Macron au Salon de l’Agriculture : la visite façon Pyrrhus

par Laurent Herblay
samedi 2 mars 2024

Le roitelet souhaitait probablement démontrer qu’il pouvait passer toute la journée au Salon de l’Agriculture. Il y est parvenu, mais cette démonstration de volontarisme appuyée par des centaines de forces de l’ordre n’est qu’une victoire à la Pyrrhus. En effet, elle démontre à nouveau tout ce qu’il y a de détestable dans cette présidence, totalment égocentrique, malhonnête, autoritaire, et à la communication grossière, voulant mettre en scène des pseudo-débats qui ne sont des harangues à sens unique.

 

La mascarade Macron à nouveau exposée à tous

La deuxième journée du Salon offre un contraste saisissant avec le passage en force du locataire de l’Elysée. Les autres politiques, eux, peuvent venir sans être sifflés, sans une quasi fermeture du hall où ils sont pour filtrer les entrées, et sans un service de l’ordre qui se compte en centaines de forces de l’ordre. La capacité de Macron à passer douze heures au Salon pour satisfaire sa volonté enfantine de démontrer qu’il pouvait le faire, quoiqu’il en coûte, n’en ressort que plus vaine. Comme l’a pointé Géraldine Woessner dans un tweet ravageur illustré d’une photo révélatrice, montrant un hall désert, Macron a fait une visite totalement artificielle, mettant à distance l’immense majorité du public et des agriculteurs, dans un parcours ultra-balisé et protégé destiné à servir au mieux sa communication ultra superficielle.

Pourtant, alors que l’insécurité explose, avec, depuis 2017, une augmentation des tentatives d’homicide de 80% et des coups et blessures volontaires de 63%, il y avait un meilleur emploi à tant de forces de l’ordre… Voilà une nouvelle illustration de l’autoritarisme et de l’arbitraire d’un exécutif qui, pour satisfaire ses caprices de communication, vampirise un temps précieux et manquant de forces de l’ordre, qui pourrait être bien mieux employer. Et que dire de l’image de ce président qui ne peut aller au contact de la population qu’accompagné de centaines de CRS et en empêchant toute libre-circulation dans le périmètre où il s’aventure… Quel contraste saisissant avec son comportement bravache et sûr de lui ! Facile de se donner des airs de chef quand on est épaulé de la sorte, et quand on évite le contact avec le réel…

Cette nouvelle séquence désastreuse a été l’occasion de vignettes ubuesques. En premier lieu, cette idée abracadabrantesque d’organiser un nouveau grand débat. Quand on sait ce qu’il est advenu des débats qui avaient suivi les Gilets Jaunes, qui n’ont abouti sur rien, si ce n’est en un temps totalement excessif de péroraisons présidentielles avec une contradiction minimale, le simple fait de le proposer ne pouvait que susciter des réactions négatives. Par delà l’invitation extravagante des Soulèvements de la Terre, il est probable que Michel-Edouard Leclerc et la FNSEA ne seraient pas venus de toutes les façons. Le casting était organisé pour donner le beau rôle à Macron, le faire apparaître en arbitre de demandes contradictoires. Bref, la ficelle était trop grosse pour être crédible auprès de qui que ce soit.

Et que dire des prix planchers sortis de son chapeau alors que son ministre de l’agriculture moquait encore cette idée au cœur de la première phase de la révolte agricole  ? On sent bien que le président voulait pouvoir annoncer une vraie mesure, mais cette promesse a tout de l’effet d’annonce. Non seulement les modalités ne sont pas précisées  : un prix trop bas ou flexible n’aurait qu’un intérêt limité. Et pire encore, ce n’est pas la France qui décide en la matière, mais l’UE. Autant dire qu’avant de se concrétiser de manière forte, de l’eau va couler sous les ponts, tout comme pour les clauses miroirs… Les aides de trésorerie sont tout autant illusoires car elles reviennent à repousser les problèmes plutôt que les résoudre : que feront les agriculteurs quand ils devront les rembourser, comme les aides Covid le montrent ?

La visite au Salon de l’Agriculture de Macron est un désastre total. Avant même l’ouverture, il y a eu le fiasco de son pseudo-débat refusé par les principaux invités. Et entre sa visite caprice protégée par des centaines de CRS et son dialogue un peu excité, donneur de leçons et finalement très vain concrètement pour les agriculteurs, il continue de donner une bien mauvaise image de lui-même.


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