Savez-vous ce qu’est le libéralisme ?
par Le libéral
jeudi 20 juillet 2006
Sait-on vraiment ce qu’est le libéralisme ? Voilà une question qui mérite d’être posée, en ces temps où en France, être libéral est presque une infamie. Nos médias prétendent souvent que le monde autour de nous est devenu libéral, voire “ultra-libéral”, mais qu’est-ce donc que le libéralisme ? Est-ce une idéologie faite sur mesure pour les riches et les puissants ? C’est à ces questions que je vais tenter de répondre le plus clairement possible.
Je doute que l’on puisse y apporter une réponse unique, j’y apporterai
donc ma modeste contribution, qui n’engage que moi. Elle est fondée sur
des extraits du wikiberal et sur mes dernières lectures.
Pour résumer le contenu de cet article, le libéralisme est un courant de
pensée, ou un ensemble de courants de pensée, visant à faire reconnaître
la primauté de l’individu.
On définit souvent le libéralisme par ces quelques principes, que l’on
retrouve dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen :
• l’égalité en droit
• la liberté individuelle et la responsabilité qui en découle
• la propriété privée
• le droit de résistance à l’oppression
• la recherche du bonheur et la sûreté
On pourra alors parler de libéralisme moral. C’est l’individu qui est
le plus à même de choisir la voie de son bonheur. Je ne vais pas lui
imposer mon opinion et chercher à faire son bonheur contre son gré. Le
libéral sera donc, par exemple, contre une religion d’Etat, et prônera la plus grande liberté de choix possible pour chacun, dans le respect des libertés des autres membres de la société. Le libéral refusera toute politique visant à faire le "bonheur des gens malgré eux" : réglementation des pratiques sexuelles entre adultes consentants, par exemple.
Politiquement,
le libéralisme se retrouve dans la séparation des pouvoirs chère à
Montesquieu : diviser le pouvoir, pour éviter qu’un individu ou un
groupes d’individus puisse exercer une autorité arbitraire sur la société tout
entière. Ainsi, la nomination par le président polonais de son frère au
poste de premier ministre inquiète les libéraux de tout bord, qui voient
les pouvoirs se concentrer en peu de mains. Le principe de subsidiarité est à la base de ce libéralisme politique : tout ce que l’individu peut faire par lui-même aussi bien que l’Etat, c’est à l’individu de le faire. L’Etat ne prendra en charge que ce qu’il est le seul à pouvoir effectuer. Ce sont les fonctions régaliennes : police, justice, diplomatie, armée.
Enfin, en dernier lieu, le libéralisme est économique. Cela
consiste à reconnaître que chaque individu a le droit de profiter des
fruits de son travail. "L’homme qui produit alors que d’autres
disposent de ce qu’il produit est un esclave. Celui qui produit alors
que l’Etat lui en prend la moitié, est un demi-esclave." (Jacques de Guénin). L’Etat doit laisser les énergies individuelles s’exprimer sans entraver la créativité et l’innovation des hommes par des réglementations inutiles.
Alors
oui, le libéralisme est un humanisme, car il part de l’homme et le place
au coeur de toutes choses, à la différence des "constructivismes" qui
consistent à concevoir une société humaine comme s’il s’agissait d’une
mécanique que l’on peut fabriquer à partir d’un plan. Il est même le seul humanisme, pour Pascal Salin, car c’est la seule philosophie partant de l’individu.
A l’inverse, cette ambition constructiviste de
modifier l’état de la société en agissant par la contrainte, en
imposant à tous les individus des objectifs qui seraient ceux de « la
société » (la croissance, la santé, la sécurité sociale, etc.) relève
finalement d’une prétention à l’omniscience. Le libéralisme au
contraire dénonce l’absurdité de vouloir faire entrer les
comportements humains dans des équations mathématiques et défend la
liberté individuelle face aux plans. Murray Rothbard l’illustre dans Économistes et charlatans.
Le libéralisme est enfin une éthique de la responsabilité. Un individu
libre de ses choix en est également responsable. Responsabilité qui est
exigeante, et peut effrayer. C’est ce qui fait dire à George Bernard
Shaw (qui n’était pas un libéral) : "Liberté implique responsabilité.
C’est là pourquoi la plupart des hommes la redoutent."
Pour répondre à une objection courante, des "libéraux économiques", cela n’existe pas. Ou bien ce ne sont pas des libéraux. On n’est pas libéral économiquement sans avoir compris la base philosophique du libéralisme.
Beaucoup de gens ne voient dans le libéralisme qu’une doctrine
économique. Rappelons-le : il s’agit là d’un contresens majeur, complaisamment
véhiculé par les antilibéraux. Le libéralisme est d’abord une doctrine
de droit, qui stipule que tout être humain possède des droits naturels
imprescriptibles, qui sont la vie, la liberté d’agir, la propriété, la
résistance à l’oppression, et qu’il peut jouir de ces droits tant qu’il
ne porte pas atteinte à ces mêmes droits d’une autre personne. Ne
peuvent être sanctionnés que les actes portant atteinte à ces droits,
potentiellement ou effectivement. Enfin, l’individu est responsable des
conséquences de ses choix, tant pour lui-même qu’envers les autres
individus. Il ne peut se soustraire à ses fautes éventuelles.
Aucun groupe, aucune communauté, aucune collectivité ne peut imposer
ses comportements, ses choix de vie, à une personne, au motif qu’il
appartient à cette collectivité. Aucun individu ne peut être privé de
ces droits sous quelque raison que ce soit, et notamment la race, la
religion, le sexe, les opinions politiques ou religieuses, etc. De
même, aucun individu ne peut jouir de "plus de droits" qu’un autre, ne
peut voir sa vie, sa propriété, sa liberté mieux garantie qu’un autre.
C’est le concept clé de "l’égalité en droits".
Lectures pour mieux comprendre le libéralisme :
Libéralisme de Pascal Salin
Les libéraux de Pierre Manent