Quand l’Education nationale se lance dans l’apologie de la mondialisation

par pinkydoky
mercredi 13 décembre 2006

Depuis peu, l’Education nationale, en partenariat avec le ministère de l’Economie et Sciences po, se lance dans une campagne de promotion de la mondialisation auprès des collégiens.

Plusieurs milliers de plaquettes ont été éditées et distribuées dans les établissements scolaires. (disponible ici)

On peut considérer ce support comme un chef-d’œuvre de rhétorique. On peut y lire : « Pour la première fois, les moyens de communication et les médias, des ordinateurs aux télévisions, en passant par les Ipod et les téléphones portables, favorisent l’émergence d’une conscience planétaire sur les grands thèmes qui préoccupent les hommes et les femmes tels que l’environnement, la santé et la pauvreté. »

Parler de mondialisation sans jamais prononcer les mots délocalisation, fracture Nord/Sud, mouvement altermondialiste, voilà qui relève de la prouesse narrative. La brochure énonce en effet des vérités partielles, donc mensongères, sans jamais les étayer ni argumenter. Petit florilège : « La mondialisation est d’abord l’image du progrès et l’espoir de vivre dans de meilleurs conditions. La mondialisation permet une meilleure connaissance de l’autre dans le respect de ses propres valeurs. »

Le texte élude sciemment les aspects négatifs de la mondialisation, comme l’exploitation des pays sans loi sociale, l’ouverture de marchés au seul profit des pays riches, ou bien encore le risque bien réel d’uniformisation culturelle.

Sur ce dernier point, Internet est reconnu comme étant un média essentiellement occidental et anglophone. Le mandarin, première langue parlée dans le monde, n’est utilisé que par 8% des internautes. La culture et les langues indiennes sont quasiment absentes de la toile. 1% seulement des internautes sont africains : comment affirmer que les nouvelles technologies contribuent à l’émergence d’une « conscience planétaire » ? Bien au contraire la mondialisation accentue cette fracture numérique, qui voit les habitants des pays les plus pauvres exclus chaque jour un peu plus.

De toutes parts des voix s’élèvent pour réclamer une régulation de la mondialisation. Ces voix ne sont vraisemblablement pas parvenues jusqu’aux oreilles de l’Education nationale.

A l’heure où Jacques Chirac se positionne en faveur d’une mondialisation contrôlée, son apologie organisée par Bercy et la rue de Grenelle sonne faux.

On peut regretter que ces institutions, malgré la participation remarquée de Sciences po, ne donnent pas l’exemple à nos charmantes têtes blondes dans l’art subtil de la dissertation (thèse, antithèse, synthèse). La vision partisane développée dans cette brochure relève plus de la propagande ultra-libérale que de l’outil pédagogique.


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