Retour de flamme olympique

par C’est Nabum
vendredi 28 avril 2023

 

Quand le boutefeu se brûle les doigts

 

Tout feu tout flamme, un sémillant jeune homme a porté haut les couleurs de la nation, brûlant les étapes pour parvenir au sommet du podium national. Se refusant à la course de fond, ignorant tout autant les relais, il a opté pour le saut à la perche pour passer par-dessus les partis, les équipes, les disciplines, les convenances et les usages. Avec lui, le sport collectif ne sera jamais à la fête, individualiste forcené, il prône les sports en solitaire, là où il peut décider de tout.

Avec lui, c'est la course à l’échalote permanente pour qui veut emboîter son pas, à la condition expresse de n''être qu'un suiveur, un suceur de roue, un porte bidons ; tous des sportifs qui ne lui feront aucune ombre. Il entend gagner toutes les médailles sans jamais connaître de revers, quitte à éliminer de la course, tous ceux qui entendent le doubler par sa gauche ou par sa droite.

Il bouscule les convenances, mord très souvent la ligne, pousse d'un coup d'épaule qui s'aventure à le menacer, le doubler, le déposer. Il n'hésite pas du reste, à jouer les fort à bras dans des compétitions internationales où il se fait toujours remarquer par des déclarations à l'emporte-pièce. Il brille au lancer du javelot, assomme l'opposition à coup de marteau, ne change jamais de disque et se fait le spécialiste des faux départs.

Il franchit tous les obstacles avec aisance, n'hésitant pas à semer derrière lui des chausse-trappes pour les suivants. Il a plus d'une corde à son arc, ce qui lui permet de changer de cible en fonction de son humeur. Bien qu'il rame dans les sondages, il se permet de plonger du haut du tremplin sans aucun soucis pour son image. Il propose ainsi les figures les plus surprenantes pour distraire les juges sans se douter qu'un jour ou l'autre, il finira par s'écraser.

Champion en herbe, il ne met jamais le nez dans le gazon, préférant longer les lignes dans l'espoir de changer d'air. Il se targue de préférer le débordement au recentrage, marque plus de buts contre son propre camp que n'importe quel autre joueur. Il joue systématiquement hors-jeu mais jamais le drapeau ne se lève contre lui. Il a corrompu les directeurs du jeu et les juges arbitre pour s'autoriser ainsi à ne jamais respecter la règle.

Il va de l'avant sans jamais regarder en arrière, vise l'excellence, pense renaître de ses cendres après avoir brûlé les planches des parquets de Notre Dame. Il entend réussir son pari, faire de Paris la ville LUMIÈRE tandis qu'on s'y baignera dans la Seine. Il se rêve d'un destin Olympique lui le boute-feux d'une nation exsangue, incapable de suivre une cadence qui ne profite qu'aux athlètes de la bourse et du panier de la ménagère en folie.

Il oublie que ses fameux Jeux Olympiques sont sous la menace d'un peuple en colère, d'un public humilié, d'une nation sous le joug. Acculés dans les cordes, soulés de coup, condamnés à n'être que remplaçants ou faire valoir, les citoyens peuvent le priver de son colifichet. Souffler sur la flamme, lui couper le gaz, le noyer sous les manifestations, briser la trêve olympique, tout cela ne serait qu'un juste retour de flamme pour l'incendiaire de service.

Le monde entier découvrirait alors que le prétendu champion de la modernité n'est qu'un pitoyable dopé, un tricheur et un procédurier qui fait la course en tête, simplement en éliminant tous ses concurrents, en faussant les règles et en corrompant les juges arbitres. Terrible serait alors cette image d'un roi du stade devant les tribunes vides des chantiers inachevés, d'un donneur de leçon n'ayant pas achevé ses travaux, d'un monarque sans trône, d'un Prince sans sujet.

.Abolir le peuple, c'est courir le risque de se brûler les doigts là où il ne le soupçonne pas. Toute médaille a son revers, pour lui, le risque est grand que ce revers soit Olympique. Souffler sur les braises, ce n'est pas jouer dans la cour des grands. Son drapeau tombera en torche sous les yeux du monde entier tandis que de son trône pitoyable, il croulera sous les huées, une médaille de bronze autour du cou.

À contre-jeux.


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