Peak Oil : Le pic de production de pétrole

par ÇaDérange
mercredi 22 juin 2005

L’un des éléments dont vous entendrez parler de plus en plus au fil des années concernant l’énergie est le Peak Oil, c’est à dire l’année à partir de laquelle la production de pétrole dans le monde va commencer à décroître. Car nous commençons à voir se profiler à l’horizon un moment où la demande de pétrole et la production que nous serons capable de réaliser dans le monde, tous gisements confondus, seront égales puis basculeront inexorablement vers le déséquilibre c’est à dire la pénurie.

Ce Peak Oil dépend bien entendu de nombreux facteurs. L’augmentation de la production actuelle par l’accroissement des équipements de production, la mise en production de nouveaux gisements déjà connus, et la découverte suivie de la mise en production de nouveaux gisements soit dans des zones peu explorées jusqu’a maintenant (ex Union Soviétique, Chine, Afrique) soit en Offshore très profond. D’un autre coté l’accroissement de la demande par la hausse du niveau de vie et du besoin de confort, le développement de l’économie mondiale, et l’émergence de nouveaux acteurs dans cette économie.

Un des facteurs très important dans ce processus est l’émergence brutale et imprévue à ce niveau de croissance des économies Chinoises et Indiennes qui concerne des populations très importantes (1.3 + 1.6 milliards d’habitants en 2050 soit 37pct de la population mondiale) qui en quelques années vont passer d’un besoin marginal de produits pétroliers à des quantités considérables. Cette demande supplémentaire en pétrole sera de l’ordre pour ces deux pays seulement d’ici 2030 d’une Vingtaine de Millions de Barils/jours. Dans le même temps, on ne voit pas de raisons pour lesquelles, malgré les efforts liés à la réduction des émissions de CO2, la consommation d’énergie des pays industrialisés, qui se battrons pour maintenir leur niveau de vie, devrait régresser. Il est même probable qu’elle continuera à augmenter, à un moindre rythme mais sur la base de 2 à 3 pct l’an. Viendront se rajouter, si nous persistons dans ce sens, la substitution du nucléaire par d’autres énergies de substitution, dont le pétrole. Au total, d’içi 2030, il faudra trouver de l’ordre de 40 Millions de Barils/jours nouveaux alors que l’on sait qu’il faudra par exemple 4 ans à l’Arabie Saoudite pour augmenter sa production de 2 Millions de Barils/jours

La date du Peak Oil est bien sur incertaine et dépend du niveau d’optimisme ou de pessimisme des experts qui travaillent dessus. Certains parlent de 2020, d’autres de 2040. Si nous prenons cette dernière date, qui me parait personnellement assez réaliste, pour base, ça veut dire que nous avons seulement 35 ans devant nous pour nous y préparer et trouver des solutions. C’est très, très peu, surtout quand on sait que pour construire un centrale nucléaire qui reste une des alternatives, il faut déjà environ dix ans. Quant au développement des énergies éoliennes, dont la capacité de production restera toujours faible par rapport aux besoins, ou solaire, dont ceux qui connaissent bien les difficultés et limites de production des cellules photovoltaïques disent en plaisantant que leur production consommera toujours plus d’énergie qu’elle n’en produira jamais, il est à l’heure actuelle très difficile de prévoir à quel niveau elle pourront aider à résoudre le problème auquel nous sommes confrontés. Les énergies alternatives, tout au moins dans un premier temps, sont donc le gaz (dont il existe d’amples réserves) et le charbon, en particulier en Chine et aux Indes, mais avec les problèmes que cela pose pour les émissions de CO2 dans les deux cas et les émissions de polluants autres (SO2 et Acide sulfurique) pour le Charbon sans compter les risques humains lors de son extraction.

Le problème est donc extrêmement sérieux et pourtant ne semble pas alerter au niveau d’attention qu’il mérite, les hommes politiques et les médias. Il est vrai que nous avons vécu un faux départ dans ce problème avec le Club de Rome qui avait alerté la planète sur le problème sans doute un peu trop tôt dans les années 1980.

L’un des buts de ce blog étant d’essayer de faire émerger à la conscience du monde des problèmes qui sont pour l’instant occultés par nos institutions, je me permets de le rappeler à mes lecteurs. D’autant plus qu’entre maintenant et 2040, la vie ne vas pas être un long fleuve tranquille sur le front de la disponibilité et du prix du pétrole. Vous avez pu voir cette année l’impact d’un déséquilibre de seulement 1 pct entre l’offre et la demande de brut qui s’est traduit par un quasi doublement de son prix. Même avec une production de brut qui va être stimulée par la prise de conscience au bon niveau du problème, la bataille pour l’accès au brut va devenir féroce et d’autant plus féroce que nous allons nous rapprocher du Peak Oil sans que nous ayons pris les mesures nécessaires pour mettre en place une alternative. Les 50$/barils que nous connaissons vont sans doute être pulvérisés et les 100 voire 150 $ vont devenir monnaie courantes si nous ne faisons rien.

Les comportements vont sans doute se modifier du tout au tout face aux nécessités et les états d’âmes vis à vis de tel ou tel type d’énergie risquent de passer aux oubliettes. Les bouleversements que cela va entraîner dans nos modes de vie risquent également d’être tout à fait considérables. Essayez de vous représenter un monde dans lequel vous aurez journellement des coupures d’électricité, dans lesquels les queues à la station service seront monnaie courante, les vols aériens deviendront rare et les vacances se feront à nouveau à la campagne , ou le plastique sera remplacé par le bois à nouveau , et vous aurez une idée de ce qui peut nous attendre dans un avenir proche car 2040 c’est demain. Je passe sur les problèmes économiques énormes que cela posera.

Qui s’en tirera le mieux ? Comme d’habitude, le plus malin, le plus actif à prendre le probleme à bras le corps, le plus prévoyant aussi , celui qui aura la chance d’avoir le plus de ressources énergétiques, celui qui sera en avance dans la recherche et surtout la mise en place effective d’énergies alternatives et de leurs moyens de production, peut être aussi celui qui aura le moins de scrupules. Serons nous de ceux-la, rien n’est moins sur, l’avenir le dira ?

En attendant, essayer de sensibiliser nos hommes politiques à l’urgence du problème et surtout à la nécessité de prendre très vite des mesures qui soient effectives pas seulement des beaux discours. Nous avons la chance, en France, d’avoir des structures de production d’électricité qui exigent peu de pétrole. Essayons de maintenir cet avantage dans la guerre planétaire pour le Baril de Pétrole qui s’annonce. Espérons aussi que je puisse me tromper...


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