Quand Hollande veut jouer les Trump

par Fergus
samedi 9 mars 2024

Que l’on se rassure, l’ancien président n’entend pas jouer sur la corde complotiste ni multiplier les anathèmes vulgaires pour séduire les électeurs français. Mais comme Donald, le gars François se verrait bien rempiler pour un nouveau mandat. À cette différence près que le premier nommé a de bonnes chances de réemménager à la Maison blanche dans quelques mois tandis que le retour à l’Élysée du second en 2027 risque fort de rester à l’état de chimère…

Hollande candidat à la présidence en 2027, la chose peut surprendre, c’est le moins que l’on puisse dire. Surtout de la part d’un homme qui s’est montré incapable en 2016 de contrer les ambitions de son ministre des Finances, un freluquet nourri chez Rothschild aux bienfaits du néolibéralisme, un quasi-gamin au plan politique, même pas encore quadragénaire, mais dont les dents rayaient déjà profondément les parquets des palais de la République. À l’évidence, Hollande a eu peur d’un cuisant échec. Au point d’être contraint de jeter l’éponge quelques mois avant la présidentielle sans avoir tenté de remettre les pendules à l’heure pour doucher les prétentions de l’ambitieux Macron, un outrecuidant qui – chose étonnante, pour ne pas dire saugrenue, en regard de son objectif élyséen – ne s’était jamais frotté aux électeurs, ne serait-ce que dans un scrutin local.

Il est vrai que l’image de Hollande était alors tellement dégradée que sa cote de popularité – déjà très largement plombée par les pitoyables affaires Léonarda, Cahuzac et Thévenoud, et plus encore par le vote et la promulgation de l’anti-sociale Loi El Khomri – était tombée en octobre 2016 à un niveau jamais atteint sous la Ve république : seulement 4 % des personnes sondées par l’institut Ipsos se disaient « satisfaites » de l’action du président en exercice contre 70 % d’un avis contraire ! Une misère. Difficile dans ces conditions de prétendre à se représenter devant les électeurs en leur faisant miroiter une fois de plus des lendemains enchanteurs. Fût-ce en projetant d’égrener ces riantes perspectives dans une nouvelle anaphore, aussi talentueuse puisse-t-elle dans la forme, mais – les Français ont payé cher pour le savoir – ô combien illusoire sur le fond.

Depuis, l’homme a repris du poil de la bête, bien aidé par l’arrogant Macron dont le parcours présidentiel est, depuis 2017, émaillé d’« emmerdes » dont chacun sait que, « comme les cons, elles volent en escadrille » (dixit Chirac, entre deux Corona). Loin d’en être peiné pour son successeur, Hollande n’a jamais raté une occasion de remuer le couteau dans les plaies de la gouvernance jupitérienne. Le plus étonnant étant qu’au fil des mois l’ex-président, ravi in petto des galères de l’actuel exécutif, en est venu à porter un regard de plus en plus positif sur son propre bilan comparé à celui de Macron. Ce qui ne va pas sans rappeler un proverbe où il est question d’hôpital et de charité. De là à penser qu’il pourrait se replacer dans le jeu politique en vue de la présidentielle 2027, il n’y avait qu’un pas. Un pas qui, dit-on dans les rédactions, pourrait être franchi dans les prochains mois...

C’est ridicule, évidemment, pensera avec lucidité le quidam lambda, instruit des effets du mandat hollandais sur la vie des Français. Instruit également de la tentative de retour de Sarkozy lors de la primaire organisée cette même année 2016 : l’ex-président a talonnettes y avait été laminé par ceux-là même qu’il nommait avec mépris « Ducon » (Fillon) et « Durien » (Juppé). Son propre sort et celui de Sarkozy devraient logiquement dissuader Hollande de tenter une aventure vouée à un cinglant fiasco. Or, il n’en est rien : requinqué par l’inconsistance de Faure à la tête d’un Parti Socialiste subclaquant, et ragaillardi par l’absence d’un candidat incontestable au sein de la gauche modérée, il se prend à rêver d’incarner l’espoir de cette gauche orpheline aux yeux des électeurs, des rangs modérés de la Nupes jusqu’à ceux des dépités du macronisme.

En l’occurrence, Hollande théorise, non sans raison, l’existence d’un espace pour une candidature d’union à gauche hors d’une France Insoumise gangrenée par les excès et le sectarisme des proches amis de Mélenchon. Les écologistes et les communistes sont-ils sur la même ligne ? Pas sûr. Mais surtout, seraient-ils prêts à se ranger sous la bannière hollandaise ? La question fait sourire tant la réponse semble évidente. Et pourtant Hollande semble y croire, entretenu dans cette illusion par son nombre record de followers sur les réseaux sociaux et par une popularité retrouvée dont il peut mesurer la réalité lors des séances de signature de son dernier livre. Mais attention aux mirages : avant la primaire de la droite et du centre, Sarkozy était lui aussi accueilli comme une star par ses groupies. La chute n’en a été que plus rude.

Hollande candidat d’une union de la gauche hors LFI en 2027 ? Cela ressemble fort à l’une de ces blagounettes dont il a toujours été coutumier. 

Pour sourire, quelques textes parodiques du début de mandat de Hollande :

Hollande au Brésil (juillet 2014)

Le nègre de Hollande (février 2014)

Hollande au cœur de la volière (décembre 2013)

Hollande au ski (mars 2013)

Le rêve de Hollande (février 2013)


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