Scènes de la violence ordinaire

par C’est Nabum
jeudi 13 avril 2023

 

Le spectacle qui rapporte plus que vous ne pensez.

 

Les chaînes d'information ont un énorme appétit d'images qui n'ont d'autre objectif que d'hypnotiser le téléspectateur afin de le maintenir rivé à son écran et parfaitement captif pour le discours le plus alarmiste, régressif, débilitant qui soit. C'est une forme bien plus élaborée que les jeux du cirque car la pauvre cible se retrouve seule, avec son effroi alors que jadis la foule permettait sans doute de penser que ce n'était que du spectacle.

Et pourtant là encore, ce n'est que du spectacle, de la manipulation orchestrée par des intérêts supérieurs qui visent à ôter tout pouvoir de raisonnement à ces pauvres gens, qui regardent bouche bée, le cerveau débranché, la supposée réalité amplifiée d'un monde qui court à sa perte sans l'intervention musclée des brigades du rétablissement de l'ordre.

Remarquez que les mêmes dispositifs jouent quand la tragédie boute les émeutes du programme. Mêmes mines compassées, mêmes images en boucle, mêmes matraquages du public pour totalement abrutir ceux qui vont ainsi mettre toute leur humanité au service d'une empathie parfaitement sans effet à moins d'envoyer un peu d'argent sans rien changer jamais au fond du problème.

Les violences urbaines ou les catastrophes naturelles ou artificielles imposent le même traitement, concurrent à la même lobotomie d'une partie de la population qui finira inévitablement par rejoindre les rangs de la grande réaction, du retour à l'ordre et à la discipline, du pas de l'oie et de la suppression des libertés.

Ne vous y trompez pas, tout ceci est financé par de grands philanthropes qui mettent leur argent là où ils jugent qu'il permettra de continuer à enfumer le peuple, à l'asservir et à lui retirer tout jugement de valeur. Journaux, télévisions, spectacles à grands tapages, tout doit participer au maintien d'un système totalement délirant qui conduit à la ruine de l'humanité. L'essentiel pour eux étant de durer le plus longtemps possible.

Mais le pire dans ce système est la veulerie et la docilité de journalistes qui ne peuvent en conscience être dupes de ce que leurs patrons les obligent à commenter. Pourquoi diantre ont-ils besoin de prendre ces faces de carême alors qu'ils se gavent honteusement ? Pourquoi ces mines attristées alors qu'ils savent que ce n'est qu'une parodie de réalité ? Pourquoi encore ces propos véhéments alors qu'ils ne pensent rien de ce qu'ils disent ? Pourquoi enfin avalent-ils les réponses bidonnées des gens du pouvoir, leurs mensonges, leur duperie sans jamais réagir ?

La véritable violence est là, celle d'une information qui se met entièrement au service de ce fameux establishment si cher à l'idéologie nationale ? Quand la presse ne prend plus le temps de mettre de la distance entre les faits et l'analyse, quand elle se passe de réflexion pour se contenter de l'émotion, quand elle choisit ce qui indigne ou émeut au détriment de ce qui fait sens, elle matraque les pauvres gens plus sûrement encore que les brigades motorisées du bras séculier.

La violence la plus insidieuse qui soit est dans cette odieuse complicité du cinquième pouvoir qui se fait sur ordre, la courroie de transmission de l'exécutif. À cette insupportable réalité il y a deux réactions fort différentes dans le peuple. Les plus nombreux adhèrent sans broncher à ce cirque, se tapent la tête contre les murs, s'arrachent les cheveux et réclament encore plus de répression, se faisant les supporters de la peste brune. Les autres, excédés, outrés, humiliés, ignorés font le choix de la virulence, de l'insurrection et servent ainsi les desseins du pouvoir pour continuer d'alimenter le processus.

Tout ceci va mener tranquillement vers le gouffre, celui du retour du fascisme aux commandes. La bête attend son heure, tout concourt à un avènement prochain qui ne sera pas celui des hautbois ni des clochettes. Le pire est à notre porte, coupez vos écrans de télévision.

À contre-marée.


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