Divorce Party (Funérailles gaiement arrosées pour amours défuntes)
par Contrepoint
mercredi 21 février 2007
Divorcer fait maintenant partie du parcours de tout un chacun, alors pourquoi ne pas fêter cet évènement ?
Tubes kitsch des années 80. Alcool au gant et clope au bec. Rires, messes basses. Rires... Joie de mise. Mirages éthyliques. Volutes nicotiniques. Elle se fourvoie dans les méandres enivrantes de l’Oubli. « I’m lost at sea, don’t bother me », pas vrai Mister Yorke. Memory being erased.
Ses inhibitions s’évaporent peu à peu. Confessions dévergondées. EXcentricité à peine masquée. Besoin EXistentiel de se dévoiler. J’ai des problèmes. Vous devez tout savoir.
Un cérémonial confus. En guise d’ode à une liberté retrouvée. Il faut briser les chaînes. EXorciser l’événement. Marquer le coup. Comme le symbole d’un nouveau départ. D’un mémorial. Par devoir.
Pour ne jamais oublier. Pour rire. Pleurer. EXposer à la face d’un monde indifférent son EXceptionnelle et unique banalité. Nécessité crispante. EXcrémentielle EXquisité que de se jouer de soi-même. HISTOIRE DE se persuader qu’on trouvera une paix intérieure. Mensonge.
« Amour des feintes », n’est-ce pas grand Serge.
On regrette les échecs passés. Flashback. On souhaite un avenir toujours meilleur. Voeux pieux. Un mal pour un bien. C’est
Ce soir, pas de mari. Ni d’amant. Mais de nouvelles cibles potentielles. Gibier sur demande.
Ce soir, le fils, vingt ans, est absent. EXaspéré par l’immaturité de sa gamine de patronne. Il préfère encore perdre la face.
La fille de sept ans est restée chez elle. Effrontée par sentiment d’abandon. Effrayée par une spirale d’incompréhension qui l’engloutit. Laissée à disposition d’une bienheureuse nounou.
Lubie de riche ? Volonté crétine de positiver ? De se voiler la face ? PrétEXte foireux pour se torcher ? Ce soir, elle célèbre son divorce. Stupeur.
L’organisatrice de l’événement rôde dans les parages. Oui madame, tout se déroule comme prévu. Satisfaite. Ou comment déléguer son propre bien-être dans les mains d’une entrepreneuse avide et au nez creux. Un abandon succède à un autre. Celui de l’avenir familial. La démission est totale.
J’EXhibe mes soucis personnels sur la place publique. Oui, encore. Bon conseil. Tu en as pour ton argent.
Alors vas-y, oublie. Fais plaisir à ta niaise de mère. Crie ton nom de jeune fille. Déchire toutes ses photos. De ce monstre hirsute à tes côtés. POUAH ! Crame les jusqu’à la dernière et EXulte !
Et puis...
Et puis elle célébrera en grande pompe les quinze ans de sa profession de foi en rien. EXcommunion, faites sauter les bouchons. Et puis les vingt ans de ses dix-huit ans. De son bac , EXamen qu’elle brigua l’année suivante avec succès.
Pourquoi pas des quinze ans de ses dix ans d’âge mental. Voir ta gueule à la récré, j’y crois autant que toi en toi... Ou en Jéhovah.
Et puis elle fêtera son licenciement. Pour ne jamais oublier, qu’elle aussi un jour, fut la plus EXemplaire des sous-fifres. Pour oublier la cruauté de l’instant présent.
Pour se forcer à croire qu’elle est encore sous de bons auspices. Force-toi. Vas-y, bois. Un verre. Encore. Fais-toi mal. Anesthésie tes peines. Désinfecte les plaies béantes de ton âme.
Et puis elle vouera un culte passionné à l’Oubli. En s’oubliant. Dans les méandres de l’alcool, au gant, et de la clope, au bec. Pour garder en permanence à l’esprit qu’elle n’avait pas besoin d’être amnésique. Avant. Du temps où elle avait encore la force. De se souvenir.
Et puis elle tombera en EXtase. Une révélation. Alzheimer, grand gourou de l’effacement de données. Contemplation. Félicité.
Where are you headed then ? Heaven or Hell ? In Limbo. Lost at sea... EXcursion dans l’Oubli, personne ne viendra t’importuner non. Plus jamais mon amour défunte. Plus jamais.
Alors, nous ôterons hautbois et carillons de leurs housses empoussiérées. Puis, dans un élan de frénésie et d’épilepsie, nous chanterons LA VIE. En la mineur. En faucheurs que nous sommes.
La vie est une fête. Une fête de tous les jours. (Tralalère libre).
Florian Bérigaud rédacteur du site www.contrepoint.info