Ségolène : Royal vacuité

par Bernard Lallement
lundi 19 décembre 2005

Laurent Joffrin, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, avait pris une initiative méritant de s’y intéresser. Afin de départager le flot des prétendants se bousculant au portillon des présidentiables, il militait pour l’organisation de primaires à l’image de celles ayant vu, en Italie, la victoire de Romano Prodi. Toutefois, chez nos amis transalpins il ne s’agissait pas d’un simple casting mais, également, de discuter avec le peuple de gauche les orientations d’une future coalition gouvernementale prompte à battre Berlusconi. Vaste et ambitieux projet auquel semblait donc s’atteler l’hebdomadaire de Jean Daniel.

Aussi, lorsque dans sa dernière livraison, sa couverture arbore le portrait de Ségolène Royal avec comme titre « Elysée 2007 et si c’était elle » ne suis-je persuadé avoir entre les mains un de ces numéros « collector » faisant date dans l’histoire de la presse.

Enfin, un homme (ou plutôt, mieux, une femme) politique allait, nous donner la recette du « vouloir vivre ensemble » dont tout le monde parle mais que personne n’est capable de mettre en œuvre. Nous allions être introduit parmi une intelligence apte à redonner force et vigueur à l’Europe politique, (re)trouver le chemin de l’intégration, vaincre, enfin, le chômage, réformer la justice et l’école qui en ont bien besoin, réconcilier la nation et ses élites. En un mot, une intelligence apte à porter sur le monde qui nous entoure un regard signifiant.

Hélas, les titres des articles eurent raison de mes espérances : « Scènes de la vie conjugales - Star is born - Ségo raconte Ségolène - Lang en jupons - Le bel âge, etc. Paris-Match, autre hebdomadaire fort prisé de la Dame en question, n’aurait pas fait mieux !

Platon est apparu bien ringard et Aristote à reléguer au magasin des souvenirs. Le viatique de Madame la présidente du Conseil régional Charente Poitou, pour prendre en charge les affaires de la Cité, retentit avec une telle pertinence que l’Etre et le Néant de Sartre fait figure de littérature enfantine :

« Je suis prête. » Le raisonnement est aussi simple qu’imparable commente François Bazin

institué, pour l’occasion, haruspice Royal. « Je ne mettrai pas les mains dans la tambouille et les petites combinaisons. Si l’élan se poursuit, ce que je crois, si les électeurs de gauche me demandent, ce que j’espère, alors je m’imposerai naturellement. Les autres n’auront pas le choix. Ce sera moi ! » Et une fois investie, notre Vestale du socialisme nous rassure : « pour la campagne, j’y réfléchis souvent et je n’ai aucun doute : elle sera réussie. »

« Il y a en tout cas un signe qui ne trompe pas et qui montre vers où elle se dirige : (...) la complicité de ceux qui savent prendre la lumière » vaticine l’hebdomadaire de la gauche éternelle.

Selon un sondage CSA pour le Parisien, publié dimanche, la compagne de François Hollande arrive en tête des personnalités socialistes pour 36 % des Français !

On ne sait dans quel naufrage, ne servant ni la cause du féminisme et encore moins celle du PS, situer l’idiosyncrasie de Ségolène Royal qui, visiblement, se caractérise par une marcescence de la vacuité. Quant au Nouvel Observateur, qui s’est prêté à cette mascarade, il nous a infligé le pire des supplices qu’un lecteur ait à redouter : l’ennui.


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