Un choix en Vert et contre tous...

par Peggy Picot
vendredi 21 juillet 2006

Pendant que Nicolas Sarkozy dépasse d’une tête Ségolène Royal (il est fraîchement crédité de 35% des intentions de vote, contre 32% pour la pré-candidate PS, selon l’enquête TNS Sofres/Unilog), et s’enorgueillit d’avoir déjà écoulé 130 000 exemplaires de son « Témoignage », les Verts ont finalement choisi Dominique Voynet comme candidate pour les prochaines présidentielles...

Dominique Voynet revient de loin. Par ambition personnelle, par goût de l’action, avec persévérance ou obstination, elle est, de nouveau, au devant de la scène. Un retour, ou une revanche ? On se souvient de son passage au ministère de l’Environnement, dans le gouvernement Jospin, et de "sa" catastrophe de l’Erika. Dans son livre Voix off sorti en 2003, elle campait une sorte de "Candide au gouvernement" et écrivait même - avec son habituel sens de l’à-propos...- Je rêve parfois de mener une vie ordinaire de femme et de mère de famille. On se souvient aussi qu’à la suite de sa défaite aux législatives, elle s’inscrit à l’ANPE de Dole en 2002. Elle fit ensuite le tour des plateaux télé, l’année suivante, pour dire qu’elle avait des problèmes financiers et espérait bien vendre son livre pour s’en sortir. En 2004, les affaires reprennent : elle est élue sénateur en Seine-Saint-Denis. Et la voilà en 2006 dans la course à la candidature.

Lors de sa précédente prestation aux présidentielles en avril 1995, elle a récolté 3,32 % des suffrages. Un score décevant, qui ne semble pas dissuader outre mesure les militant Verts aujourd’hui. Rappelons que Noël Mamère obtint 5,25 % des suffrages en avril 2002. Ce dernier est d’ailleurs accusé par Yves Cochet de participer au "sabotage du parti" en soutenant une candidature de José Bové, l’un de ceux qui portent le mieux, le plus haut et le plus fort la voix de l’écologie politique, selon Mamère (sur RTL, mardi matin). C’est d’ailleurs aussi le choix d’autres "saboteurs dissidents" comme Gilles Lemaire, Francine Bavay ou Sergio Coronado.

Alors, Voynet, candidate de "tous les Verts" ? Après les résultats, elle a déclaré : Sans nous la gauche serait moins belle, moins généreuse, moins ambitieuse et elle pourrait être tentée de déporter son message vers un centre improbable où les priorités ne seraient pas clairement lisibles, tout en prévenant : Ce n’est pas en culpabilisant les électeurs des autres familles politiques que le candidat du PS franchira le premier tour.

Elle affirme vouloir aller "jusqu’au bout" pour résister, face à ceux qui pourraient être tentés d’épouser les thèses les plus conservatrices et de se rallier à une bonne partie de la droite. Certains en frémissent déjà : Voynet, candidate anti-Royal ?

Si, en 2002, elle voulait rassembler la gauche, en 2006, elle veut rassembler les Verts. C’est mal parti... Mais les voeux pieux ne font-ils pas partie du jeu politique ?

Ne croit-elle plus à la gauche plurielle, alors qu’il y a encore deux ans, elle militait pour sa reconstruction dans Voix off où elle écrivait : Aucune force politique, ni la plus puissante, le Parti socialiste, ni la plus audacieuse, les Verts, ne peut aujourd’hui prétendre affronter seule les défis de l’avenir. Si elle veut voir le jour et l’emporter, une nouvelle alliance des forces de gauche est nécessaire.

Match révèlait fin juin que Cochet et Voynet "se sont tant aimés", et s’aventurait à une singulière analyse : On pourrait aller jusqu’à considérer que les Verts sont le fruit de l’amour d’«  Yves et Dominique » : ils sont le père et la mère du parti créé, en 1984, avec une poignée d’amis. Très bien, les parents tiennent encore la barre, mais ne risquent-ils pas de se retrouver bien seuls à bord du bateau ?

A voir ce parti se scléroser chaque année davantage, incapable de cohérence, il est légitime de se demander si, finalement, ces Verts-là n’ont pas compromis durablement l’écologie en politique.


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