Le basque originé - desideratas négationnistes des bascolâtres (généralement) décrites par un bascophile

par Jérémy Cigognier
mardi 20 juin 2023


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Quand on propose (généralement) dans les groupes bascolâtres, une origine de loin en loin protobasque/aquitanienne (FR)/vasconique (ES) à l'euskara ou langue basque, suivie à rebours de l'ibère puis du phénicien au moins, en passant peut-être par le berbère antique... c'est-à-dire que le basque serait le descendant de langues sémitiques des régions proches-orientales (entre territoires des actuels Caucase, Turquie, Irak, Canaan et Égypte)... on se voit (généralement) répondre avec une singulière rancoeur plus ou moins scientifique.

  1. Les meilleurs négationnistes, répondent que le basque ne serait qu'apparenté au protobasque/aquitanien (FR)/vasconique (ES), de même qu'à l'ibère, en reconnaissant une langue-mère. C'est affable de leur part, mais le basque contemporain ne commence à ressembler qu'à des attestations datant du moyen-âge. Rien avant. Avant par contre, il y a bien le protobasque/aquitanien (FR)/vasconique (ES), que les traces donnent bien pour protobasque - à ne pas confondre avec l'ancien basque qui, lui, est médiéval (c'est-à-dire qu'on est déjà sur un état de la langue précédant le basque parlé). En outre, les traces de protobasque/aquitanien (FR)/vasconique (ES) concordent avec les traces d'ibère, qui elles-mêmes condordent avec les traces de phénicien. C'est vrai : il manque des éléments de comparaison grammaticaux, puisque des éléments lexicaux sont probants. L'argument scientifique est donc la possibilité de dire qu'on est en droit de douter d'une filiation certaine.

  2. Les négationnistes dans la moyenne, arguent de la singularité du basque parlé. Oui, c'est cette singularité, qui étonna le monde scientifique, depuis ses développements romantiques au XIXème siècle. Le romantisme n'est pas qu'un courant littéraire, mais une mentalité nationaliste poétique, qui essentialise ses observations. C'est-à-dire qu'ils appliquent un isolationnisme mental, doublé d'un mentalisme/illusionnisme, sur leur observation : ils romancent tout ça, ils s'en font des films. La singularité du basque a galvanisé les observateurs, quels qu'ils soient, au point que certains en firent un miracle digne de la sainte Bible.

  3. C'est là qu'on tombe sur les pires négationnistes : on ne manqua d'ailleurs pas, chez les plus délurés, de dire qu'Adam et Eve étaient basques. Mais, de façon plus érudite jusque chez des chercheurs du siècle dernier, on fit repartir le peuplement de l'Europe, après le dernier âge glaciaire, depuis une mythique contrée déjà basque. Car, à ce stade, c'est mythique, à plus de dix millénaires de distance. Hélas, ce sont les pires négationnistes, car ils se revendiquent de la science (des étapes de la science aujourd'hui délaissés).

Reprenons :

  1. Concernant l'évolution linguistique, il est évident que, puisque nous sommes sur des états de la langue passés, les lexèmes évoluent : impossible de prendre le basque parlé en le plaquant tel quel sur le protobasque/aquitanien (FR)/vasconique (ES), l'ibère et le phénicien. Mais cela ne viendrait à l'idée de personne, de comprendre le latin en y plaquant lettre pour lettre le francilien, le gascon, le languedocien, l'aragonais, le catalan ou le castillan ("le français" ou "l'espagnol") : il y a un négationnisme profond alors, à rejeter la thèse bascoibère+phénicienne, d'autant plus que dans l'Histoire nous savons un phénomène majeur : l'hellénisme des premiers Galiciens (qui se réclament de Sparte) et des premiers Aquitains (qui sont sur un axe commercial entre la Méditerranée et l'Atlantique). Les Phénciens l'utilisaient aussi. Et lors des guerres puniques (Puniques = Phéniciens carthaginois) les armées passèrent par la contrée aujourd'hui dite basque sans résistance, alliés aux Ibères dont la culture est helléno-punique. Les noms helléniques abondent en basque, et donc la langue tient la comparaison avec les traces d'ibère+phénicien.

  2. La singularité du basque parlé aujourd'hui s'explique très bien par une implantation d'époque, suivie d'une alliance romaine salvatrice. Quand déferlèrent les Franks et les Goths à la fin de l'empire, la formation d'un duché de Vasconie serait un grand élément de salvation ethno-politique souverain. La fragmentation féodale fit le reste : les alentours affaiblis ne permirent pas d'empiéter sur la contrée, et la Navarre et l'Aquitaine se firent connaître. Mais c'est l'invasion musulmane alentour qui, occasionnant des reconquêtes franques et gothiques, fit reculer le monde bascophone ancien vers ses proportions actuelles, puisque Franks et Goths parlaient déjà des langues romanes (germano-latines, surtout latines prononcées à la germanique, avec un substrat des langues précédentes engendrant le galicien, l'asturien, le gascon, l'aragonais, le languedocien et le catalan dans nos régions circon-pyrénéennes).

  3. Le monde n'a pas attendu l'expansion de la plus récente des religions (le monothéisme, hébraïque à l'origine, après déformations socioculturelles, romaine et arabe) pour exister. Cela va sans dire mais mieux en le disant, tant l'héritage monothéiste coupe l'Histoire en deux, en diabolisant tout ce qui précéderait le mythique Abraham, en dehors du mythique Noé... Mais, s'il n'est pas étonnant que les Pyrénéens firent autant de légendes à ses bibliques sujets, ce n'est peut-être pas sans raison, genre d'atavisme cananéen, depuis les Helléno-Phéniciens - justement. Même Voltaire, par hasard ? compara le climat local à Canaan, dans ses Lettres philosophiques.
    Quant aux éléments d'érudition passés : considérant les changements historiques de -500 à 1500 seulement (avant le développement de l'époque moderne si impétueuse...) c'est un fait pur et simple, qu'il est impossible que le basque remonte à si loin. D'ailleurs, on le sait : les Solutréens, peuplement paléolithique, les Badegouliens, peuplement charnière, et les Magdaléniens, peuplement néolithique, n'ont rien de typiquement local.
    Ce qui n'ôte rien au redéploiement archaïque de l'humanité depuis la région après l'âge glaciaire voilà plus de dix mille ans, mais c'est un hasard qui ne saurait scientifiquement être télescopé au basque.
    Moi aussi j'aime rêver, mais j'aime aussi me réveiller, et les brins de similitudes linguistiques que l'on retrouve jusqu'en Scandinavie viennent du commerce helléno-punique à l'âge du bronze.

Enfin, puisque nous vivons dans un monde de fous, ce sont les bascolâtres qui (généralement) prétendent que cette thèse est un négationnisme (surtout quand ce sont les pires évidemment, mais ne doutez pas de la hargne négativiste même des meilleurs).

Pour ma part, et parce que je suis bascophile, je rends le basque à sa géographie historique ou son Histoire géographique, telle qu'elle se dessine géo- et chrono-linguistiquement, en concordance avec les faits d'époque, par une historiographie comparative et une dynamique linguistique aux rythmes logiques et pragmatiques. C'est une démarche philosophique, au sens antique du mot.

Où il est tout à fait possible, qu'une langue-mère origine le protobasque/aquitanien (FR)/vasconique (ES) et ce que l'on sait de l'ibère... à condition d'admettre, philosophiquement, la provenance de ces langues dans le courant helléno-phénicien à l'âge du bronze.

Mais je vais vous dire : ces époques étaient aux variétés linguistiques si grandes (rien que d'une vallée à l'autre, de l'amont à l'aval d'une rivière, d'un côté à l'autre d'une forêt, etc. encore voilà un siècle ou deux) que les philosophes entre nous, comprendront aisément que l'idée d'une langue-mère est encore une forme de délire essentialiste, servant les négationnistes-isolationnistes-monothéistes-dysérudistes... c'est-à-dire de hargneux négativistes, les bascolâtres.

Dîtes non à la bascolâtrie : soyez philosophes, devenez bascophiles ^_^ Kaixo !

 

Lire aussi : l'hypothèse de la vasconisation punique.

 


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