La psychologie conservatrice (3/3)

par Ronce
mardi 30 août 2022

Les problèmes de comportement se multiplient dans nos démocraties occidentales. Augmentation des incivilités, désordre dans les classes, dépression latente ou aiguë, inaptitude au travail et à la vie en société ...

L'électorat conservateur est porteur de remèdes efficace à ces troubles et des découvertes récentes confirment le bien-fondé de leur doctrine.

Dans la dernière partie de cet article nous aborderons le cœur de l'intelligence collective qui a rendu possible la civilisation, l'éducation aux vertus.

L'étude des systèmes d'information (la cybernétique) a abouti aux algorithmes d'intelligence artificielle. Elle nous montre aussi que c'est le comportement humain individuel, et non une organisation centralisée, qui permet de répondre aux situations les plus complexes. image pixabay.

Parfois sans le savoir, la plupart des électeurs conservateurs et "populistes" ont des idées similaires sur les règles qui encadrent le comportement humain, et comment appliquer ces règles pour éduquer leurs enfants et préserver leur santé mentale.

Ce savoir-être peut sembler irrationnel, dépassé par les découvertes récentes et inutilement sévère. On est tenté de lui opposer des connaissances plus modernes, plus positives, plus inclusives.

A l'inverse on peut cesser de juger ces personnes et de tenter de percevoir, derrière le préjugé, une doctrine sérieuse, une science du comportement dont chaque composant est défini de manière rigoureuse.

Cette doctrine s'est construite dès l'antiquité puis a été patiemment réactualisée par des générations de chercheurs qui s'accordent sur l'essentiel.

A l'inverse la psychologie progressiste semble faite de constructions idéologiques éphémères et incompréhensibles qui se succèdent les unes aux autres. Et leur application entraînent des dommages au niveau individuel comme au niveau collectif.

Comportement, liberté, responsabilité

Étudier le comportement animal permet de comprendre beaucoup de choses sur les comportements instinctifs humains. On peut ainsi mieux comprendre les phénomènes de foule, les formes d'influence et de manipulation qu'on pourra appliquer dans l'éducation ou la vente.

Une compréhension complète et efficace du comportement humain ne s'arrête pas là. Au delà de la réponse aux stimuli, il existe une logique spécifique au comportement humain, le fameux "optimum naturel" que j'évoquais dans la seconde partie de l'article.

C'est dans notre relation avec l'optimum que réside une compréhension plus complète des motifs de nos actes et de l'estime que nous avons de nous-même. La bonne nouvelle est que cette relation est le fruit de nos efforts et repose sur notre seule responsabilité. La sagesse occidentale nous apprend à nous prendre en charge, en respectant notre liberté.

Le libre-arbitre

Pour la sagesse occidentale la liberté humaine n'a pas de limite. Et le libre arbitre est à la fois une faculté prodigieuse et un problème épineux. Il existe des normes objectives de comportement (l'optimum naturel), mais rien ne nous oblige à les respecter. Face à une situation nous sommes toujours libres d'agir d'une manière ou d'une autre.

Il n'y a pas non plus de déterminisme social ou culturel qui soit assez fort pour empêcher la liberté humaine de s'exprimer. L'être humain est pleinement libre et responsable, c'est lui qui se fixe ses propres limites.

Notre esprit est orienté vers la recherche du Vrai et du Bien, mais nos choix peuvent s'opposer à cette tendance. Cette opposition peut venir des besoins des autres niveaux de vie lorsqu'ils sont déréglés. Par exemple un appétit excessif est un dérèglement du niveau physiologique. Un désir qui vous pousse à trahir vos engagements est un dérèglement du niveau psychologique.

C'est là qu'intervient l'éducation aux qualités humaines qui nous permettent de discerner objectivement notre potentiel et de chercher à l'atteindre.

Valeurs ou vertus ?

Les sciences humaines, lorsqu'elles parlent d'éthique, emploient le terme flou de "valeurs". Ces valeurs sont liées au système de croyance collectiviste qui sous-tend les sciences humaines. Les valeurs sont choisies en fonction d'un projet de construction de société. Et les individus doivent s'adapter à ce projet mené par une gouvernance centralisée.

Pour la sagesse occidentale, l'être humain n'est pas un projet, mais une réalité naturelle avec ses caractéristiques propres. Plutôt que de construire un projet de société idéale auquel l'être humain doit s'adapter, la sagesse nous propose de nous approcher d'un optimum naturel.

Cette démarche peut sembler moins efficace à première vue, cependant le développement des sciences économiques et de la cybernétique (intelligence artificielle) montre que pour s'adapter aux situations complexes, une intelligence distribuée est la seule solution.

Dans le domaine du comportement cette intelligence distribuée consiste pour chaque individu à rechercher l'optimum naturel. Et pour nous en approcher nous pouvons développer des qualités humaines qui sont appelées des vertus.

Lorsqu'on parle de valeurs il est impossible d'en venir à une définition rigoureuse utilisable pour éduquer un enfant ou progresser vers la santé mentale. Avec les vertus vous accédez à un véritable mode d'emploi de la nature humaine.

Épanouir le potentiel humain

Comme pour les autres éléments de la science du comportement de la sagesse occidentale, la notion de vertu est issue d'une patiente observation du comportement humain par des chercheurs habiles dont certains sont d'authentiques génies.

La question à se poser est : qu'est ce qui permet à un individu de réaliser son potentiel ? Au sein d'un même milieu social, certaines familles parviennent à élever des enfants qui s'épanouissent et deviennent autonomes alors que dans d'autres familles les enfants rencontrent l'échec et deviennent une charge pour la collectivité.

On peut distinguer plusieurs niveaux de réponse. Au niveau physiologique certains sont avantagés par leur génétique. Ils sont en bonne santé. Au niveau psychologique certains enfants ont bénéficié d'un environnement stable et cohérent qui atténue les inévitables chocs émotionnels.

Mais ces deux niveaux ne suffisent pas pour répondre à la question. C'est au niveau de l'esprit que réside la clé du potentiel humain.

L'intelligence collective de l'humanité

D'un point de vue individuel, si vous avez besoin de quelqu'un pour vous rendre un service important, vous choisirez de préférence une personne ponctuelle, qui respecte ses engagements, qui est persévérante, qui vous a toujours dit la vérité et qui sait renoncer à une satisfaction immédiate. Toutes ces qualités ne sont ni physiologiques ni psychologiques, il s'agit de qualités spirituelles ou encore de vertus morales.

Si ces qualités spirituelles et individuelles s'amenuisent dans une société, il ne devient plus possible de maintenir le cadre matériel de la civilisation. L'accès aux soins, le bien-être, le confort apporté par ce cadre matériel n'est rendu possible que par les efforts d'un grand nombre d'individus pour tendre vers l'optimum naturel.

L'intelligence collective de l'humanité, sa capacité à s'adapter aux situations complexe repose sur ces qualités spirituelles individuelles. Il y a un alignement entre la recherche individuelle de l'optimum naturel et la survie collective.

C'est dans ce contexte qu'il faut aborder la notion de vertu dans la science du comportement.

Depuis l'antiquité, la sagesse occidentale nous présente le modèle d'un être humain debout, armé par les vertus et qui dompte ses passions.image pixabay.

Vertus et éducation

Éduquer un enfant c'est avant tout développer ses qualités spirituelles. Les personnes qui s'épanouissent ont eu l'occasion au cours de leur vie de développer certaines vertus. En les observant on a la sensation qu'ils réussissent sans efforts.

C'est parce que la vertu est comme une voile sur un bateau. Sans voile vous devrez ramer pour atteindre votre destination. Avec une voile vous pourrez capter le vent et vous avancerez sans peiner.

L'acquisition des vertus est similaire à l'apprentissage d'une discipline sportive : au début vous vous donnerez beaucoup de mal pour atteindre un résultat médiocre, puis rapidement vous serrez capable de courir plus loin, de renvoyer la balle ou de surfer sur une vague avec style et peu d'efforts.

L'apprentissage des vertus va au-delà de la répétition des actes vertueux et offre à l'enfant un cadre qui répond à son questionnement intérieur sur le sens de la vie et les difficultés qu'il rencontre. Une personne vertueuse agit droitement et est heureuse d'agir ainsi.

Santé mentale

Il faut être précis lorsqu'on parle de santé mentale. Il y a des pathologies dans les trois niveaux de vie et des traitements en rapport avec chaque niveau.

Au niveau physiologique, il peut y avoir des troubles causés par des lésions, c'est le domaine de la médecine psychiatrique.

Au niveau psychologique, il peut y avoir des traumatismes inscrits dans les réseaux de neurones. Il s'agit en général de comportements involontaires qui échappent au contrôle conscient. C'est le domaine des thérapies cognitives et comportementale. L'objectif est de rééduquer le cerveau.

Enfin au niveau spirituel les pathologies sont caractérisées par une incapacité à s'approcher de l'optimum naturel. En conséquence la personne développe des comportements qui ont des conséquences néfastes pour elle-même et dans ses relations. Ce sont des comportements qui sont d'abord conscients et volontaires et non des "maladies" subies. Au fil du temps ces comportements deviennent des habitudes et il devient difficile d'y renoncer.

Guérison

Une pathologie spirituelle est une habitude à poser des actes volontaires contraires à l'optimum naturel. C'est la définition d'un vice. À tout moment la personne reste consciente et responsable de ses actes et doit en assumer les conséquences.

Les termes pathologie et guérison peuvent prêter à confusion. Ici la personne n'est pas victime de circonstances extérieures, mais elle a elle-même dégradé sa dignité humaine, souvent influencée par d'autres personnes. La guérison consistera a faire le chemin inverse, à développer des qualités qui vont restaurer cette dignité et souvent à changer de fréquentations.

Une "thérapie" spirituelle ne demande pas forcément l'aide d'un spécialiste. Elle peut avoir lieu dans la solitude en posant des actes conscients et volontaires alignés avec la nature humaine.

Une personne peut également bénéficier d'un contexte relationnel sain et s'en imprégner. Il peut s'agir par exemple d'une famille, d'une entreprise ou d'une communauté religieuse.

On peut également mentionner une forme de thérapie spécifiquement dirigé vers les actes conscients et volontaires : la thérapie Vittoz.

Parenthèse juridiques

La psychologie des sciences humaine d'inspiration collectiviste a eu des effets désastreux en ce qui concerne l'application des peines en justice. Les juges délèguent leur pouvoir de décision à des experts qui s'abritent sous le manteau de la science et rendent responsable "la société" des actes criminels.

La psychologie conservatrice est beaucoup plus rigoureuse, dans tous les sens du terme. Les criminels ont le droit à la dignité et sont des êtres humains comme les autres, on ne peut pas leur retirer leur libre arbitre et les traiter comme des animaux plus ou moins bien dressés.

Leurs actes sont la conséquence de leurs décisions et non de leur "environnement social". En les condamnant, la justice doit tenir compte de cette responsabilité. Alléger leur peine revient à leur donner un statut d'enfant. Les renvoyer chez eux prouve à leurs jeunes frères et sœurs qu'il n'est pas dangereux de laisser parler ses pulsions. Ce qui contribue à dégrader "l'environnement social". Fin de parenthèse.

Les validations de la science

Les découvertes de la sagesse occidentale au sujet du comportement humain sont-elles compatibles avec les données scientifiques récentes ?

La réponse à cette question va sans doute vous laisser sur votre faim. En effet la vie spirituelle échappe à l'observation directe. Et de ce point de vue les sciences humaines sont dans la même situation. Dans les deux cas on doit faire appel à des preuves indirectes. La validation scientifique rigoureuse n'est pas possible en ce qui concerne le comportement humain.

Ce que les sciences "dures" nous révèle est cependant cohérent avec les découvertes de la sagesse occidentale. En particulier les neurosciences ont décrit avec précision le niveau de vie sensible et la conscience animale dont l'existence a été induite dès l'antiquité.

Les neurosciences ont également pu vérifier qu'il n'existe pas d'organe ou de zone du cerveau supportant les facultés spécifiquement humaines comme la capacité d'abstraction, la créativité artistique, le sens moral.

Ces facultés font appel à diverses zones du cerveau impliquées dans les fonctions sensibles, mais ne sont pas localisées. Ce résultat est conforme avec la notion de niveau spirituel propre à l'être humain.

Les progrès en intelligence artificielle semblent également indiquer que le cerveau n'est pas le support de la conscience spirituelle. Si il suffisait d'accumuler de la puissance de calcul et des données pour faire naitre la conscience alors les supercalculateurs auraient dû s'éveiller. Le meilleur réseau d'ordinateur reste dépendant des qualités spirituelles des humains qui les conçoivent.

Les raisons d'un aveuglement

Le choix universités occidentales en faveur des sciences humaines d'inspiration collectiviste est en fait un choix arbitraire qui ne repose sur aucune vérité scientifique objective. Une autre doctrine préexistait et répondait déjà aux questions concernant le comportement humain. Et cette doctrine est aujourd'hui rejointe par les connaissances scientifiques d'autres disciplines.

Plusieurs raisons expliquent cet aveuglement. L'avènement des sciences humaines est lié au contexte historique et culturel de la fin du XIXe siècle en Europe.

A cet époque le matérialisme positiviste est triomphant. Les élites sont confiantes dans les progrès de la technologie et placent en elle tous leurs espoirs. La conscience spirituelle ne s'observe pas au microscope et toute théorie psychologique qui fait mention d'une part spirituelle est écartée.

Une autre raison historique tient à l'influence des théories marxistes. Celles-ci expliquent le comportement humain par les contingences économiques et sociales. Un être humain responsable et autonome n'a pas sa place dans un tel contexte.

Dépasser nos préjugés

La sagesse occidentale peut paraître plus rebutante. C'est une doctrine exigeante qui fixe des bornes au comportement humain et parait individualiste.

Mais cette vision culpabilisante peut être dépassée, en particulier grâce aux apports de la cybernétique et des sciences économiques. Ces disciplines ont montré que les sociétés humaines sont des ordres polycentriques et auto-organisés. Dans de telles structure la vie est une aventure et chaque individu participe par son comportement au développement de la civilisation.

Pour les conservateurs le comportement humain n'est pas une variable d'ajustement qui doit coïncider avec un projet de société imposé par des idéologues. Mais c'est une énergie naturelle et renouvelable, le coeur brûlant de la civilisation, un feu de passion qui jaillit de chacun de nous et qui peut projeter son énergie constructrice lorsqu'elle est dirigée avec droiture.

L'optimum naturel du comportement humain s'inscrit dans l'épopée héroïque qui enflamme les poèmes homériques. Notre colère est la colère d'Achille, celle de la dignité humaine offensée, elle est légitime et mène les conservateurs de succès populaires en victoire électorale. Notre vitalité est celle d'Ulysse, celle de l'intelligence et de la persévérance qui vient à bout de tous les obstacles.

Conclusion

L'homme n'est pas un animal ! Une partie des sciences humaines s'est construite sur une connaissance partielle de l'être humain, un peu comme une médecine qui n'étudierai que des cadavres.

Sans spiritualité l'éducation se limite à un dressage, et l'individu perd la responsabilité de ses actes. Il est la proie de ses besoins et de ses désirs, ce qui rend sa vie vide de sens.

Ces erreurs sont peut-être causées par une tendance à penser la société comme un projet collectif qui doit être piloté par un organisme centralisé chargé de perfectionner le dresssage.

Pour nous imposer ces théories folles, les émotions qui perturbent notre jugement sont utilisées pour nous influencer, comme le fait un enfant qui pleure lorsqu'il n'obtiens pas ce qu'il veut.

La sagesse occidentale, elle, observe que l'être humain se définit par une composante supplémentaire à ses niveaux physiologiques et psychologiques, ils nomment cette composante l'esprit. Les neurosciences ont confirmé que le fonctionnement du système nerveux ne rend pas compte de toutes les facultés humaines.

Le comportement humain s'explique mieux par une tension entre l'optimum naturel d'une part et les besoins et désirs d'autre part. Cette tension s'harmonise par l'apprentissage des vertus et l'individu conserve la responsabilité des conséquences de ses actes.

Au niveau collectif, comme le confirme la cybernétique, la société est le produit du comportement de chaque individu qui tend vers l'optimum naturel objectif et forment ensemble un ordre polycentrique et auto-organisés, seul capable d'affronter les situations complexes

Les électeurs conservateurs sont la seule force politique occidentale a avoir intégré cette sagesse. Ils font du comportement humain un enjeu essentiel qui conditionne tous les autres. C'est pourquoi après une éclipse d'un demi siècle il reconstituent leurs effectifs et reprennent en main les destinées des démocraties occidentales, alors que les progressistes ne savent pas former de communautés durables dans le temps et sont appelés à disparaître.

 


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