Les randonneurs

par C’est Nabum
mercredi 17 avril 2024

 

Un monde en marche…

 

Ils se retrouvent régulièrement pour l'activité la plus simple et naturelle qui soit : la marche. Pourquoi éprouvent-ils le besoin d'aller ainsi en groupe ? C'est un mystère pour ceux qui se moquent d'eux en les gratifiant de bande ou pire encore de troupeau. Il est vrai que rapidement le groupe prend des allures d'une armée en marche en se moquant d'avancer au pas.

Il y a bien sûr d'autres griefs qui s'ajoutent car le plus souvent, nombre des marcheurs sont à la retraite et viennent chercher dans cette activité commune un peu d'exercice physique et beaucoup de liens humains. Que les jeunes bolides qui frôlent sans égard les randonneurs d'un vindicatif coup de sonnette, apprennent le sens du partage avec un peu plus de compréhension. Aucun marcheur n'use orgueilleusement de chaussures électriques…

Pour certains groupes, le rituel suppose toujours le même parcours alors que d'autres se font un malin plaisir de sillonner de long en large tous les chemins de la région. Là encore, le choix s'explique par l'accessibilité du point de rencontre ou la difficulté de se déplacer. L'essentiel est ailleurs même s'il est fort agréable de découvrir de nouveaux horizons.

La randonnée en groupe c'est alors un compromis entre les besoins et les possibilités de chacun. La vitesse, la distance, le climat sont autant de variables qui supposent de faire des concessions, de moduler les sorties pour proposer un programme de nature à satisfaire tout le monde. L'important est de ne jamais perdre de vue qu'il est fondamental de sacrifier régulièrement à la balade collective pour se retrouver tous en dépit des possibilités différentes.

Qui aujourd'hui se situe dans le groupe de tête, ne tardera pas avec le temps à devoir mettre la pédale douce et appréciera alors d’être attendu par les petits nouveaux. Il ne faut jamais perdre de vue ce point qui devrait pousser encore à un petit changement des pratiques. Si de temps à autre, les ouvreurs attendent la queue du serpent, ils repartent immédiatement ne laissant jamais un temps d'arrêt à ceux qui lambinent quelque peu.

Quand le long serpent indocile se met en marche, toute la magie de la sociabilité se met en branle. Se forment immédiatement des petites cellules de conversation. Souvent, deux ou trois personnes qui s'accotent pour ne plus se quitter. Les langues allant bon train, ayant tout le long du parcours quelque chose à dire. Cela demande une résistance langagière qui impose le respect.

Il y a quelques électrons libres qui iront leur train sans se soucier des autres avec éventuellement de la musique dans les oreilles. Ils se rassurent d'être ainsi mêlés à un groupe qui les guide alors que d'autres tout au contraire ne cessent d'aller des uns aux autres pour intervenir ici ou là dans les conversations. Ceux qui papillonnent ainsi ont souvent le souci de s'ouvrir à tous les autres.

Le groupe suppose une tête et un marcheur balai. Ceux-là se parent du gilet fluorescent qui marquera leur rôle et leur permettra d'organiser les passages délicats. La couleur varie entre le jaune ou le orange, question sans doute de considération esthétique. Le flocage du dit gilet atteste de la participation aux instances officielles.

Il y a enfin un marcheur qui ne cesse d'aller de manière erratique. Il fait son miel des conversations pour alimenter son réservoir à récits et modifie son allure car ce curieux individu n'a jamais su maintenir le même tempo. De lui, il n'est rien de bon à attendre même s'il ne met jamais des bâtons dans les jambes de ses collègues. Il se contente parfois d'une branche qu'il taille à sa mesure pour se prendre pour un berger à leurs basques.


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