre une formation, puis trouvé un travail qui leur permette de subvenir à leurs besoins, en toute autonomie et en toute responsabilité.
Concernant les impôts, ils ne doivent pas nuire au libre exercice de l’économie marchande, la loi fixant le cadre dans lequel celle-ci s’exprime (si la loi n’y parvient pas, c’est qu’elle est mal faite). A ce titre, les impôts doivent porter sur le résultat et non sur la mise en œuvre et la création de valeur ajoutée. Ils ne peuvent être qu’en nombre limité et sans cas particuliers ou exemptions afin d’en garantir la clarté (typiquement, un impôt local, par exemple sur l’habitation, un impôt sur les revenus (progressif, national), même symbolique, d’un euro annuel, pour les plus pauvres, un impôt sur les bénéfices et plus-values (partagé entre l’Etat, la région et la localité) et une charge pour la santé, payée pour chaque salarié, par l’entreprise, ou librement, par les salariés, auprès des caisses de leur choix), ainsi qu’une TVA, de 3 à 7% maximum. C’est ici que la loi, pour un libéral, prend tout son sens. La loi est faite pour garantir l’équité, la dignité, l’intégrité, la sécurité et la salubrité, de ce fait, aussi bien la Sécurité sociale, que la formation continue, peuvent être gérées par des caisses privées, la loi, si les élus jouent honnêtement et scrupuleusement leur rôle, se chargeant de fixer un cadre rigoureux et pertinent.
Reste un aspect, celui des réseaux routiers. S’ils sont d’échelle locale, c’est via les impôts locaux qu’ils sont financés, s’ils sont d’échelle régionale, le financement est régional, via une part de l’impôt sur le revenu. Pour les autoroutes, le financement est national (avec, c’est à voir, des autoroutes payantes).
Un point sur lequel, en tant que libéral, il me semble pertinent de revenir : la TVA. La TVA touche de manière identique les produits achetés, qu’ils le soient par une personne vivant très confortablement ou, au contraire, par une personne pauvre, qui payera proportionnellement plus. En conséquence, l’argent de la TVA serait utilement utilisé si elle était avant tout dédiée à l’enseignement, à la salubrité publique et aux services aux pauvres, à titre de compensation.
Voila ma position en tant que libéral : des impôts et un Etat, mais réduit au strictement utile et éthique, et sans aucune entreprise d’Etat ou « service public marchand ». Si vous me trouvez inhumain ou esclavagiste, alors je crois que nos positions sont définitivement, réellement, inconciliables.
Enfin, si je devais dire quel candidat a ma préférence, je dirais Bayrou (notez la forme au conditionnel).