À la recherche de l’identité socialiste…

par Gaëtan Gorce
jeudi 3 décembre 2009

 Les mois passent et le constat qu’il était déjà possible de faire voici un an n’a fait que se confirmer. Loin de profiter à la Gauche, supposée incarner le retour de la régulation, la crise la laisse au contraire dans un été d’errance intellectuelle stupéfiant.
Cette situation n’est évidemment que le reflet d’un mal plus profond qui travaille nos partis depuis au moins 20 ans.

Les causes en sont connues mais il faut encore y revenir puisqu’elles ne suscitent toujours pas de réactions. Pour l’essentiel, le courant socialiste, en Europe et, plus particulièrement en France, est victime de son désintérêt, de son indifférence même, pour l’Histoire. Au rebours de leur tradition, les socialistes sont incapables de produire et même de rechercher une analyse critique de leur histoire pour en dégager des constantes, en corriger les erreurs, en tirer des leçons pour l’avenir. Il ne s’agit pas de citer (à défaut de relire) Jaurès, d’évoquer Blum ou Pierre Mendès-France pour s’en inspirer véritablement. La réflexion rétrospective sur les choix qu’ils ont dû opérer est seule, en effet, de nature à dégager les éléments constitutifs de notre identité politique, économique et sociale.

L’errance idéologique qui est la nôtre est le résultat de cette perte de repères qui nous conduit, dans le débat politique, face à une droite habile à brouiller les lignes et la communication, à nous agiter comme une guêpe dans un bocal, passant brusquement d’une option à l’autre, d’une déclaration à l’autre, sans jamais leur donner ni consistance, ni surtout cohérence.

Ce constat, je ne suis naturellement pas le seul à le faire : Vincent Duclert l’a bien énoncé dans La Gauche face à l’histoire (Le Seuil, 2009), prenant à la volée quelques exemples certes illustratifs mais insuffisants pour compenser le vide sidéral qui s’est instauré depuis des décennies. Que la solution à notre crise du moment trouve sa réponse dans une analyse critique de la chute du Mur et le défi que celui-ci a lancé à la Gauche européenne ; qu’elle suppose de retrouver le fil du débat interrompu entre marché et démocratie qui fût à l’origine du succès puis de l’échec de la social-démocratie, voilà une réalité qui ne s’impose pas d’elle-même. Il ne s’agit pas de céder à une quelconque nostalgie mais, au moment de reconstruire du neuf, de s’appuyer pour le faire, sur le socle constitué par ceux qui nous ont précédés.
 
C’est à cette tâche que j’invite les uns et les autres. Ouvrons le débat. N’hésitez pas à me faire part de vos points de vue, de vos observations. Que pouvons-nous encore dire de Jaurès et des grands débats qui l’ont opposé à Guesde ; de Bernstein et des défis qu’il a lancé à Kautsky ; d’Henri de Man et du pluralisme relayé par le groupe de la révolution constructive ; d’André Philip et de tous les courants autour de Daniel Mayer qui s’efforcèrent d’inventer un socialisme humaniste à la Libération ; de Pierre Mendès France et de sa République Moderne, mais aussi de la social-démocratie scandinave qui, dès les années 30 mettait en place une sorte d’état providence, ou d’Antony Crosland, auteur du dernier grand livre sur le mouvement socialiste (The Furure of socialism, 1956).

Alors, à vos plumes, à vos réactions, à vos suggestions. 

Gaëtan Gorce

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