France : onze idées fausses !

par stephane rossard
jeudi 12 avril 2007

Du libéralisme à l’égalité, de l’Etat au multiculturalisme, de la réussite à la mondialisation, de l’intégration à l’éducation, dix idées fausses qui ont la vie dure en France, car entretenues par démagogie, passées en revue. Et qui bloquent toute évolution, pourtant indispensable à notre pays pour retrouver le chemin de la croissance, de la prospérité et de la paix sociale.

Le tout-Etat et le poids excessif des administrations dans la vie socio-économique est une part du problème et non une part de la solution aux maux de la France ! L’excès, comme en tout, est nocif sur le moyen ou long terme pour la santé, en l’occurrence économique de la France. Une règle à laquelle ne déroge pas notre sphère publique. A quand un retour au principe de réalité en la matière ?

La confusion entre égalité et équité. Confusion soigneusement entretenue par nos élites politiques. Dommage car elle contribue à une incompréhension des enjeux d’aujourd’hui et un blocage certain de notre société. Cette méprise empêche l’ascenseur social de fonctionner ! Et non l’inverse ! En effet, l’égalité est le nivellement par le bas. Et non par le haut ! Seule la récompense au mérite en fonction des talents et des qualités de chacun peut créer une réelle dynamique d’évolution car source d’épanouissement pour l’individu. L’égalité caractérise une situation de départ. Et elle est fondamentale. Autrement dit, garantir les mêmes droits et les mêmes conditions à chacun. A l’instar d’une course de cent mètres. Chacun sur la même ligne de départ. C’est ensuite qu’intervient l’équité. Soit récompenser chacun selon ses facultés. D’où des gagnants et des perdants. Garantir l’égalité le long de la course c’est s’assurer que tous les participants franchissent la ligne d’arrivée en même temps ! En revanche, il faut protéger ceux et celles qui sont distancés afin d’éviter qu’ils soient hors course de façon définitive, sans rattrapage.

Ce n’est pas la flexibilité qui crée du chômage ou de la précarité mais bien la rigidité du marché du travail. L’objectif est en effet de rendre les conditions d’entrée et de sortie du marché plus faciles. C’est pourquoi, au lieu de parler de flexibilité ou flexi-sécurité, le terme approprié est fluidité. Autrement dit, il faut faire tourner les effectifs !

En France c’est bien connu le libéralisme est à haïr ! Qui n’est pas français ne déteste pas le libéralisme. Pourtant, chaque Français, dans sa vie quotidienne, le pratique sans le savoir à l’instar de Monsieur Jourdain qui faisait de la prose en l’ignorant. En effet, le libéralisme en matière d’économie c’est le choix. Que ce soit Internet, les télécommunications, l’alimentaire, les vêtements... en tout le consommateur français bénéficie du libéralisme et de ses effets positifs sur son pouvoir d’achat. Autrement dit, une concurrence source d’innovation donc de renouvellement des produits et des prix bas grâce à la libre circulation cause de tous les maux socio-économiques de notre pays !

La mondialisation est une opportunité de croissance et de prospérité. Encore faut-il s’adapter et relever les nouveaux enjeux qui vont avec. A la fois en terme de structure, de comportement et de mentalité. Dans le cas contraire, soit se refuser à toute évolution, c’est une menace et la mère nourricière de notre déclin économique et industriel par le phénomène des délocalisations avec pour effet un appauvrissement social et une précarisation croissante. Il n’y pas d’autres explications. Pour imager  : la France, c’est Fernando Alonso qui participe avec une formule 1 des années 50, réfractaire au modernisme, mais qui, pour gagner, exige le retrait des autres participants équipés des modèles d’aujourd’hui.

Le niveau des impôts et des prélèvements obligatoires serait l’étalon de la performance d’une économie. Plus ils sont élevés, plus l’économie est efficace. Faux. Il n’existe absolument aucun lien. Une vieille lune entretenue la plupart du temps par le Parti socialiste. La bonne blague. Car si c’était le cas, la France afficherait des résultats exemplaires car, exception faite des pays scandinaves, elle présente les prélèvements les plus lourds. En dépit d’une augmentation constante au cours des vingt-cinq dernières années, la France a vu dans le même temps son économie régresser ! Une fiscalité considérée comme confiscatoire et qui est un sérieux handicap à l’attractivité compétitive de la France. Par voie de conséquence, un frein à la création de la richesse donc à la relance de l’emploi. Une logique économique évidente à laquelle la France a du mal à se rendre.

La croissance crée l’emploi. Nécessaire mais insuffisant ! C’est faux de croire que la conjoncture représente le remède miracle ! Il faut impérativement y ajouter des éléments structurels. Autrement dit, mettre en oeuvre les politiques publiques (économique, budgétaire, fiscale, sociale, etc.) en phase avec le contexte et les enjeux économiques, si ce n’est les anticiper ! Autant de leviers qu’il faut utiliser avec pertinence. Sans oublier une révision de notre marché du travail et nombre de ses règles anachroniques !

L’intégration a échoué. Trop facile. Car c’est reporter l’entière responsabilité sur la France. Quand on voit les moyens mis en œuvre ces dernières années au profit des banlieues, on ne peut pas (laisser) dire que la France n’a pas fait, non pas ce qu’il faut, mais un minimum. Dans chaque banlieue, les jeunes disposent des infrastructures collectives et d’enseignement indispensables, donc des outils de leur insertion sociale et professionnelle. Nul n’a besoin de marcher dix kilomètres pour se rendre à son école ! Il faut, par conséquent, cesser cette victimisation et reconnaître le partage des torts ! Et non continuer à inverser la charge de la preuve. Certes, les environnements sont inhumains. Mais ‘’Paris ne s’est pas fait en un jour’’. Leur réhabilitation demande du temps. Sans parler de cette faute commise : le non mélange des personnes issues de l’immigration avec les populations établies. Cette absence de mixité a conduit à un séparatisme géographique lui-même vecteur de cette communautarisation croissante.

Le multiculturalisme réussi. C’est un leurre à partir du moment où il est érigé en fin et non considéré comme un moyen ! Le multiculturalisme ne peut réussir qu’à la condition qu’il se développe dans le respect du contrat social, des lois républicaines en vigueur et des valeurs inhérentes à la nation où il s’exerce. Pour imager : quand vous recevez des amis à la maison, ils peuvent s’habiller, s’exprimer, aller et venir librement. En revanche, hors de question qu’ils retouchent à votre intérieur (nouvelle peinture, changement de meubles...) car vous ne vous sentiriez plus chez vous ! Il en va de même pour le multiculturalisme.

Notre système d’éducation est un modèle ! Vu le taux de chômage des jeunes, 25% le plus haut au sein de l’Union européenne, on peut dire que c’est une des plus belles inepties ! Il faut, néanmoins, apporter une nuance de taille. Concernant la méthodologie, la France a probablement un enseignement d’excellence. Voila pour la forme. Pour le fond, soit l’adéquation des formations par rapport aux besoins du marché du travail, il y a à refaire ! Car en ce domaine il faut rétablir une vérité vilainement écorchée : si les jeunes ne trouvent pas de travail, ce n’est pas faute de travail mais faute d’une formation qui ne mène nulle part au niveau professionnel !

La réussite, au lieu d’inspirer l’exemple, la voie à suivre, est au mieux jalousée, au pis conspuée. Celui qui fait fortune est en effet voué aux gémonies, regardé d’un sale oeil. Il est perçu comme un voleur, un escroc et un égoïste. Guère encourageant ! Or, ce devrait être tout le contraire. La réussite devrait être vue comme un émulateur et un bienfait pour la collectivité. Ainsi, sans entreprises, pas d’emploi et donc pas de création de richesse. Une évidence, sauf en France !

Le courage serait de dénoncer ces ‘’illusions’’ dont les politiques se font les promoteurs, uniquement par démagogie, dans un souci d’être élus. Des illusions onéreuses et qui ont mené la France là ou elle en est. Rétablir la vérité est le premier pas afin d’espérer (à nouveau).

P.S : je n’ai pas inclus l’Europe car les Français à leur grande majorité approuvent sa construction et la nécessité de la poursuivre, de l’approfondir. Donc ils ne font pas fausse route. Ce qui fait discussion c’est le modèle proposé. Mais c’est un autre débat.


Lire l'article complet, et les commentaires