OGM : maintenant, ça suffit !
par Olivier Bonnet
vendredi 13 octobre 2006
Les OGM sont là. Sans débat, de façon insidieuse, à l’insu du consommateur, au mépris des opinions publiques. Les citoyens peuvent-ils encore reprendre le contrôle ? Etat des lieux.
Surtout ne vous inquiétez pas : les organismes génétiquement modifiés sont strictement contrôlés, les parcelles cultivées le sont pour expérimentation scientifique, elles ne contaminent pas des champs alentour, on n’en trouve pas dans nos assiettes. On étudie d’abord les conséquences environnementales et l’impact éventuel sur la santé publique avant d’exploiter des OGM, c’est l’application même du principe de précaution. Vraiment ? C’est bien l’attitude raisonnable, responsable, que les autorités devraient adopter sur ce dossier. Rappelons les risques : contamination du sol, d’autres plantes, apparition d’insectes résistants, impact sur les insectes utiles comme les abeilles par exemple, développement d’allergies et apparition de nouvelles pathologies chez l’homme et l’animal... Avec les réactions en chaîne, les scientifiques sont aujourd’hui incapables de prédire quelles conséquences pourrait avoir une OGMisation massive de l’agriculture. On a eu le poulet à la dioxine, les farines animales et leur vache folle... N’est-il pas temps d’arrêter de jouer les apprentis sorciers ? Or, que se passe-t-il dans la réalité ? Les OGM, portés par les millions de dollars des multinationales, sont déjà en train de coloniser la planète, dans l’opacité sournoise. La firme Bayer est directement accusée par Greenpeace d’être "responsable d’une contamination mondiale du riz par son riz transgénique non autorisé", provenant de champs expérimentaux aux Etats-Unis, qu’on a déjà retrouvé dans treize pays, chiffre provisoire dans l’attente de nouveaux tests. Or le riz est la denrée alimentaire la plus importée au monde. Donc la dissémination s’opère bel et bien, et en dehors de tout contrôle démocratique.
Une opinion massivement contre
« L’étendue de cette contamination génétique réclame une réponse urgente. Ce riz et ses produits dérivés peuvent être dans les rayons des supermarchés n’importe où dans le monde », s’alarme le responsable de la campagne OGM de Greenpeace France, Arnaud Apoteker. Que peut alors faire le citoyen et consommateur lambda ? « Avec ce Guide, nous voulons offrir à tous un moyen simple de ne pas consommer des produits dont la fabrication peut avoir fait intervenir des OGM. Le pouvoir est dans le caddie ! En privilégiant les produits classés en vert, les consommateurs font pression sur les industriels. Ils protègent à coup sûr leur santé et ils agissent concrètement pour barrer la route aux OGM et préserver l’environnement. » D’autres écologistes, ceux de CAP 21, le mouvement de Corinne Lepage, lancent eux aussi l’alerte : "La contamination génétique (des aliments) a pris une ampleur internationale". Ils citent de la nourriture pour bébés en Chine, la quasi-totalité des farines de maïs et des céréales au Nicaragua, mais aussi du riz et des pâtes vendus en Allemagne, en Angleterre et... en France. Et de fait, la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes a fait savoir il y a deux jours que des traces d’OGM avaient été détectées sur 11 échantillons de riz américain, qui ont par conséquent été retirés des étals français. Nous sommes sauvés ! Jusqu’aux prochains arrivages, inéluctables.
Dans une seconde partie, il sera question de l’annonce joviale, par un semencier, que les surfaces cultivées en maïs transgénique devraient occuper fin 2007 en France une superficie de 10 à 15 fois plus vaste qu’en 2005, d’une mystérieuse petite phrase de Ségolène Royal, qui pourrait être très lourde de sens, de l’attitude des autorités qui refusent d’informer et pourchassent ceux qui le font, de la répression dont sont victimes les "faucheurs volontaires", sans oublier les intérêts économiques en jeu, ni tous les éléments que viendront apporter au débat les sagaces commentateurs de Plume de presse, du Monde citoyen et d’AgoraVox. Mesdames et messieurs, chers lecteurs, c’est donc à vous.