Balade quantique

par Gabriel
mercredi 4 juin 2025

 L’homme accédant à la réalité par ses sens, et ses sens conditionnant la perception de cette réalité, la réalité en soi lui est interdite et ne peut être pleinement connue. L’esprit est en perpétuelle recherche de vérité tandis que l’âme hurle son besoin de liberté dont l’écho résonne dans ce corps qui n’est qu’une prison vouée à l’effondrement. Qui accroît son savoir accroît sa souffrance, car il prend conscience de l’immensité de son inscience. La vacuité de nos prétendues connaissances donne le vertige. Le gouffre de nos ignorances est abyssal, car il est peuplé de doutes et de lacunes. L’ignorance nous confine dans un confort inconscient qui prolonge l’enfance. Y a-t-il plus terrible souffrance psychique que de se rendre compte de son inefficacité devant la détresse d’autrui alors que l’on traverse soi-même une vie dans une soporifique routine. Tout ce qui nous constitue et nous entoure est issu de la même soupe psychique en perpétuelle mutation et quoi que nous fassions, quel que soit nos choix, nos erreurs, nous sommes condamnés à l’évolution. À partir de ce principe, apprendre à se perfectionner n’a de raison que dans la transmission de l’acquit à autrui. Ce subtil mélange entre déterminisme et libre arbitre définit notre propre univers dans l’univers. Avec uniquement le déterminisme, l’univers ne serait pas assez flexible et verrouillerait les possibilités évolutives de toute âme.

 Le concept de «  Dieux  ». Pour une majorité d’êtres humains, c’est une réalité théologique, un fait historique ou une licence poétique. Pour la science d’aujourd’hui : une équation quantique. Les religions asservissent l’homme, la foi les rend libres. Le problème avec les religions c’est qu’elles vous obligent à penser par elles-mêmes et vous interdisent de penser par vous-même. Vous devez suivre le livre et rien que le livre et ses préceptes. Tout écart à la parole écrite serait considéré comme une faute et une apostasie. Le croyant fanatique remplit sa poitrine avec son Dieu au point de ne plus entendre battre son cœur alors qu’il devrait accepter que toutes les religions détiennent certaines vérités que ne possède pas forcément la sienne et ainsi, tempérer son fondamentalisme religieux. La science n’est-elle l’étude des lois que Dieu (ou que la vie) a utilisée pour créer le monde  ? Concernant la spiritualité, différence subtile en croyance et foi, chacun ressent au fond de lui une vérité qu’il fait sienne et qu’il prend en partie pour acquise et qui devient sincérité, exactitude, véracité. Là est la grande épreuve, l’homme doit abdiquer son être pour rejoindre le divin. Seulement, même convaincu philosophiquement et humainement de cet Eden intérieur, quand la douleur survient et qu’elle devient feu, l’incertitude accouche de cette souffrance qui étouffe le raisonnement et chaque croyance vacille devant l’épreuve. Il y a nécessité d’étouffer cet ego, cette vanité que nous dissimulons maladroitement sous une fausse modestie de circonstance. Dans la recherche de la vérité, nous sommes notre propre ennemi et nos certitudes sont nos chaînes. La prétention nous pousse à croire que nous connaissons toutes choses alors que nous ignorons jusqu’à la raison de nos vies. Il y a deux dates importantes dans la vie d’un être : «  celles de sa naissance et celle où il a compris pourquoi  ». Nous rêvons de perfection alors qu’humainement nous peinons à accéder à la normalisation, car socialement de plus en plus inaptes et émotionnellement souvent ingérables par de prétentieuses postures. Dans cette époque de troubles et d’incertitudes suite à la destruction des repères naturels, l’homme consulte freudiens ou lacaniens ou se dogmatise dans une religion, mais Dieu et les psys ne répondent à aucune question, ils en posent de nouvelles. L’homme a mélangé le bon et le mauvais pour produire aujourd’hui le pire et leurs Dieux eux-mêmes, du haut de leur Olympe et du fond de leur abîme, s’y perdent. Entre Dieu et les humains, le pacte est calcul comme la vie est ruse biologique. Démunis comme au jour de la naissance, nous n’en avons toujours pas saisi le sens. Ce que le cimetière confisque au coucher du soleil, le berceau le rend à l’aube du lendemain. Ce n’est pas le droit, la morale, le bien ou le mal qui font l’histoire dans ce monde, ce sont les mathématiques, le nombre, uniquement le nombre. Il est indéniable que dans un monde physique fini, l’exponentialité du nombre est le moteur du déclin et de la disparition d’une espèce, d’une civilisation.

 Une situation ne peut subsister sans son inverse ainsi l’a si bien défini Bell dans son théorème. Le sentiment positif, est-il une force ou une faiblesse  ? Ce devrait être un état de grâce momentané, mais s’il revêt une forme passionnelle, il déstabilise la raison, et nous enferme dans une dépendance qui nous sépare de l’ensemble. Les actes qui en découlent, au même titre que les mots, enchaînent causes et effets. Si le sentiment est exclusif, il ne peut être qu’abusif et source de malaises. En revanche s’il est compassionnel et jumelé d’impermanence, il est source d’indépendance et neutre émotionnel donc efficace, car entier. Il devient une sorte de puissant condensateur servant de support à la médiumnité intérieure. Bouddha disait «  L’acteur est secondaire par rapport à l’action, car toute individualité est faite de la somme totale de ses actions passées ajoutée au vécu de son moment présent, tout ceci constituant un flux cohérent d’énergie consciente mieux connu sous le nom d’individu ou de personne  ». La progression de la pensée sous sentiments intimes est de fait conditionnée et parasitée. Bien qu’étant sûr de la puissance et de la véracité de mes sentiments, je ne puis les résoudre à l’exclusivité.

 La physique quantique nous propose certaines réflexions qui font vaciller nos certitudes acquises par la vision ou le touché (physique matérialiste). La plupart rêve de traverser cette vie comme une étoile filante, une éblouissante comète, mais quel amer constat de s’apercevoir au terme que nous fûmes qu’une nébuleuse. Pourquoi vouloir attraper la Lune quand on a un lit d’étoiles  ? Dans ce monde matériel où la barbarie dispose de sa propre industrie de la mort, privé d’illusions et de lumière, l’homme se sent étranger. Privé d’un foyer perdu ou de l’espoir d’une terre promise, son exil est sans remède. L’espace et le temps en tant que tels sont illusoires, seule une union des deux conserve une certaine réalité, une certaine stabilité qui fait que la matière pure ne peut qu’évoluer dans un présent soumis au principe thanatothropique. Stephen Hawking appelait ça : «  la conjoncture de protection chronologique  ». Le simple fait d’observer une particule subatomique, comme un électron, altère son état. Il est impossible de connaître en même temps la position et la vitesse d’une particule «  Principe d’incertitude de Heisenberg  ». Il y a une conscience universelle et le cerveau humain utilise celle-ci pour bâtir une conscience individuelle. Les NDE et leurs sorties du corps ne sont-elles pas susceptibles de confirmer définitivement le dualisme et une forme de non-localité. L’affirmation classique que tout est matière n’a plus de sens sur le plan scientifique de la physique quantique. L’ennemi absolu du matérialisme, le dualisme. Certains phénomènes qui relèvent d’un autre niveau de réalité peuvent influencer causalement notre monde sans pour autant pouvoir trouver une explication dans celui-ci. Principe de non-localité. Le monde ou nous vivons dans l’espace et le temps ne peut pas s’expliquer à partir de lui-même tel le défini Gödel dans son «  théorème d’incomplétude  » selon lequel il n’est pas possible de démontrer par la logique mathématique la cohérence d’un système en restant à l’intérieur même de ce système. La conception selon laquelle un esprit séparé de la matière peut exister devient donc crédible. Il existe un autre niveau de réalité situé hors de l’espace, du temps, de l’énergie et de la matière. Comme la nature du réel dépend de l’observateur, il faut en déduire que l’objectivité parfaite est impossible surtout lorsqu’il s’agit d’interprétation. Dans l’analyse, il faut se garder de toute idéologie pour ne se laisser guider que par les faits.

 À l’instant du grand voyage, deux regrets collent à nos basques et nous suivent comme un chat noir dans les ruelles incertaines et sombres de nos âmes. Le premier est de laisser derrière soi ceux que l’on aime et le second, ce terrible et tenace sentiment de savoir qu’on aurait pu faire plus et mieux malgré nos incompétences. Prendre conscience qu’au milieu des Saints et des Anges, nous ne sommes que de simples écoliers à l’école de la vie. De simples particules nucléaires accouchées d’étoiles mourantes. Jusqu’à ce jour, l’impermanence nous permet de dissimuler nos chagrins, elle est de cette pudeur qui ne pleure ses souffrances que de l’intérieur. De la naissance au cimetière, de chrysanthème en chrysanthème les autres fleurs font ce qu’elles peuvent chantait le grand Jacques. La révolution des mœurs dans les années 60, l’abandon des repères moraux fondamentaux, sous prétexte de pouvoir enfin agir librement, a irrémédiablement inversé les valeurs de base, structure de la paix et la stabilité de la vie communautaire. Le délinquant est devenu prioritaire à la victime qui elle, doit se contenter de bougies et de marches blanches. La brutalité de cette rupture a représenté dans la continuité pour la société et ses membres la preuve de la dissolution identitaire spirituelle. Parce qu’elle demande effort et combat, la réalité n’intéresse plus personne, elle est remplacée par confort et lâcheté par sa propre virtualité fabriquée et fantasmée. Avoir au-delà du nécessaire et paraître sont devenues plus important qu’être. La liberté n’est pas la capacité à faire n’importe quoi, mais au contraire d’agir selon ce que l’on est réellement. Il faut d’abord être quelqu’un qui peut compter sur soi et sur lequel les autres peuvent compter.

 Huit milliards d’êtres humains sur terre et combien de centaines de millions meurent seuls, sans amour, sans amitié  ? Qu’avons-nous échoué, à quel carrefour de nos vies nous sommes-nous égarés  ? L’être humain est tellement complexe qu’il est impossible de le résoudre à une équation morale, de bien ou de mal. Vouloir changer le monde est prétentieux, vouloir l’améliorer est présomptueux. Je préfère ce terme de « tikkoun olam » qui signifie, réparer le monde, du moins essayer chaque jour à son modeste niveau.


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