Le RMI sans condition, ça suffit !

par Guillaume Schmidt
jeudi 23 novembre 2006

13%, voilà le vrai taux de chômage en France. Soit 8,8% de chômeurs et 5,23% de RMistes. Si on fait en sorte de réinsérer les chômeurs sur le marché du travail, ce n’est pas le cas des RMistes. Alors, remettons-les au boulot !

En cette fin d’année 2006, le chômage est une nouvelle fois en baisse, passant symboliquement sous la barre de 9% (2 129 300 en septembre 2006). Des chiffres encourageants, sauf que l’on oublie de comptabiliser les 1 266 400 bénéficiaires du RMI (revenu minimum d’insertion), un nombre en constante augmentation (en décembre 1989, ils étaient 396 160).

Considérés comme des actifs, les RMistes sont en réalité des chômeurs qui ne touchent pas l’indemnité chômage. Et, contrairement à son nom, peu d’entre eux parviennent à s’insérer. Mais comment le faire avec 463 euros par mois ! Il s’agit donc d’un échec financier et d’un échec social. RMiste, c’est devenu un statut qui offre droit à de nombreux avantages : réduction dans les transports, voire quasi-gratuité, prime de Noël, gratuité dans certains musées, couverture maladie universelle, logement social... Autant d’aides permettant finalement à un RMiste d’avoir un niveau de vie quasiment équivalent au niveau de vie d’un smicard, à parité de pouvoir d’achat. Chose d’autant plus aberrante que c’est aux smicards que cela cause le plus de préjudices, car tout en travaillant ils doivent se débrouiller eux-mêmes sans aide.

La réponse alors souvent avancée est d’augmenter le Smic qui est de 953 euros par mois pour un net de 35heures. Il faut tout de même rappeler que ce sont les employeurs qui paient cette charge. D’ailleurs, notre Etat surendetté ne pourra pas, lui-même, augmenter ses fonctionnaires payés au Smic. Réclamer l’augmentation du Smic est simplement une manière de détourner le problème et de masquer une injustice de fait et de droit.

En effet, notre société est fondée sur des relations contractuelles, et on y a de plus en plus recours. En matière de conditions de vie, cela signifie qu’en contrepartie d’un travail, les individus reçoivent un salaire. Comment expliquer alors que d’autres individus perçoivent un revenu sans contrepartie, sachant que ce revenu, ils le doivent aux travailleurs ? Quelle générosité de leur part... Et cette générosité, elle est dictée par un autre aspect de notre société : la fameuse justice sociale, qui a pour objectif de réduire et/ou de réparer les aspects moralement injustes de la société, notamment en matière de revenus et donc de conditions de vie. Mais la justice, est-ce d’allouer gracieusement une pension sans autre condition : avoir au moins vingt-cinq ans (on peut toutefois bénéficier du RMI si on a moins de vingt-cinq ans, si on attend un enfant ou si on a à sa charge un ou plusieurs enfants), résider en France, avoir des ressources inférieures au montant du RMI, et conclure un simple contrat d’insertion. Ce contrat est proposé par les collectivités publiques dans les trois mois qui suivent le début du versement de l’allocation. Son objectif est plutôt flou, car il s’agit d’une participation à des "activités d’insertion" en vue d’une réinsertion sociale ; celles-ci sont adaptées à la situation du bénéficiaire (stages de formation ou de réadaptation au travail, activités contre l’illettrisme, contre l’alcoolisme, apprentissage de la gestion d’un budget familial...).

Certes, le RMI est un moyen permettant à ses bénéficiaires de subsister, mais son caractère automatique est injuste socialement par rapport à l’indemnité chômage. Cette dernière, dégressive dans le temps, n’est en effet accordée que s’il y a recherche d’emploi et si la personne a travaillé avant, et donc cotisé.

Il s’agirait donc d’imposer aux RMistes des missions d’intérêt général dès le versement de l’allocation, afin d’affirmer concrètement les conditions d’insertion. Et quelle meilleure insertion que le retour à l’emploi, et un service rendu à la société qui vous entretient ! Il est d’ailleurs aberrant qu’un RMiste ne soit pas contraint de s’inscrire sur les listes de l’ANPE en tant qu’agence qui propose des emplois, sans recenser les RMistes comme des chômeurs pour ne pas fausser les chiffres glorieux des gouvernements dans leur mobilisation pour l’emploi. Les départements, qui ont à leur charge la distribution du RMI, proposeraient avec le concours des chambres de commerce départementales, des chambres de métiers et de différentes associations dans le domaine de l’emploi, un certain nombre de missions dans les secteurs où il y a pénurie de main-d’œuvre ou des missions répondant à des besoins de la collectivité (proposer des formations, missions écologiques, surveillants dans les collèges et lycées, aides aux handicapés et au troisième âge...).

Ainsi, le RMI serait justifié, et ses allocataires bénéficieraient d’une formation concrète et d’une valeur incitative au retour à l’emploi.


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