La déification de Mitterrand

par ÇaDérange
mercredi 11 janvier 2006

Les médias, en ce moment, sont lancés, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de François Mitterrand, dans un grand programme de déification de notre ancien président. Les émissions se multiplient, sur toutes les chaînes, sur sa vie, son oeuvre, sa période de gestion de la France, et même sur sa vie privée. Les livres sur sa vie et son oeuvre pullullent. Assez naturellement, le parti socialiste relaie ces émissions et y ajoute ses propres célébrations à Paris, Jarnac ou ailleurs. Même le pouvoir en place lui apporte en quelque sorte sa caution morale, en participant aux cérémonies officielles. Le sondage effectué à cette occasion le présente comme le dernier "roi" de France, et comme le président le plus populaire de la 5e République (après de Gaulle, néanmoins).

La description de son action pendant sa période élyséenne nous rappelle pourtant quelques erreurs majeures et quelques comportements mensongers d’une moralité douteuse.

Je parlerai d’abord de la période 1981/1983, pendant laquelle il a conduit la France, sous le gouvernement de Pierre Mauroy, à la faillite en deux ans, apparemment à sa grande surprise, et à celle du parti socialiste, qui ne pensait pas arriver aussi rapidement à un telle déconfiture économique. Il est vrai que pour François Mitterrand, le politique décide, et l’économique suit ! Malheureusement, les faits sont têtus.

Je passe sur l’erreur de casting d’Edith Cresson comme Premier ministre.

Quelques comportements et mensonges indignes de lui : ceux sur son état de santé, qu’il a tenu soigneusement secret, en contradiction totale avec ses engagements face au peuple français, avec pour seul but, grâce à cette tricherie, de conserver le pouvoir lors de sa deuxième élection présidentielle. Autre mensonge, celui sur les écoutes élyséennes ; la séquence dans laquelle il refuse de répondre aux questions d’un journaliste sur ce sujet, et affirme publiquement n’en rien connaître, avant de congédier méchamment le journaliste, est révélatrice d’un certain mépris du peuple et du contre-pouvoir de la presse.

Autre élément embarrassant pour le personnage, son passé, revendiqué et es amitiés de la période de Vichy, certaines actions comme ministre de l’Intérieur de la 4e République pendant la guerre d’Algérie, et la mise en scène de son enterrement à Jarnac avec femme, maîtresse, et fille, suivant le cercueil, qui ne m’a pas paru, personnellement, digne de la France.

En dehors de ces travers, un personnage qui savait susciter l’admiration, qui avait une vision de la France de sa grandeur, un grand enthousiasme européen, une forte résilience face à l’adversité, une extrême habileté manoeuvrière, en particulier pendant les périodes de cohabitation.

Un grand président, très intelligent, très habile manoeuvrier,oui, mais aussi imbu de sa personne, dogmatique par calcul et par interêt personnel, et sans beaucoup de scrupules, qui a fait beaucoup souffrir autour de lui. Un homme normal, avec ses grandeurs et ses petitesses !


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