Deux millions d’euros pour garder les ours

par guelum
jeudi 30 novembre 2006

Eh oui, c’est le tarif prévu en 2007 pour surveiller les ours des Pyrénées (voir le détail de la facture).

Franchement, quand je vois les chiffres, admettez que je puisse m’interroger sur la nécessité de cette réintroduction de l’animal dans nos montagnes. J’ai eu l’occasion d’y passer mes vacances cet été, et je dois vous dire que la majorité des autochtones pensent le contraire. Il faut dire que les petits Winnies se désintéressent de l’altitude, des paysages sauvages et préfèrent séjourner le plus souvent près des villages où il fait bon vivre, à proximité des libres-services en pitance toujours plus pourvoyeurs qu’une chasse hasardeuse. C’est que le nounours, finalement, s’accommode bien plus facilement de l’homme que l’inverse.

Mais voilà, notre terre souffre d’un mal irréversible, un parasite s’y développe à bon train, s’étend, se répand, dispense ses déjections, dégrade son environnement, s’attaque aux forêts, aux ruisseaux, bref nulle parcelle n’est omise, nulle contrée n’est épargnée. Et cette bébête maléfique : c’est l’homme, bien sûr. Le résultat, c’est la disparition des espèces, de la faune, de la flore, "y a pas assez de place pour tout le monde". La biodiversité qui fait la richesse de notre planète est menacée : on s’inquiète.

Évidemment, je ne peux pas m’opposer à ces actions en faveur de la sauvegarde de la vie animale, et je loue très souvent les initiatives en tout genres : chaque fois qu’on tente de réintroduire du poisson dans les rivières, chaque fois qu’on préserve des espèces menacées, soit par des investissements soit par la réglementation. Je pense dans un environnement bio-socio-culturel, donc je suis !

Mais l’ours dans les Pyrénées, est-ce essentiel ? Quel rôle bénéfique aura-t-il si le projet réussit (car ce n’est pas gagné) ? Ces questions, je me les pose, et en tout cas, je ne sais pas si cela vaut deux millions d’euros par an.

J’entends aussi les arguments des bergers, des promeneurs, qui subissent directement les conséquences de la présence de la bête sauvage. Rassurez-vous, le montant des réparations est prévu dans le chiffrage. Je me risque, je vais passer pour un méchant. Non, soyez rassurés, j’adore les animaux, comme cette observatrice, Violaine Bérot, qui s’oppose à l’ours dans un petit ouvrage qui mérite le détour.

Si je réagis, c’est que je pense à quelque chose d’autre. Normalement, je n’aurais pas le droit de le présenter comme ça, c’est beaucoup trop facile de comparer des faits, des constatations qui n’ont aucun rapport entre elles. Mais tant pis, je le fais quand même. Savez-vous, avec deux millions d’euros, combien de vies on peut sauver en Afrique ? Ainsi, en 2005 par exemple, MSF à consacré 14,3 M€ en réponse à l’épidémie de malnutrition au Niger, et l’office humanitaire de la communauté européenne reste leur principal financeur institutionnel, avec une contribution de 4,8 M€ annuels. Avec deux millions d’euros, tout ce qu’on pourrait faire pour soigner cette misère humaine qui ne fait que grandir... Alors, même si je l’aime bien après tout, tant pis pour l’ours !


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