Nasrallah et les options de la cause palestinienne

par Dr. salem alketbi
samedi 10 février 2024

L’exploitation de la cause palestinienne pour atteindre les objectifs stratégiques iraniens n’est pas une nouveauté pour les observateurs et les experts. La tentative de retirer la question de son cadre arabe et même islamique pour en faire une question purement iranienne est ce que les armes terroristes iraniennes ont essayé de promouvoir ces derniers temps.

C’est ce qui ressort du discours prononcé par Hasan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah libanais, lors du douzième forum international de Téhéran, qui s’est tenu sous le slogan «  Gaza, symbole de la résistance ». Dans son discours, M. Nasrallah a déclaré que «  ce qu’Israël a perdu jusqu’à présent à Gaza en termes d’officiers et de soldats aux mains des groupes de résistance palestiniens est bien plus important que ce qu’il a perdu lors de la guerre de 1967. L’armée israélienne, qui a occupé plus de 69 000 km2 lors de la guerre des Six Jours, est désormais vaincue sur une partie de Gaza ».

Il a mis en doute l’efficacité des armées arabes par rapport aux groupes terroristes de la «  résistance », ignorant les différences significatives entre les affrontements entre armées régulières et les affrontements menés par des armées avancées contre des milices et des organisations dans des guerres non conventionnelles avec leurs propres calculs, normes et règles, qui sont fondamentalement différentes des conflits traditionnels.

De tels points de vue défendus par les milices terroristes ne dénigrent pas seulement les armées nationales, mais sapent directement le concept d’État-nation.

Les milices se présentent comme des alternatives à l’Etat, comme au Liban, au Yémen et même dans les territoires palestiniens, où le Hamas s’obstine à monopoliser le pouvoir dans la bande de Gaza sur la base d’élections qui ont eu lieu il y a une vingtaine d’années. Ce problème s’étend à l’exploitation du sang de Palestiniens innocents.

Les discours sur la résistance, les slogans sur la fermeté, la fierté et la victoire ne doivent pas être dissociés des rivières de sang versé, du déplacement de dizaines de milliers de familles, du grand nombre de personnes handicapées à la suite de blessures de guerre, de l’absence de sentiment de sécurité et de la diminution de l’espoir d’un avenir pour les enfants de Gaza, qui méritent de vivre comme les autres enfants du monde entier.

Ils ne devraient pas être exposés à des slogans trompeurs qui sont démentis par la réalité. La seule vérité de Nasrallah dans son discours est que la soi-disant opération «  Aqsa flood  » est venue embrouiller la situation et changer tous les calculs, avec quelque deux millions de Palestiniens confrontés à un destin incertain.

Pourtant, personne ne semble se soucier de leur situation ou de la manière de préserver leur vie, à l’exception des mêmes pays accusés de trahir la cause par les résistants autoproclamés. L’attaque brutale du Hamas contre Israël a en effet changé la dynamique, à la fois en Israël et, dans une plus large mesure, dans la question palestinienne.

Pour nier ce fait, il faut élaborer un scénario réaliste sur le sort des deux millions de personnes déplacées dont les maisons, les écoles et les hôpitaux ont été détruits. Il y a une grande différence entre être raisonnable et défendre sa cause en pensant d’abord à soi, et être réactif et irréfléchi, et sauter sur l’occasion avant de se servir de sa tête.

Le résultat est clair  : une grande victoire pour Nasrallah et ses compagnons qui exhibent au monde des slogans de victoire, de défaite de l’ennemi et d’écrasement de l’arrogance, en ignorant le prix élevé qu’ils paient pour la réalisation de leur moment triomphaliste.

Nasrallah accuse l’Occident, en particulier les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, de déchirer notre région par le sectarisme, le racisme et le factionnalisme.

Mais tout le monde sait qui a fomenté les conflits entre les factions et manipulé la composition démographique sur la base du sectarisme, ce qui a conduit à la destruction et à la fragmentation de plusieurs pays arabes pour réaliser des rêves expansionnistes.

Le soi-disant axe de la résistance est fondamentalement un axe basé sur la secte qui a accepté la participation du mouvement Hamas uniquement parce qu’il fournissait le gage nécessaire pour intervenir dans la cause palestinienne. Le soi-disant axe de résistance est un axe de ruine.

Il ne connaît pas la coexistence pacifique et ne voit pas d’autre voie que celle du meurtre, de la destruction, de la propagation du chaos, des guerres et des effusions de sang.

Il n’y a aucune allusion ou déclaration à un chemin vers la vie  ; au lieu de cela, tous les chemins mènent à la mort au milieu d’une manipulation massive des émotions et d’une énorme titillation des sentiments dans une région qui vit et prospère grâce aux slogans.

Hassan Nasrallah déclare  : «  Le sang des martyrs de Gaza au Liban, le sang des martyrs de Gaza en Syrie, le sang des martyrs de Gaza en Irak, le sang des martyrs de Gaza au Yémen et le sang des martyrs de Gaza en Iran, plus récemment le sang du général de brigade Sayyed Razi Mousavi - tout ce sang se joint au sang des martyrs de Gaza et de Cisjordanie ».

Nous ne savons pas quel est le lien entre Mousavi et les événements de Gaza, d’autant plus que le Hamas et la partie iranienne nient toute relation à ce sujet. La vérité, c’est que le Moyen-Orient doit de toute urgence se débarrasser de ces distorsions géopolitiques causées par les milices terroristes sur la scène régionale.

Sinon, tout discours sur la sécurité et la stabilité régionales sera dénué de sens. Les peuples de la région ne doivent pas être soumis à la volonté de l’Iran et de ses mandataires, ni à leurs plans et visions, qui n’épargnent à personne les affrontements, conflits et confrontations immédiats et potentiels.


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