Élections européennes : les partis d’extrême droite renforcent leurs positions

par Patrice Bravo
lundi 20 mai 2024

À l’approche des élections au Parlement européen (6-9 juin), la lutte idéologique dans les pays de l’UE s’intensifie.

Les sondages indiquent une montée des partis d’extrême droite. La guerre en Ukraine, la grave crise économique et sociale en Europe en rajoutant la décision d’importer des migrants en masse et de rendre plus visible les populations issues de l’immigration avant les populations autochtones, tout cela provoque un virement vers l’extrême droite des intentions de vote des populations européennes, ce qui fait trembler les partis politiques du système. 

L’ascension des partis populistes et eurosceptiques. « Entre 2000 et 2023, des partis d’extrême droite ont émergé et gagné en popularité dans quasiment tous les pays d’Europe : Fidesz (Hongrie), Ligue du Nord (Italie), Rassemblement national (France), Démocrates de Suède (Suède), Alternative pour l’Allemagne (AfD) (Allemagne), Droit et Justice (Pologne), Frères d’Italie (Italie), PVV (Pays-Bas), Vox (Espagne). L’ascension de ces partis, généralement populistes et eurosceptiques, a été particulièrement fulgurante en Italie, mais aussi en Hongrie, en Pologne, en France et aux Pays-Bas. D’après les sondages sur les intentions de vote des citoyens européens, le parti politique d’extrême droite Identité et Démocratie pourrait même devenir le troisième parti le plus représenté au Parlement européen après les élections de juin 2024 », fait savoir Statista le 6 mai dernier. Identité et démocratie (ID) est un groupe politique du Parlement européen de droite nationaliste voire d'extrême droite. 

« L'euroscepticisme est une position politique qui s'oppose à l'Union européenne, et il est en hausse dans toute l'Europe depuis le début du millénaire. Nulle part ailleurs, cela n'a été plus vrai que sur la droite populiste de l'échiquier politique, où un certain nombre de partis et de mouvements ont capitalisé sur le mécontentement à l'égard de l'UE pour gagner des voix et, dans certains cas, pour entrer au gouvernement », note Statista

« Le spectre de l’extrême droite plane sur les européennes. Les partis populistes pourraient gagner du terrain, boostés par les enjeux sécuritaires », a rappelé La Tribune. Selon un sondage mené dans plusieurs pays, « l'extrême droite remporterait 25% des sieges », rapporte Sud-Ouest. À titre de comparaison, en 2019, ils détenaient 18% et il y a vingt ans, moins de 10% des sièges au Parlement européen. 

Aujourd’hui, on assiste à un virage général vers l’extrême droite sur fond de crise idéologique et économique qui frappe l’Union européenne, mais aussi à cause de l’élite actuelle au pouvoir dans les institutions européennes qui a décidé de soutenir le pays corrompu qui est l’Ukraine contre la Russie. 

Les partis d’extrême droite en Europe s’opposent à la fois à l’idéologie néolibérale dominante dans son ensemble et à ses composantes (LGBT, féminisme, diktat écologique (voiture électrique), lois favorables aux migrants, etc.) tout en soutenant les valeurs conservatrices de la « vieille Europe ». L’euroscepticisme et l’exigence d’un retour du pouvoir aux États-nations sont présents dans tous les programmes des conservateurs et des nationalistes. 

L'augmentation la plus significative des factions de droite au Parlement européen lors des prochaines élections sera assurée par l'Alternative allemande pour l'Allemagne (AfD) et le Rassemblement national français (anciennement Front national), ainsi que par les partis néerlandais (PVV) et autrichien (Freiheitliche Partei Österreichs-FPÖ). Dans le même temps, la position des Verts va fortement s'affaiblir, principalement en raison d'une diminution de leur soutien en Allemagne et en France, tandis que le nombre de leurs députés devrait diminuer de 72 à 55. Les observateurs notent que dans les cinq années qui se sont écoulées depuis les dernières élections au Parlement européen, la droite européenne a considérablement renforcé et réorganisé ses rangs. En outre, de nouveaux partis de droite radicale ont vu le jour. La volonté des Verts de soutenir les vagues migratoires et – paradoxalement – de pousser à envoyer toujours plus d’armes et de munitions en Ukraine pour alimenter la guerre, provoque un dégoût des électeurs pour un parti qui avait à l’origine construit sa notoriété sur la paix contre les guerres. Le souvenir des bombardements sur la Serbie décidé par l’un des fondateurs de ce mouvement, Joschka Fischer, rajoute à cette amertume. 

Qu’est-ce qui unit la droite européenne ? Les chercheurs mettent en avant le concept « d’être du continent européen », s’opposant à l’import de migrants non européens. Le wokisme ne fait pas recette. Le traditionalisme dans la culture, la famille, le travail, les valeurs sociétales, attirent les populations européennes de souche. Le multiculturalisme, le LGBT, le féminisme, sont considérés comme un danger. 

Ainsi, selon le JDD, « la liste de Jordan Bardella, qui engrange deux points supplémentaires, conserve une avance considérable pour les élections européennes ». La favorite de Macron, « Valérie Hayer continue de baisser et se rapproche dangereusement de Raphaël Glucksmann », précise Le Journal du Dimanche : « Selon une récente étude d’OpinionWay pour CNews, Europe 1 et le JDD, la liste de Jordan Bardella est toujours en tête des intentions de vote pour les élections européennes, avec une nette avance. Cette cinquième vague du Baromètre montre que la liste du Rassemblement national a gagné deux points, atteignant 31% des intentions de vote, comparé à une précédente enquête réalisée le 3 mai ». 

Les Européens ont voulu tester les slogans de l’UE : la paix, une vie meilleure. Au lieu de cela, ils ont obtenu la guerre et une vie plus dure avec un avenir incertain, alors ils refusent les partis qui ont mené cette politique. 

Emmanuel Macron a évoqué à plusieurs reprises la possibilité d'envoyer des troupes au sol en cas de percée russe. Matteo Salvini, vice-chef du gouvernement italien a lancé à Macron de « se faire soigner » en considérant les annonces du président français comme dangereuses : « Ceux qui sont de cet avis et le disent comme si c'était quelque chose de normal, et cela vaut pour Macron comme pour Monti, sont dangereux ». « S'ils ont tellement envie de se battre, alors qu'ils aillent en Ukraine, demain, ils les attendent », a-t-il fustigué. « Si Macron se croit en guerre, mets ton casque, prends ton lance-pierre et va te battre », a-t-il martelé

Cette sortie fait écho à ce que de plus en plus d’Européens pensent envers cette guerre en Ukraine. Les élections européennes menacent de traduire ce ras-le-bol général dans les urnes car les Européens ne veulent pas de guerre et d’une vie devenue dure à cause des décisions politiques erronées de leurs responsables politiques actuels dans plusieurs domaines sociaux et économiques. 
 
Philippe Rosenthal

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Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=5944


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